L'habit ne fait pas le moine… mais il aide à le reconnaître. C'est en visitant le musée du Vieux Lyon que j'ai eu cette fort pertinente pensée. En effet, lors de l'inauguration de la statue équestre du Grand-Louis, place Bellecour, une procession avait été organisée et une imposante gravure la représentant précise judicieusement le nom des différents ordres monastiques en tête de cortège. On y constate que chaque congrégation avait, en fait, sa propre tenue, et donc que l'habit, s'il ne fait pas le moine, l'identifie quand même… J'ai pensé qu'un ouvrage sur le sujet pourrait vous intéresser.
Mais d'où vient, au fait, cette expression populaire ? Ce proverbe, dont on trouve les premières traces au XIIIeme siècle, serait tiré du latin médiéval : Cucullus non facit monachum (Le capuchon ne fait pas le moine). Selon certains, ce proverbe viendrait plutôt d'une déformation progressive de la traduction de l'expression latine de Plutarque Barba non facit philosophum qui signifie " La barbe ne fait pas le philosophe ". D'autres disent qu'il aurait pour origine un fait historique : En 1297, pour réussir à s'emparer par la ruse de la forteresse bâtie sur le rocher monégasque, François Grimaldi et ses compagnons d'armes se sont déguisés en moines franciscains, fait rappelé sur les armoiries de Monaco… On se perd en conjecture !
Peut-être faut-il simplement voir une certaine ironie dans cette expression. En effet, lorsqu'elle est apparue, les moines de l'époque étaient bien loin de suivre leurs préceptes. N'hésitant pas à accumuler des biens, à ripailler, à courir la gueuse ou à trucider à tout-va dans les batailles, ils avaient un comportement très éloigné de celui que leur tenue aurait pu laisser supposer. Ainsi, un brigand désireux de détrousser un moine en le supposant faible, pouvait tomber sur bien plus fort et rusé que lui…
Pour preuve de la pertinence de ce proverbe, chacun sait, depuis tout petit,
qu'un vilain crapaud peut parfaitement dissimuler un prince charmant (merci
Walt Disney) et que l'inverse… Comment dire ? Résumons : Il ne faut pas se fier
aux apparences, celles-ci sont souvent trompeuses ! Mais je m'éloigne du sujet.
L'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente vous sera très profitable si vous devez côtoyer quelques bons moines (cénobites et fiers de l'être) lors de vos séjours dans les communautés religieuses en vue d'accéder au fond de leur bibliothèque. Pas d'impair ! Un bénédictin n'est pas un franciscain, un moine n'est pas un prêtre qui n'est pas un curé, un frère n'est pas un père et l'affaire se complique chez les nonnes au couvent.
Si vous ne voulez pas faire désordre dans les ordres, ce petit ouvrage est fait pour vous ! La description vestimentaire et physique, à la façon se Linné, se veut une provocation bien anodine. Elle n'entraînera pas, j'espère, de manifestations des croyants dans les rues de la capitale, demain… Enfin, j'espère. Pierre
Exercice pratique : De quelle congrégation sont ces bons moines jouant aux cartes ?
ANTIMOINE (Jean d'). Essai sur l'histoire naturelle de quelques espèces de moines. Décrits à la manière de Linné. Paris, chez Cabanon libraire. 1883. Reliure demi basane noire et plat en papier coloré assorti. Les deux plats cartonnés et lithographiés sont conservés. Format petit in 8 de 131pages. Une belle chromolithographie avec serpente est présente en fin d'ouvrage, annotée "pag 109". Quelques rousseurs, restauration des coiffes. Peu fréquent à la vente. Vendu
6 commentaires:
ya un commentaire drôle à faire, avec cénobite, mais çà suffit comme çà. Laissez-nous tranquilles !
Moi, ça continu à me faire rire, calamar, mais je suis bon public ;-))
Je rajoute à l'instant un petit cliché que je viens de faire à la boutique (oui, je sais, j'ai plein de trucs qui n'ont rien à voir avec les bouquins !). Connaissez-vous le nom de la congrégation de ces bons moines entrain de jouer aux cartes ? Pierre
vu la forme de la tonsure du moine de gauche, ce ne sont pas des franciscains ni des dominicains, mais plutôt des cuisiniains : il a encore le couvercle de casserole sur la tête.
Barbe et capuche : ce doivent être des Capucins, et le couvercle de casserole sur la tête pourrait être l'emblème du frère cellérier, mais ça c'est moins sûr.
La position de l'adjectif est importante : il ne faut pas confondre un moine capucin d'avec un capucin moine.
Jean-Michel
Ce sont des capucins (barbe et grande capuche pointue). Le couvercle de la casserole est peut-être un point d'ancrage de la terre cuite oublié au démoulage ? Pierre
*Barba non facit virum*, me fait remarquer un ami en externe. C'est vrai que la barbe est très tendance en ce moment...
Pour ma part, je pratique la barbe de un jour le dimanche car c'est le jour du seigneur. Mon côté " Imitation de Jésus-Christ " ;-)) Pierre
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