L’Académie Française vit depuis 1635 sur un corps de droit écrit, formé de textes ayant valeur de lois et règlements. S'y adosse, par surcroît, la tradition du discours de réception ! Passage obligé pour les uns, opportunité de briller pour les autres… Si vous voulez être admis dans ce cénacle des beaux esprits, chers lecteurs, sachez qu'il vous faudra cependant être candidat et rédiger une lettre de candidature – on dirait une lettre de motivation aujourd'hui ! Dans un deuxième temps vous aurez à faire quelques visites protocolaires et "complimentir" habilement vos futurs confrères sur la qualité de leurs œuvres pour attirer sur vous leurs suffrages. Vous serez peut-être comme Philippe Gandillet, élu au premier tour. C'est ce que je vous souhaite !
Quand viendra le résultat du vote, la tradition est de
n'être ni déçu, ni surpris. A moins d'être résolument optimiste, il n'est pas
correct de se présenter plus de deux ou trois fois ; c'est vous qui voyez !
Ensuite seulement, vous serez présenté au Président de la République qui
authentifiera votre élection. Vous aurez alors réussi la partie la moins
périlleuse de votre accession à l'Immortalité littéraire : reste à écrire votre
discours de réception à l'Académie !
Je vous propose aujourd'hui le très beau texte lu par
Paul Bourget lors de son intronisation. Le discours de réception, qualifié de
remerciement ou d'éloge, est né par hasard, ou plutôt il est venu du talent de
l'avocat au Parlement, Olivier Patru, élu en 1640 au dix neuvième fauteuil
qu'avait occupé le poète oublié Porchère d'Arbaud, disciple de Malherbe.
Pellisson raconte dans son Histoire de l'Académie, " Qu'à sa réception,
l'éloquent avocat prononça un fort beau remerciement dont on demeura si
satisfait qu'on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d'en faire autant
". Il ne suffit cependant pas d'être élu à l'Académie, il faut
encore être reçu ! C'est souvent un des plus grand jours de la vie du
récipiendaire - avant son enterrement pourrait-on dire… Les auditeurs vous
auraient dit du discours de Patru qu'il s'agissait d'un talentueux exercice de
flagornerie porté à un sommet rarement atteint. On sait maintenant que les
limites de l'exercice ont été maintes fois dépassées… Étrange coutume
cependant : Huit jours avant la fameuse séance sous la Coupole, une commission
de lecture se réunit pour prendre connaissance des deux discours qui seront lus
publiquement, le discours du nouveau venu et le discours de l'Académicien qui
le recevra. Une censure politique peut donc empêcher un élu de prononcer son
discours d'éloge. Lamartine n'a jamais eu d'hommage public en raison de cela…
Discours de réception à l'Académie Française. Paris, Alphonse Lemerre, 1895. Reliure signée Paul Vié, pleine
percaline verte, pièce de titre en maroquin cerise, lettres dorées, couvertures
conserves. E.O. Grand papier sans justification (24,5/16cm). Cliché de Maxime
du Camp en frontispice. Envoi de Paul Bourget à son confrère Georges Saint-René-Taillandier.120
€ + port
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