Voici un roman qui pourrait être très à la mode aujourd'hui, depuis que les femmes aux tempes argentées et au portefeuille de la même couleur sont - à l'égal de l'homme - à la recherche de relations avec des partenaires beaucoup moins âgés qu'elles.
Il est loin le
temps de la femme mûre à la fesse flasque et à la ride profonde. Colette
l'avait bien compris et comprises aussi toutes les désillusions que de telles
relations pouvaient engendrer. Je ne m'étendrai pas sur le sujet car il est
miné… Passons au roman.
Chéri n’a pas vingt
ans quand il rencontre Léa, d’une bonne vingtaine d’années son aînée. Celle ci,
mangeuse d’hommes notoire, n’a jamais connu de relations bien sérieuse. Elle entretiendra Chéri
pendant cinq ans jusqu’à ce qu’il décide de se marier avec une belle jeune
fille de son âge, et fortunée, ce qui lui assure une situation.
Mais il ne l’aime pas. Pas plus que Léa ne supporte la
séparation et l’éloignement. Sauf qu’aucun des deux n’a voulu montrer à l’autre
son réel attachement. Léa fuit en voyage sans laisser d’adresse pour échapper à
sa douleur toute nouvelle. Chéri fugue, désespéré de l’avoir perdue.
Puis viennent les retrouvailles, et si les sentiments de Léa sont tout d’abord proches de l’extase, elle réalise vite que Chéri s’éloignera d’elle aussi rapidement qu’il est revenu : c’est que Chéri, uniquement amoureux du souvenir, retrouve une femme physiquement vieillie qui ne lui plait plus… Une histoire sentimentale mais plus profonde que ça : où il est démontré qu’en amour l’âge ne compte pas, mais jusqu’à un certain point seulement !
Dans ce roman de Colette, les personnages évoluent tous dans une sorte de huis clos, dans un univers particulier qui est celui des « demi-mondaines » et des « gigolo capricieux » qui doivent leur impressionnante fortune à leur pouvoir de séduction. Aujourd'hui, à cinquante ans, la femme se libère et découvre qu’elle est autonome, qu’elle peut enfin vivre pour elle et orienter ses choix. Elle ne ressemble plus à l’image que nous renvoyaient nos mères et nos grands-mères, pour qui le mariage était un statut social avec comme obligation le devoir conjugal. Elle est belle, souvent sexy, a l’expérience de la vie, un métier qui la passionne, et s’autorise à désirer ce qui lui paît, sans tenir compte de l’âge de leur partenaire comme l'ont fait les hommes pendant des siècles ! Elles apprendront peut-être aussi, comme les hommes, que leur "Assurance amour" n'est liée qu'à leur bonne santé et que leur "Assurance durée" n'est liée qu'à leur aisance matérielle… Bonne chance !
Chéri est le titre d'un roman de Colette, publié en
préoriginale au premier semestre de 1920 dans La vie Parisienne et en publication
originale chez Fayard en juillet 1921. Je vous propose, ici, une excellente
édition illustrée, brochée sous emboîtage, publiée à l'Emblème du secrétaire en
1949. Décidément, encore peu de renseignements sur cette maison d'édition ! Là encore, vous
pouvez m'aider. Comme le Tartarin ou le Capitaine Fracasse, cette maison avait
choisi l'excellence… Pierre
COLETTE. Chéri. Illustrations en couleurs de Courbouleix.
Paris. A l'Emblème du Secrétaire. 1949. Petit in-4° broché (185 x 235mm),
couverture rempliée, papier cristal et emboîtage bleu clair, 190 pages,
nombreuses illustrations dans et hors texte de Courbouleix. 1 des 1170
exemplaires sur vélin ivoirine des Papeteries Boucher, n° 343. Bel exemplaire
sans défaut. Vendu
2 commentaires:
Je pourrais intervenir : j'ai la cinquantaine dans 2 mois ! mais effectivement ce terrain là est un peu miné... et puis, moi, les hommes, hein ? j'y ai renoncé...
Fontaine, je ne boirai plus de ton eau ;-))
Maintenant, entrez dans la cinquantaine dans deux mois [c'est à dire avoir 40 ans] est loin d'être dramatique, Nadia... Pierre
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