Une belle tradition a fait du médecin, pendant longtemps, un
homme de culture à l'égal du curé, de l'avocat et du notaire. Quand les progrès
de la mécanisation créèrent l'industrie pharmaceutique, c'est donc tout
naturellement que celle-ci eu l'idée d'inciter le corps médical à utiliser ses
produits par des petits cadeaux pour bibliophiles…
Aujourd'hui, une telle incitation commerciale est interdite
et c'est le plus grand des hasards qui fait que les réunions de formation
professionnelle se font maintenant à proximité de restaurants étoilés ou sur
des bateaux de croisière à destination du tropique du cancer de la peau…
Je vous propose, ici, une charmante édition imprimée en 1937
pour les laboratoires Bouillet. Il s'agit des fables de la Fontaine illustrées
par Joseph Hémard, déjà présenté sur le blog (on clique). Les médecins d'alors recevaient
les feuillets par livraison et les plus méthodiques d'entre eux les classaient
afin, qu'en dernier lieu, ils les fassent relier.
Je vous propose, ici, un exemplaire complet en feuillets sous
cartonnage remplié formant étui. C'est agréable à lire, bien présenté, joliment
illustré et peut satisfaire le collectionneurs d'éditions de La Fontaine - j'ai
bien peur que l'entreprise ne soit démesurée – ou l'amateur de dessins de
Joseph Hémard.
Habité par le langage, Jean de La Fontaine a passé une
grande partie de son existence à faire circuler, sous forme de mots rimés, des
phrases en dévidant le fil d'un discours immuable : Pour être aimé, pour nous
défendre, pour blesser ou pour avoir simplement le sentiment d'être, l'homme
doit relater sa vie avec un faux détachement, avec un dilettantisme de façade.
Son expérience, il la mettra au service des autres. De nombreux écrivains
feront de même. Certains, comme notre fabuliste, auront la chance d'être entendus,
la grande majorité des autres se contenteront d'un succès d'estime ou de
l'expression de la plus grande indifférence de leurs lecteurs. C'est ainsi*…
Pierre
* il y a des jours où je suis capable de pondre de grandes
tirades creuses simplement pour la mélodie des mots...
4 commentaires:
c'est beau comme du Gandillet !
Un nom que nul écho n'a jamais répété tellement ses textes sont vides de sens ;-)) Pierre
Ben dis donc… Même pas le temps d'aller y voir que c'est déjà vendu !… Ces libraires d'ancien doivent se faire de vraies fortunes. ;-D
Mais à part ça, je ne parviens toujours pas à comprendre cette manie qu'ont (ou qu'avaient) certains éditeurs modernes de nous assaisonner les textes des XVII ou XVIIIe à grand renfort d'imparfaits en oi et de quelques bizarreries orthographiques si c'est pour oublier les s longs, les espaces avant virgule, les esperluettes en lieu et place de "et" et autres spécificités inséparables de la graphie d'époque authentique.
Bon, je sais que je suis quelqu'un de pas facile à satisfaire… ;-)
Il parait que l'esperluette était encore fréquemment utilisée jusqu'au milieu du 19eme siècle. Je la regrette d'autant plus qu'elle avait un joli nom ;-)) Pierre
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