Un des moments appréciés de l’Office du
dimanche reste le sermon. Chez les catholiques, il est plus ou moins déjà écrit
et proposé par les responsables du clergé français. Il permet en outre au prêtre, s’il
n’est pas une plume aiguisée, s’il n’est pas un grand orateur, de s’en tirer
avec les honneurs… Nous verrons avec les
ouvrages que je mets à la vente, aujourd’hui, que si tous les curés ne sont pas
Bossuet, certains ont été particulièrement bien inspirés. Chez les protestants,
une plus grande liberté est donnée au Pasteur, je crois, dont c’est le morceau de bravoure puisque la liturgie est quand même simplifiée. Hier, donc, œcuménisme oblige ( il faut bien
remplir les lieux de cultes !), c’est le Pasteur qui nous a entretenu de
l’obéissance au préceptes de la religion…
Moi, il y a bientôt soixante années que
j’obéis, non pas sans regimber certes, mais sans rompre. Et Dieu sait si j’ai eu des occasions de
montrer ma docilité ; à l’esprit et aux intérêts de ma famille, aux lois
et au service de mon pays, aux règles et aux tâches de ma profession (elles
sont nettement plus lâches quand on est libraire d’ouvrages anciens, je le
concède…) aux commandements et aux rites de ma confession religieuse. Donc,
j’ai beaucoup obéi…
En ai-je du regret ? Non, en vérité
et pour une considération esthétique autant que morale ! Il y a, je pense,
une dignité à vieillir comme on a vécu, une élégance à ne pas perdre sur le
tard, une sagesse à montrer comme exemple.
Ou alors, on doit avoir une raison profonde et pressante de le
faire ! Et je ne l’ai pas…
Dès que j’ai pu acquérir un peu de libre
arbitre, j’ai adhéré aux choses, sympathisé avec les êtres, collé à la
civilisation en prenant modèle sur quelques maitres dans les livres. Le risque
était donc petit que je fusse jamais un leader politique, un révolutionnaire,
un anarchiste, un homme religieux, un mystique, un explorateur de l’interdit ou un perturbateur du langage ; j’étais destiné à m’épanouir en m’enracinant
dans le consensus. Je sais que c’est souvent le cas des natures
faibles…
Je vous propose aujourd’hui une lecture et
une interprétation un peu plus vaste des textes liturgiques avec ces quatre
forts beaux volumes qui sont un recueil de conférences (sermons) données par Gustave-François-Xavier de la Croix de
Ravignan (1795-1858), abbé de Notre Dame de Paris. Le
révérend Ravignan était un prêtre
jésuite comme l’est notre Pape du moment, François. Écrivain et prédicateur de
renom, il donna les Conférences de Carême de 1837 à 1846 qui sont ici réunies.
Ravignan a 27
ans quand il abandonne subitement une carrière dans la magistrature qui
s’annonce brillante pour entrer au séminaire puis au noviciat jésuite. De 1824
à 1828 il fait les études de théologie et il est ordonné prêtre en 1828. A
Paris, il n’ignore pas que Notre-Dame est la grande tribune catholique de Paris
et que même l’intelligentsia sceptique du temps se déplace pour écouter les
conférences de Notre-Dame. Son talent, son éloquence sacrée et raffinée feront
le reste.
Le 3 décembre
1857, il s’effondre dans son confessionnal alors qu’il écoutait un pénitent. Il
meurt trois mois plus tard, le 26 février 1858. Il faut aussi savoir obéir aux
lois de la nature… Pierre
RAVIGNAN (Révérend Père De) (De La
Compagne De Jésus). Conférences prêchées à Notre Dame
de Paris de 1887 à 1846. Librairie De Mme Ve
Poussielgue-Rusand, Paris 1860. 4 volumes in-8. Edition originale. Demi -basane havane, dos à faux nerfs, filets
dorés, titre en lettres dorées, tranches mouchetées, gardes colorées. Tome premier : 544 pages. Tome II :
632 pages. Tome III : 596 pages. Tome IV : 655 pages. Pas de rousseurs. L’ensemble de 4 tomes. Vendu
1 commentaire:
Un des articles les moins lus ces derniers temps ! Les conférences ecclésiastiques, quoi qu'on en dise, ont moins la cote que par le passé ;-)) Pierre
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