vendredi 31 janvier 2014

Une belle reliure de Boutigny, un beau format, des textes des meilleurs auteurs...


Les reliures de Boutigny (on sait maintenant comment s'appelle ce relieur : Pierre Georges Boutigny, né le 30 octobre 1806 à Pontoise) appartiennent au milieu du 19eme siècle et sont aisément reconnaissables. D’abord parce qu’elles recouvrent souvent des livres de prix ou des keepsakes, cadeaux incontournables pour nos chères têtes blondes de l’époque et aussi parce qu’elles sont couramment ornées, sur la couverture, de décors caractéristiques en rocaille. Lauverjat sur le Blog du bibliophile les a parfaitement décrites.


Elles sont parfois signées en queue dans le décor comme dans l’ouvrage que je présente à la vente aujourd’hui, ou l’étiquette de relieur est apposée au verso de la garde antérieure dans le coin supérieur gauche du livre comme dans l’ouvrage que je présente à la vente aujourd’hui, ou bien les deux à la fois comme dans l’ouvrage que je présente à la vente, aujourd’hui… 


M. Boutigny se recommande par une spécialité qu'il a introduite dans la reliure française. C'est lui qui a naturalisé le keepsake en France. Il était déjà connu comme habile relieur depuis 1832, lorsqu'il conçut l'idée de prouver que l'on pouvait avec succès entrer en concurrence avec les relieurs anglais, pour l'exécution des keepsakes. On sait que l'on donne ce nom à une reliure d'un genre tout particulier, qui consiste en un emboîtage fait avec beaucoup d'art. M. Boutigny, à force de travail, est parvenu à réaliser ce que, jusqu'à lui, on avait cru impossible. [… ]Son établissement est le seul dans Paris qui soit monté de manière à entreprendre et exécuter de grandes commandes de keepsakes. C'est de là que sortent, à l'époque des étrennes, tous ces beaux et riches volumes ornés d'illustrations qui figurent avec tant d'avantage sur les étalages des magasins à la mode. In « les artisans illustres »  par Foucaud


Précurseur, Boutigny se distingue par son activité semi-industrielle. Installé à Paris dès 1828, il exerce jusqu'en 1865. Il se consacre particulièrement à la reliure d'éditeur. Il fait un large usage de plaques et de la presse à balancier. Elles sont apposées à la fois sur les plats et sur les dos lisses, sur cuir, sur percaline ou velours. Inspirées du style rococo en vogue pendant la première moitié du XVIIIe sous Louis XV, le décor rocaille qui caractérise ce relieur (et bien d’autres)  redevint à la mode pendant les années 1835-1850 en France. 


Pour être franc, la reliure que je présente ici ne présente pas de décor rocaille ; exception qui confirme la règle me direz-vous.  Mais quelle élégance, tout de même ! Quand au texte, il s’agit d’un recueil fort intéressant d’articles de la revue " L’artiste ", charmant petit journal dont le concept était d’apprendre à ses lecteurs, grâce au passé, à gouverner l’avenir.  Voici un but fort louable qu’on devrait enseigner à nos futurs élus…  Nul doute que les libraires d’ouvrages anciens pourraient faire, pour l’occasion, d’excellents candidats ;-))


Créée en 1831 pour défendre et illustrer les valeurs nouvelles du romantisme, la revue "L'Artiste" connut jusqu'en 1904 une existence tumultueuse. Elle constitue une source essentielle pour connaître l'histoire de l'art et l'histoire littéraire du XIXeme siècle français. Selon L’encyclopédie Universelle, de nombreux jeunes artistes, les Johannot, Decamps, Raffet, collaborent à la revue et lui donnent, au premier abord, une coloration nettement « romantique ». Le jeune critique Jules Janin est omniprésent ; Balzac y écrit occasionnellement des nouvelles ; Chateaubriand y donne des avis d'architecture ; George Sand y parle de théâtre. Que du beau monde, donc… Pierre


L’artiste. Peinture, gravure, sculpture. Recueil pour l’année 1939. Un fort volume grand in-4 (32/24,5). Reliure plein cuir, plats estampés et ornés en leur centre d’un décor doré encadré de filets dorés, dos aux volutes dorées entrelacées entourant des compositions dorées, reliure signée au dos de Boutigny, vignette du relieur au contreplat de la garde, toutes tranches dorées. Des rousseurs clairsemées et serpentes jaunies. Les lithographies, gravures sur cuivre, sur acier sont gravées sur beau papier. Bel état d’ensemble. 220 € + port

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Ce relieur s'appelait Pierre Georges Boutigny, né le 30 octobre 1806 à Pontoise. Il a rejoint sa grande soeur à Paris qui résidait rue saint-jacques et a appris le métier de relieur.
Bien cordialement,
Claude Boutigny

Pierre a dit…

Merci pour cette information que je joins dans l'article. De l’intérêt des blogs ;-)) Très cordialement. Pierre

Anonyme a dit…

Merci d'avoir ajouté le prénom de mon ancêtre cousin (qui signait "georges") il était hébergé à Paris chez son beau-frère (le mari de sa soeur aînée adélaide) François Hiron, lui aussi relieur au 150 rue saint-jacques (répertorié dans l'almanach du commerce de sébastien Bottin) d'au moins 1822 à 1837. je tiens tous documents à votre attention si besoin
claude.boutigny@wanadoo.fr

Pierre a dit…

C'est nous (les amoureux de l'histoire des livres et de leurs grands couturiers) qui vous remercions. Pierre