mardi 25 février 2014

Xanthis d'Albert Samain illustré par Boizot et relié par Yseux. Ce qui se fait de mieux...


Puisque Philippe Gandillet a déjà eu la gentillesse de nous honorer d’une petite causerie sur Albert Samain, et puisque je n’ai guère de temps de faire un billet chiadé pendant mes congés, je vous propose en introduction un peu de sa prose. La notice est de moi…


«  Je vous dois d'abord une confession et une explication. Commençons par ce qui coûte le moins. Il pourrait sembler étrange de laisser quelque place dans mes causeries pour un genre littéraire aussi peu en vogue que la poésie. Les grands éditeurs s'en écartent aujourd'hui et je ne vois plus de grands poètes siéger dans l'illustre Académie où j'ai l'honneur et le privilège de présider. Les professeurs des écoles s'en désintéressent et les élèves la dédaignent, surtout les néogothiques à tendance anarchiquo-rebelle qui pissent dessus… La réponse à cette difficulté, la voici : Il y a trop de différence entre le style poétique empreint d'élégance ; de recherche musicale aussi ; et l'écrit utilisé maintenant par la jeunesse, écrit qui s'apparente pour l'heure à une suite d'interjections sans règle esthétique établie.


Une confession ai-je dit en outre ? Quitte à vous surprendre, je vous déclarerai sans ambages que je ne déteste pas, de temps à autre, noircir quelques feuilles blanches de vers de ma production. Et quand j'aurai dit, pour satisfaire un besoin morbide d'humiliation, que j'ai même édité à compte d'auteur quelques ouvrages en vers, j'aurais, je pense, le droit de ne pas chercher un autre exorde et d'aborder sans plus attendre cette causerie par une présentation flatteuse d'un grand poète du 19eme siècle : Albert Samain.


Albert Samain est né en 1858 et mort en 1900. Il fut le plus original, le plus charmant, le plus délicat et le plus suave des poètes. Sa popularité est malheureusement tellement faible aujourd'hui qu'une biographie récente est parue où un portrait est présenté en première page qui le montre en costume militaire alors qu'il n'a jamais été soldat…


Cofondateur de la revue Mercure de France avec Jules Renard, on garde de lui le souvenir du plus mauvais panégyrique qui fut commis dans ses pages quand on lui demanda de tracer le portrait de Catulle Mendès (qu'il n'aimait pas) : Ce qui est intolérable avec Mendes, quand on le lit avec fréquence, c'est la sensation d'artificiel absolu qui s'en dégage… »


Le livre que je présente aujourd’hui - un rare ouvrage en prose - est présenté dans une magnifique reliure signée dont le hasard m’a fait découvrir un exemplaire jumeau sur le site d’un confrère américain (à un prix plus élevé, cependant). La notice d'Yseux dans le dictionnaire de Fléty donne les renseignements suivants : "Yseux, Louis, ancien ouvrier de Durvand. En 1908 il s'associa avec Thierry, successeur de Petit, lui-même successeur de Simier fils, et reprit entièrement l'affaire en 1915. L'atelier était alors situé 5 quai de Conti. L'immeuble étant menacé de démolition, Yseux transféra l'atelier quelques années plus tard 18 rue Dauphine où il exerça jusqu'en 1951, année de son décès. Barbance lui succéda peu de temps après et transféra à son tour l'atelier près d'Avallon dans l'Yonne. Yseux eut une clientèle de bibliophiles et nombreux sont les ventes de bibliothèques où figure sa signature ". Il reste à espérer que mon exemplaire revienne enfin entre les mains d’un bibliophile… Pierre


SAMAIN Albert. Xanthis, ou la vitrine sentimentale. Paris éditions Carteret, 1917. Reliure demi maroquin à coins, dos à cinq nerfs ornés d’une roulette, caissons ornés de motifs encadrés d’un filet, titre et année d’édition en lettres dorés, tranche supérieure dorée, gardes colorées. Exemplaire sur vélin (120 ex) après 25 sur japon. Ces deux tirages, avec 22 bois en couleurs gravés par Boizot, reliés avec leur suite à part. Magnifique reliure signée Yseux, successeur de Thierry-Simier. Quelques rousseurs marginales. 225 € + port

Aucun commentaire: