Les livres illustrés du 20eme siècle ? Bien illustrés, bien présentés, abordables mais peu prisés des bibliophiles. La raison ? Il semble que ce désamour des acheteurs s'explique par la méconnaissance des procédés d’impression utilisés par les illustrateurs et les éditeurs de l'époque, méconnaissance due en partie à l'évolution trop rapide des techniques…
Sachant que le
rôle de l’illustrateur est de réaliser l'accord parfait entre le récit et les
techniques de reproduction mises à sa disposition, le rôle de l'éditeur est de
le laisser librement s'exprimer, suivant les moyens habituels, et ensuite de
traduire son œuvre par un procédé
adapté. Gravure sur bois, sur
cuivre, eau-forte, lithographie, etc…
Pendant longtemps,
les amateurs s’intéressèrent aux eaux-fortes, puis c'était au tour de
la lithographie d'avoir la
vogue, ensuite on vit, au début du 20eme siècle, remonter la cote du bois de bout. Ces retours alternatifs
du goût nécessitaient l'intervention, dans bien des cas, d'habiles graveurs de reproduction qui
répondaient alors au talent du dessinateur… Aujourd’hui, un artiste qui ne sait
que dessiner a la possibilité de voir son trait strictement reproduit tel qu'il
est, sans déformation.
Cependant, avec
l'évolution des techniques modernes
telles la phototypie, l'héliogravure, l'offset ou la photogravure, nous ne
sommes plus en mesure, aujourd’hui, de déterminer quel procédé a été utilisé
par l’éditeur. En fait, ces méthodes sont devenues parfaites comme vous pourrez
le constater dans l’ouvrage de Larguier, présenté ici, et illustré par Chas
Laborde.
Léo Larguier : Qui donc mieux que François Nourrissier pouvait le présenter? :
De qui dirait-on « il fut fidèle pendant cinquante ans à son quartier de Paris
? » Lui-même titrait ainsi : «Saint Germain-des-Prés-mon-village», un de ses
bons livres. Mélangez, humez, goûtez peut-être ? Aussitôt des mots un peu
effrangés, jetés à la diable comme autour du cou une écharpe un peu bohème, des
mots de fidélité, de nostalgie. Ils vont assurer une garantie de confort à un
homme de la qualité de Léo Larguier. On était fidèle aux maîtres en ce temps-là
et l’on vénérait Hugo. On ne disait pas, chinant entre rue Jacob et Pont-Neuf «
Encore un fripier qui chasse un libraire... Quelle pitié! ». Ils résistaient
très bien, les libraires...Imaginons une famille : j’y installe autour de la
table quelques-uns de ces pieux et doux maniaques qui, à force de paperoles
découvertes ici et là, de morceaux de correspondance, d’érudition, sont devenus
des «hommes papier» - autant dire des puits de silence et de sagesse… Mais
j’avais promis «une famille» ; en voici des bribes : La Varende, René Benjamin,
SachaGuitry. Regroupés un peu plus loin, les partisans de Paul Fort. Et les
fidèles de Carco, Ajalbert, MacOrlan, Dorgelès, Billy. Nous sommes en
1943-1944, période funeste, règlements de comptes. Sans doute cette petite
société que j’évoque, savantasse, rancuneuse, bougonne, et réglant ses
querelles dans une belle indifférence à tout ce qui y était étrangère.
Né dans les Cévennes d'une vieille famille de paysans huguenots, Léo
Larguier vint à Paris vers l'âge de 20 ans. Lors de son service militaire à
Aix-en-Provence, il se lie d’amitié avec Paul Cézanne, recueillant de précieux
souvenirs qui seront la matière de deux ouvrages. Par la suite, il ne quittera
plus guère Saint-Germain-des-Prés, dont il devait devenir l'historien. Il est
le voisin et l’ami d’Apollinaire, qui lui écrit des poèmes du front. Larguier
est l’auteur de nombreux ouvrages : romans, critique, essais, pièces de
théâtre... Cette activité littéraire intense ne l’empêche pas de se livrer à
son goût pour l’art et la collection, qui l’attire toute sa vie à l’Hôtel des
ventes, chez les antiquaires, les libraires et aux Puces. Il mariera d’ailleurs
ses passions en publiant des biographies de peintre et plusieurs ouvrages sur
la bibliophilie …
Un ami, donc… Ce
livre piquant sur la condition des femmes, ses rêves et ses espoirs rejoindra
d’autant plus facilement vos rayonnages qu’il est fort bien relié. Pierre
La
Poupée. Paris,
chez Briffaut, 1925, collection "La Rose et le Laurier". Un volume
in-8. Demi maroquin tabac à coins, dos à
quatre nerfs ornés d’un filet doré, caisson central orné de motifs géométriques
estampés encadré d’un filet, titre et année d’édition en lettres dorés, tranche
supérieure dorée, gardes colorées, couverture illustrée conservée. Dessins de
Chas Laborde. Magnifique reliure de Yseux (non signée), successeur de Thierry-Simier. 100 pp. Tirage limité à 770 exemplaires
; un des 750 sur vélin (n°328). 155 € + port
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