J’ai profité de mes vacances parisiennes pour retourner au Musée de l’Armée à l’Hôtel National des Invalides. Une précision : il n’est pas possible de tout faire en un après-midi, aussi je vous conseille de cibler votre visite sur une période qui vous intéresse. Cette fois-ci, j’ai survolé la période qui va de Louis XIV à Napoleon III. Retracer l’histoire de l’armée c’est un peu retracer l’histoire de la France, en fait…
Alors que je m’étais assis devant la reconstitution du
campement de fortune de Napoléon à Waterloo, je me suis pris à imaginer cette
fin d’Empire qui se décida en 10 heures et
50.000 victimes sur un espace de 200 hectares…
La défaite n’est imputable ni aux lenteurs ni aux folies de
NEY, ni aux hésitations de GROUCHY, ni aux erreurs de DROUET D’ERLON, ni à la
mollesse de REILLE tous subalternes exécutants des ordres impériaux. La
responsabilité de la défaite, comme celle de la victoire incombe au chef. Les hommes et l’Empereur lui-même avaient changé. « La perte
de temps est irréparable à la guerre ; les raisons qu’on allègue sont toujours
mauvaises car les opérations ne manquent que par les retards » écrivait NAPOLEON
en 1806.
Or le 15 juin 1815, dormant à Belle-Vue, il a perdu 5 heures pendant
lesquelles les Prussiens de ZIETEN se sont échappés. Dans la nuit du 16 au 17,
il a perdu 15 heures : au lieu de poursuivre l’armée de BLUCHER battue, il l’a
laissée gagner Wavre et retrouvée le 18 à Waterloo. Au petit matin du 17 il
pouvait, selon sa « manière », prendre en pince les Anglo-Hollandais de
WELLINGTON entre les canons de d’ERLON, NEY, LOBAU, la Garde, deux divisions de
cavalerie, le tout couvert par GROUCHY ; les rejeter loin de Genappe, marcher
vers Bruxelles, sans que les Prussiens empêtrés dans les fonds de
Mont-Saint-Jean fussent en état d’intervenir.
Puis il s’attarde à Fleurus, visite en voiture le camp de
bataille, se promène à cheval à Ligny, à Brye, console les blessés, entretient
ses généraux de politique, joue à l’Empereur… et, entre 11 heures et midi pense
à envoyer LOBAU vers Marbais et GROUCHY entre les Prussiens qu’on croit en
route vers Namur. « C’est un mauvais principe de guerre que de suivre
l’adversaire sur son terrain » a-t’il dit souvent. Et pourtant, il a suivi WELLINGTON à Mont-Saint-Jean et
BLUCHER à Sombreffe. ..
« Quand vous voulez livrer bataille, rassemblez toutes vos
forces n’en négligez aucune ; un bataillon quelquefois décide d’une bataille ».
Or le 18, 9 bataillons sont restés à Ligny, presque autant à Charleroi ;
GROUCHY en a 62 sous ses ordres et l’Empereur, à 10 heures du matin, lui fait
envoyer l’ordre de marcher sur Wavre et confirme cet ordre à 14 heures tout en
l’invitant à « manœuvrer dans la direction de Mont-Saint-Jean ». GROUCHY ne
pouvait faire les deux choses à la fois. Averti entre 14 et 18 heures, le détachement
du Maréchal mettra de 6 à 8 heures pour le rejoindre. C’est pourquoi NAPOLEON
constate que le destin et lui ne sont plus d’accord !
Il l’a dit à ses compagnons de Sainte-Hélène « Je sentais la
fortune m’abandonner. Je n’avais plus en moi le sentiment du succès définitif.
Ne pas oser, c’est ne rien faire au bon moment, et on n’ose jamais sans êtres
convaincu de la bonne fortune ». Pour retracer cette bataille, je vous propose un excellent
ouvrage à la vente. Bien documenté, il est,
de plus, fort bien illustré. Une originale façon de commencer l’année par une
défaite… Pierre
WATERLOO 1815. Paris, Stock éditeur,
1972. Un volume in-4 carré (28,5/26cm). Broché à couverture rempliée illustrée.
204 pages. Nombreuses illustrations en noir et blanc et en couleurs dans le
texte et hors texte. Préface de Jean François Chiappe. Illustrations du Baron
Louis de Beaufort. Cartes de Jean-Claude Quennevat. Bon état. Ouvrage non
réédité. Vendu
3 commentaires:
Rappelons la célèbre formule de
John Arbuthnot Fisher, 1er Lord de la mer : pour gagner une bataille, il faut - du point de vue stratégique, attaquer l'ennemi par surprise avec des forces supérieures en nombre et de préférence écrasantes - du point de vue tactique, l'anéantir.
L'une et l'autre sont machiavéliques, efficaces, mais pas toujours faciles à réaliser.
Le mieux est de ne pas faire la guerre. René
Seule la vanité de l'homme peut le convaincre que le sort d'un peuple se joue sur une bataille, alors qu'elle n'est jamais que l'épiphénomène d'une évolution inéluctable. Quand un peuple paraît aller dans un sens, rien ne pourra l'en distraire et une morne plaine jamais n'endiguera une inondation.
Tout s'était déjà joué deux ans plus tôt à Leipzig.
Et la bataille de Waterloo, il n'y a eu que Fabrice Del Dongo pour la comprendre parfaitement.
Jean-Michel
J'ai bien peur que Jean-Michel n'ait raison sur le fond. Mais il y a eu néanmoins, dans certaines batailles, des retournements de situation qui ont permis de faire prolonger l’éphémère...
50.000 morts pour rien, donc ! Peace and love ;-)) Pierre
Enregistrer un commentaire