Je profite de la douce langueur estivale, de la bienveillance qu'elle entraine chez les lecteurs bibliophiles, de la mansuétude coupable que m'accordent les plus exigeants d'entre eux pour présenter une collection complètes des œuvres de Saint-Simon publiée par l'éditeur Jean de Bonnot (est-ce là son vrai nom à ce Monsieur ?).
Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon fut Pair de France
et Grand d’Espagne. Né le 16 janvier 1675 et mort le 2 mars 1755, il est
considéré comme un remarquable historiographe mais fut durement critiqué au
XIXe siècle pour ses pensées monarchiste et religieuse. Il s’illustre par la
grande vérité historique de ses écrits et son intégrité morale janséniste. A la
cour de Louis XIV, il est rapidement taxé d’homme d’esprit ce qui lui vaut
défiance mais respect de la part du Roi. Conseiller du Régent, Philippe
d’Orléans, puis ambassadeur de France en Espagne, il revient en France en 1723
et se retire de la vie politique. Ses « Mémoires » mettent en scène plus
de huit mille cinq cent personnages et révèlent un grand don d’observation.
Chateaubriand et Stendhal ont largement salué son style.
Malgré le fait qu'il fut bien né, bien marié et bien estimé,
ses Mémoires sont cependant l’œuvre
d’un mécontent… Ils sont aussi l’œuvre d’un écrivain incroyablement doué du don
de pénétrer les cœurs à travers les visages et, en saisissant les moindres
grimaces de ceux-ci, de peindre ceux-là jusque dans leurs replis les plus profonds.
Aussi tout chez lui, jusqu’aux règles les plus élémentaires de la correction,
est-il sacrifié au pittoresque du tour ou de l’expression, au point que
certains affirment que ce très grand et très original écrivain serait le plus
dangereux des modèles, s’il n’était inimitable.
Au point de vue historique, pourvu qu’on se tienne en
garde contre la partialité de Saint-Simon, ses Mémoires
sont une source presque inépuisable de renseignements sur la dernière partie du
règne de Louis XIV et la première de celui de Louis XV.
A propos de ses Mémoires, il
faut noter que Saint-Simon avait commencé dès 1694 à noter tous les évènements
dont il était témoin. En 1730 il connut le Journal
de Dangeau, qui va de 1684 à 1720, et l’annota, complétant ses
récits ou corrigeant ses jugements avec âpreté. Enfin, en 1740, il se mit, en
continuant de profiter du récit de Dangeau comme d’une sorte de trame
chronologique, à rédiger définitivement ses Mémoires.
Celles-ci ne furent publiées, après la mort de l’auteur, qu'en mars 1755 et dans
des éditions incorrectes et fragmentaires. Le texte authentique n’en fut donné
pour la première fois qu’en 1856.
Je vous propose ici l'œuvre complète de Saint-Simon dans
une édition qui, elle aussi, fit des mécontents ! Des lecteurs lui reprochèrent
de ne pas fournir d'analyses circonstanciées en annexe, des bibliophiles lui
reprochèrent sa présentation ostentatoire… Elle fit aussi des clients comblés !
Des lecteurs apprécièrent la grande qualité de l'impression sur papier, des
bibliophiles débutants purent ainsi accéder, par ce tremplin aux éditions de
luxe. Elle fit, en outre, la renommée de son éditeur et sa fortune…
Je ne saurais dire combien d'exemplaires de ces Mémoires
ont été vendus. Il existe bien un site officiel
Jean de Bonnot avec une liste précise des livres actuellement disponibles mais
aucune trace de ces ouvrages non réédités, ni de leurs tirages... Pierre
Mémoires complets et authentiques sur le siècle de Louis XIV et de
la régence, avec les Pièces diverses et Parallèle des trois premiers rois
bourbons. Edition complète en 22 volumes in-octavo
(14 x 21 cm). Paris, Jean
de Bonnot, 1965-1966. Reliure plein cuir rouge, plats et dos ornés, fers gravés.
Reliure plein cuir rouge de l'éditeur, dos lisse très orné. Edition sur papier
chiffon vergé. 240 € + port
8 commentaires:
c'est pas bien de profiter des vacances pour perpétrer vos méfaits !
ceci dit, il semble qu'une personne réellement nommée "Jean de Bonnot" ait existé, il y a longtemps (la BNF le référence à la fois en tant que firme, et en tant qu'individu). La société actuelle n'a plus que le nom en commun.
Les années 1970 ont vu une floraison de particules apparaitre chez les éditeurs de semi-luxe (Bonnot-Ormeraie)...
Je crois que je vais, en effet, profiter des vacances pour faire de la concurrence à J.D.B ! Pierre
... qui sait... les éditions tant moquées de Jean de Bonnot sont peut-être les trésors des bibliophiles du 24ème siècle ? Je vais m'empresser de monter un bibliothèque intégrale JDB pour assurer les beaux jours de mes arrières-arrières-arrières-arrières-petits enfants !
Xavier
Ils n'auront jamais la rareté des éditions d'époque mais - si la reliure tient le temps - ils garderont une cote pour ceux qui auront, dans le futur, une bibliothèque de livres en papier car ils présentent plutôt bien, sont abordables d'un point de vue financier et on doit reconnaitre à J.D.B d'avoir publié des textes qui ne le seront plus jamais dans l'avenir (par exemple, Saint-Simon !).
Pierre
... "ils n'auront jamais la rareté des éditions d'époque"... mais non, mais non... pensez aux 10aines de milliers d'incunables et à ceux qui sont toujours là... quelques guerres mondiales ou régionales, deux ou trois révolutions,quelques incendies et inondations, des successions en chaîne avec leur lot de destructions, des destructions d'enfants heureux et joueurs, une pénurie de papier neuf, des poubelles toute gueule ouverte pour faire de la place, quelques rongeurs et insectes, etc ... secouez le tout... laissez reposer 500 ans... et alors nos descendants regarderont les ouvrages publiés au 20 et 21èmes siècles avec intérêt... et ma future bibliothèque JDB mettra mes descendants à l'abri du besoin... Des doutes... On fait le pari ? Ok ! Rdv devant la collégiale Ste Marthe le 27 juillet 2515. Si je gagne vous m'offrirez alors l'intégrale de St Simon ! Xavier
Viré du S.L.I.P. !
Signé, le président du SLIP, celui qui porte la culotte.
Syndicat des Libraires Indépendants de Province.
Pas grave ! Je rentre dans le S.T.R.I.N.G (Syndicat de Toutes les Rééditions identifiées Non Grata) ! Pierre
D'accord Xavier ! Cela tombe bien, c'était, ce dimanche, la solennité de Sainte Marthe et je compte animer cet office jusqu'en 2516. Ne soyez cependant pas en retard car je ne voudrais pas amener ces 22 tomes à la Collégiale pour des prunes...
Reste à savoir si j'aurai encore cette édition d'ici-là... Le mieux est que je la mette de côté ! Pierre
Enregistrer un commentaire