Le pape Paul III convoque en 1542 un grand concile à Trente, dans les Alpes (aujourd'hui en Italie). Ce concile débute officiellement le 13 décembre 1545. Il lui donne pour objectif de revigorer l'Église catholique. Celle-ci va s'en trouver en effet profondément modifiée... Après le départ d'une partie de ses ouailles à l'appel de Luther, Calvin, et quelques autres, le Saint-Siège a compris la nécessité d'engager une grande réforme au sein de l'Église catholique. Il y est encouragé par le nouvel ordre des Jésuites. Ce mouvement va prendre le nom de Contre-Réforme, par réaction à la Réforme protestante.
Éclairé par de
grands théologiens (le Savoyard François de Sales et les Italiens Charles
Borromée et Philippe de Néri), le concile impose en premier lieu de strictes
règles de conduite morale au clergé et en particulier aux évêques. Il améliore
la formation des prêtres et promeut l'enseignement du catéchisme. Ce concile de
Trente clarifie par ailleurs l'interprétation catholique des Saintes Écritures,
en particulier le "dogme de la justification ou de la grâce".
Outre ces points
de doctrine, le concile de Trente rénove l'organisation du culte. La
confession, l'un des sacrements de l'Église catholique, ne se pratique plus de
façon publique. Elle devient un exercice intime, sans contact visuel ou
physique entre le confesseur et le pénitent. Elle devient aussi plus fréquente.
On ne se confesse plus seulement une fois l'an mais tout au long de l'année. Le
théologien et archevêque de Milan Charles Borromée promeut l'usage du confessionnal, un meuble avec deux
compartiments séparés par un rideau, l'un pour le confesseur, l'autre pour le
pénitent.
On verra
apparaitre, pour copier les protestants, la chaire, une estrade d'où le prêtre,
lors des offices, s'adresse aux fidèles. Le souci nouveau porté à la formation
des prêtres change également le visage de l'Église. C'en est fini des curés et
moines incultes, paillards et laxistes qui faisaient le régal des bateleurs de
foire et des fabulistes au moyen-âge. Le concile instaure des séminaires, pour
la formation des prêtres. En France, les premiers séminaires voient le jour en
1620. Ils font apparaître des ecclésiastiques en soutane, instruits,
habiles à la rhétorique et rigides sur le plan des mœurs, plus respectueux que
précédemment du vœu de chasteté.
Avec le
décret sur le mariage,
le concile prend aussi le contre-pied de la Réforme protestante. Il réaffirme
le caractère sacramentel du mariage et son indissolubilité. Au risque de
déplaire aux bourgeois et à l'aristocratie, il réaffirme aussi le libre
consentement des époux et condamne les mariages forcés : «Il est criminel de
violer la liberté du mariage». Toutefois, il impose l'accord parental pour
les femmes de moins de vingt-cinq ans et les hommes de moins de trente.
Pour prévenir la
bigamie, il exige la présence au mariage de quatre témoins ainsi que du curé de
la paroisse des promis. Il exige aussi que tous les mariages soient enregistrés
sur les registres paroissiaux, ancêtres de l'état-civil. Revigorée par le
concile de Trente, la Contre-Réforme ne tarde pas à ramener à l'ancienne
foi nombre de régions allemandes, surtout en Rhénanie et dans les Alpes. Quand
il se sépare le 4 décembre 1563, le concile de Trente a ravivé la foi
catholique partout à l'exception notable de l'Europe du nord…
Voici à la vente,
aujourd'hui, un ouvrage de 1686 qui liste toutes les sessions du concile de Trente et les textes
qui s'y adossent. En quoi un tel ouvrage pourrait-il intéresser les
bibliophiles ? Pour une raison qui va apparaitre sur tous les livres dès cette
époque : les pères tiennent à ce que le clergé conserve en exclusivité le droit
d'interpréter les Écritures saintes. C'est le début d'une forme de censure pour
les éditeurs et les imprimeurs de textes ayant trait à la religion :
l'Approbation. Cette approbation ne doit pas être confondue avec le Privilège
qui est une autre censure, celle-là, royale… Pierre
Le saint concile de Trente oecumenique et general celebre sous
Paul III, Jules III et Pie IV. Nouvellement traduit par l'abbé Chanut. Troisième
édition. Paris, Marbre-Cramoisy, 1686. Un fort volume
In-12. Reliure plein parchemin. [21ff], 458 pp, [25ff table]. 3 portraits
graves sur bois. Quelques salissures et défauts d'usure. 65 € + port
3 commentaires:
Lecture estivale... Pierre
très intéressant. Ca m'a permis de remettre à jour mes connaissances conciliaires un peu ( très ) défectueuses .
Merci.
Patrick C.
Dernier concile majeur avant Vatican II qui reste connu des catholiques comme celui ayant vu disparaitre la messe en latin et le grégorien... Enfin presque. J'ai eu l'occasion de chanter le Credo III en latin pour Noël et je peux assurer que peu de personnes s'en souviennent même chez les gens âgés ! Pierre
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