Alphonse Esquiros en Marianne... |
Ces vierges martyres doivent être, bien évidemment, classées
dans cette classe de femmes, victimes de la misère et du travail, pour
lesquelles l'absence de toute propriété constituait un supplice éternel,
renouvelé chaque jour et chaque jour de façon, hélas, plus inexorable… Dans
plusieurs cas, cette misère, inhérente à la femme prolétaire, lui imposait même
certaines dégradations contre lesquelles
la nature se révolte, mais que la société ignorait ou regardait avec
indifférence ; la prostitution n'en était qu'un reflet !
Alphonse Esquiros lève ici le voile sur l'état douloureux et
immoral des femmes dans les classes les
plus pauvres. Il espérait alors que ce tableau puisse émouvoir la pitié rebelle
des dirigeants de l'époque et les engager à chercher un remède à des maux dont
les ravages menaçaient la société toute entière ! On doit pardonner à l'auteur la référence du titre à des
valeurs d'églises qu'il combattait mais qu'il avait bien connu pendant ses
études. Ces vierges martyres républicaines ne sont évidemment pas comparables à des saintes ayant fait le choix de périr
pour une cause ou une foi. Ici, les vierges martyres se seraient bien passées de
mourir à la tache…
L'auteur nous précise que cet ouvrage a été écrit en prison,
dans la solitude et le calme du cœur. Il faut dire que ses brulots
anticléricaux lui valurent l'inimitié de nombres de chrétiens-démocrates. Comble
de l'ironie, dans sa préface, il se compare lui-même à Jésus-Christ porteur de
la vérité, en proie au mépris de ses contemporains… Un Saint laïc, en
quelque sorte ! L'ouvrage que je propose ici, dans son édition originale, a
été relié par Vermorel, relieur parisien élève de Pagnant, qui exerça de 1887
jusqu'à sa mort en 1925. Du travail de bon artisan de la république, sans nul
doute… Pierre
ESQUIROS (Alphonse). Les vierges
martyres. Paris, P. Delavigne, 1842. Un volume in 24. Reliure demi-maroquin
noir signée Vermorel, dos lisse orné de motifs et de décors dorés encadrés de
filets dorés, titre en lettres dorées, tranche supérieure dorée, couverture
conservée. [2ff], 156 pp. Rare édition originale. Vendu
1 commentaire:
On dira ce qu'on veut : une Marianne androgyne dans les mairies et les bâtiments officiels de la République française, ça aurait de la classe ;-)) Pierre
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