On imagine souvent Pierre Loti , chaque joue recouverte d'une écuelle de rouge, une livre de khôl sous les yeux, et de ridicules bottines à talon compensé le faisant marcher sur les pointes à la façon des mannequins désarticulés qui paradent sur les rings de nos couturiers inspirés. Pas maquillé. Fardé ! Le pôvre ! Croyant lutter contre les affres de l'âge, il s'était momifié avant l'heure… " La vieillesse est un gouffre " disait un célèbre général. Loti en avait touché le fond très tôt.
Et pourtant ! Quel talent, quel plume… Anatole France ne s'y était pas trompé qui l'avait aidé à rentrer à l’Académie française. Pierre Loti, Julien Viaud de son vrai nom, est né en 1850. Élève médiocre plus attiré par les mathématiques que par le grec ou le latin, il entreprit des études d'ingénieur et délaissa la lecture ce qui fera d'ailleurs dire de lui, plus tard, qu'il était un " sublime illettré ".
Un frère adulé, mort au cours d'un périple dans la " Royale ", des parents
confrontés à une conjoncture financière détestable et un ouvrage ancien
évoquant les brises du sud-est décideront de sa future vocation d'officier de
marine, avide d’exotisme et d’aventures sentimentales. Aziyadé la kadine circassienne, Rarahu la petite polynésienne, Cora
la mulâtresse du Sénégal, Suleima la prostituée algérienne, Pasquala
la bergère du Monténégro et Mme Chrysanthème la mousmé japonaise
furent autant d'héroïnes inspirées par ses propres amours. Elles lui
apportèrent la renommée et l'argent qui lui permirent de faire construire, à Rochefort, la demeure la plus
incroyable qui soit !
Une haute salle moyenâgeuse vous accueille d'abord qui se prolonge par une pagode japonisante terminée par une salle chinoise. Vient ensuite une mosquée bâtie dans le plus pur style oriental dont l'intérieur est orné de tissus, de draperie, de tapis orientaux et de mille petites choses qui font de ce lieu un endroit magique. Le visiteur ne peut qu'être transporté dans l’univers étrange et envoûtant de l’écrivain, qui fascine toujours autant, plus d’un siècle après sa création.
Je ne m'étendrai pas sur l'éclectisme sentimental de Loti. A trop fixer son attention sur ses incartades, on en oublierait presque l'écrivain. Après avoir écrit de nombreux romans, rempli près de deux cents cahiers de mémoires, il leva sa plume sur ces mots " Aujourd'hui, 28 avril 1918 et en prévision de la mort, j'arrête définitivement le journal de ma vie commencé depuis quarante cinq ans. Il ne m'intéresse plus ".
Je vous présente, aujourd’hui, la première œuvre signée Pierre Loti. Un jeune
Le
Roman d'un Spahi. Illustrations de Ch.
Fouqueray. Paris, Calmann-Lévy, 1936.Un volume grand
in-8 (22,5/18). Broché, couverture rempliée illustrée. 225 pp. Illustré de 23
compositions de Ch. Fouqueray, dont 4 hors-texte en 2 couleurs et 8 coloriés. 42 € + port
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