mercredi 22 juillet 2015

Louis Jou : L'Ile des Pingouins d'Anatole France et ses suites...


L'ile des pingouins est un des derniers romans d'Anatole France (il en a écrit assez peu, en fait). C'est aussi un des plus caractéristiques de son œuvre. Jamais les différents aspects de ce remarquable styliste de l'écriture, taillés à facettes comme un diamant, n'ont trouvé à se manifester si bien ! On y découvre avec enchantement, on y retrouve avec délices, tour à tour ou tout à la fois , le poète et l'ironiste, l'écrivain à qui nous devons Thaïs, Les dieux ont soif ou Les Opinions de Jérôme Coignard autant de succès éditoriaux que j'ai déjà présentés sur le blogue. 


Mais le fait même que ce roman soit un des plus complexes qu'ait écrit Anatole France rendait particulièrement délicate l'illustration de ses pages. Il fallait pour les commenter par l'image un artiste à l'égal du Maître… Louis Jou qui s'est attaché depuis le début de sa carrière à traduire, dans des bois remarquables, les imaginations débridées des plus grands écrivains du panthéon littéraire français et étranger, a réalisé, à l'occasion de ce livre, une magnifique publication pour bibliophile exigeant.


Encouragé et soutenu par l'éditeur Lapina, qui a mis à sa disposition toutes les ressources de son outillage perfectionné, il a pu exécuter les bois en couleur, les plus complets et les plus parfaits qui aient jamais été préparés pour l'illustration d'un ouvrage.


La raison du succès ininterrompu des ouvrages illustrés par Louis Jou ? Ils sont indémodables… La faute à l'artiste : à son refus du conformiste, des compromis, à son mépris du commerce, à son intransigeance dans les exigences du goût et de la qualité, à sa haine de la médiocrité, à son indépendance farouche, son scepticisme railleurs et son anarchisme aristocratique… 


Il ne faut donc pas s'étonner que ce " Prince solitaire des imprimeurs ", dans un contexte économique incertain, tienne encore la cote dans les belles ventes de la capitale. Dans ce siècle des fausses gloires et des impostures, il est rassurant de constater que le vrai talent ne se dément pas. 


Les bibliophiles qui apprécient de connaitre l'histoire de leur livre verront avec bonheur que cet exemplaire provient de la bibliothèque personnelle d'Edouard Champion, libraire-éditeur à Paris, homme de lettre et bibliophile (1882-1938) qui demanda à la célèbre maison d'édition de lui réserver 10 exemplaires justifiés. Peut-être une âme d'investisseur qui avait jugé de la qualité de cette publication due à un confrère ou un bon père de famille désirant laisser à ses descendants le souvenir d'un lecteur et bibliophile averti ?


Notre exemplaire de tête est donc enrichi  d'une suite des pointes sèches en trois états sur japon dont celui des cuivres barrés, et d'une suite en couleurs de tous les bois également sur japon. Il est, de plus, complété par le bon de souscription et un ancien propriétaire a orné les emboitages de photocopies en noir et blanc de gravures hors-textes. Une dernière remarque : Louis Jou qui n'était pas biologiste - comme Anatole France, d'ailleurs - a confondu, dans ses dessins de brachyptères monochromes, les manchots et les pingouins ! Tradition fait loi… Pierre


FRANCE (Anatole). L'Ile des Pingouins. Illustrations de Louis Jou. Paris, Editions Lapina, 1926. 2 volumes in-4. Broché sous étui et emboitage. 20 pointes sèches originales à pleine page et 131 bois originaux in texte en couleurs par Louis Jou. Tirage limité à 535 exemplaires numérotés. Un des 10 exemplaires sur hollande réservés à Edouard Champion, accompagné d'une suite des pointes sèches en trois états sur japon dont celui des cuivres barrés, et d'une suite en couleurs de tous les bois également sur japon. Formulaire de souscription. Bel état. 1250 € + port

2 commentaires:

calamar a dit…

N'en jetez plus ! des monuments d'une telle qualité (Rabelais puis celui-ci) demandent plus de réflexion et de calme... il faut nous les distiller à doses plus homéopathique.

Pierre a dit…

J'ai bien peur que demain ne soit guère moins bien ;-))

Quand on fait la semaine de Louis Jou, on fait la semaine de Louis Jou ! Mais je dois reconnaitre que cette chaleur anesthésiante ne favorise pas la réflexion. Les habitants de Bretagne semblent ignorer ce problème... Pierre