vendredi 28 février 2014

La Poupée de Leo Larguier remarquablement illustrée par Chas Laborde...


Les livres illustrés du 20eme siècle ? Bien illustrés, bien présentés, abordables mais peu prisés des bibliophiles. La raison ? Il semble que ce désamour des acheteurs s'explique par la méconnaissance des procédés d’impression utilisés par les illustrateurs et les éditeurs de l'époque, méconnaissance due en partie à l'évolution trop rapide des techniques…


Sachant que le rôle de l’illustrateur est de réaliser l'accord parfait entre le récit et les techniques de reproduction mises à sa disposition, le rôle de l'éditeur est de le laisser librement s'exprimer, suivant les moyens habituels, et ensuite de traduire son œuvre par un procédé adapté. Gravure sur bois, sur cuivre, eau-forte, lithographie, etc…


Pendant longtemps, les amateurs s’intéressèrent aux eaux-fortes, puis c'était au tour de la lithographie d'avoir la vogue, ensuite on vit, au début du 20eme siècle, remonter la cote du bois de bout. Ces retours alternatifs du goût nécessitaient l'intervention, dans bien des cas, d'habiles graveurs de reproduction qui répondaient alors au talent du dessinateur… Aujourd’hui, un artiste qui ne sait que dessiner a la possibilité de voir son trait strictement reproduit tel qu'il est, sans déformation.


Cependant, avec l'évolution des techniques modernes telles la phototypie, l'héliogravure, l'offset ou la photogravure, nous ne sommes plus en mesure, aujourd’hui, de déterminer quel procédé a été utilisé par l’éditeur. En fait, ces méthodes sont devenues parfaites comme vous pourrez le constater dans l’ouvrage de Larguier, présenté ici, et illustré par Chas Laborde.


Léo Larguier : Qui donc mieux que François Nourrissier pouvait le présenter? : De qui dirait-on « il fut fidèle pendant cinquante ans à son quartier de Paris ? » Lui-même titrait ainsi : «Saint Germain-des-Prés-mon-village», un de ses bons livres. Mélangez, humez, goûtez peut-être ? Aussitôt des mots un peu effrangés, jetés à la diable comme autour du cou une écharpe un peu bohème, des mots de fidélité, de nostalgie. Ils vont assurer une garantie de confort à un homme de la qualité de Léo Larguier. On était fidèle aux maîtres en ce temps-là et l’on vénérait Hugo. On ne disait pas, chinant entre rue Jacob et Pont-Neuf « Encore un fripier qui chasse un libraire... Quelle pitié! ». Ils résistaient très bien, les libraires...Imaginons une famille : j’y installe autour de la table quelques-uns de ces pieux et doux maniaques qui, à force de paperoles découvertes ici et là, de morceaux de correspondance, d’érudition, sont devenus des «hommes papier» - autant dire des puits de silence et de sagesse… Mais j’avais promis «une famille» ; en voici des bribes : La Varende, René Benjamin, SachaGuitry. Regroupés un peu plus loin, les partisans de Paul Fort. Et les fidèles de Carco, Ajalbert, MacOrlan, Dorgelès, Billy. Nous sommes en 1943-1944, période funeste, règlements de comptes. Sans doute cette petite société que j’évoque, savantasse, rancuneuse, bougonne, et réglant ses querelles dans une belle indifférence à tout ce qui y était étrangère.


Né dans les Cévennes d'une vieille famille de paysans huguenots, Léo Larguier vint à Paris vers l'âge de 20 ans. Lors de son service militaire à Aix-en-Provence, il se lie d’amitié avec Paul Cézanne, recueillant de précieux souvenirs qui seront la matière de deux ouvrages. Par la suite, il ne quittera plus guère Saint-Germain-des-Prés, dont il devait devenir l'historien. Il est le voisin et l’ami d’Apollinaire, qui lui écrit des poèmes du front. Larguier est l’auteur de nombreux ouvrages : romans, critique, essais, pièces de théâtre... Cette activité littéraire intense ne l’empêche pas de se livrer à son goût pour l’art et la collection, qui l’attire toute sa vie à l’Hôtel des ventes, chez les antiquaires, les libraires et aux Puces. Il mariera d’ailleurs ses passions en publiant des biographies de peintre et plusieurs ouvrages sur la bibliophilie


Un ami, donc… Ce livre piquant sur la condition des femmes, ses rêves et ses espoirs rejoindra d’autant plus facilement vos rayonnages qu’il est fort bien relié. Pierre

LARGUIER (Léo). La Poupée. Paris, chez Briffaut, 1925, collection "La Rose et le Laurier". Un volume in-8. Demi maroquin  tabac à coins, dos à quatre nerfs ornés d’un filet doré, caisson central orné de motifs géométriques estampés encadré d’un filet, titre et année d’édition en lettres dorés, tranche supérieure dorée, gardes colorées, couverture illustrée conservée. Dessins de Chas Laborde. Magnifique reliure de Yseux (non signée), successeur de Thierry-Simier. 100 pp. Tirage limité à 770 exemplaires ; un des 750 sur vélin (n°328). 155 € + port

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