Alors que la cote des cartonnages romantiques à plaque est en net repli depuis dix minutes - mais non, Francis, je blague…- l'attrait pour les plats historiés, et en particulier pour ceux traitant de l'aventure et des colonies, ne cesse d'augmenter. Vous en connaissez tous l'instigateur qu'il faudra penser, un jour, à décorer de l'ordre du mérite bibliophile…
Je prends aujourd'hui le train en marche avec un ouvrage
fort bien décrit sur le catalogue de Jean-Etienne H. D'ailleurs qu'en est-il
de ses notices ? Un libraire a-t-il le droit (je ne parle pas de l'inélégance)
de recopier une fiche qui lui semble bonne ? S'il ne le fait pas, est-on en
droit, comme en médecine ou en chirurgie, de lui reprocher de ne pas avoir
utilisé le meilleur protocole qui soit à sa disposition ? La recherche du moins
bien n'est, en effet, pas judicieuse
;-))
L'édition que je propose aujourd'hui à la vente est la
première édition polychrome illustrée publiée. C'est pourquoi elle est très
recherchée des collectionneurs. Le papier est malheureusement souvent jauni,
truffé de rousseurs et les ors sont parfois floutés. Mon exemplaire a échappé à la première
atteinte mais n'est pas indemne de blessures superficielles. Il présente même
une petite restauration à peine passable à un coin… Une étape vers le Graal !
Je ne veux pas me vanter mais je crois être devenu un
spécialiste international des éditions de Tartarin de Tarascon, ce qui ne
signifie pas pour autant que j'en possède les exemplaires les plus luxueux. Je crois
d'ailleurs vous avoir raconté que j'ai eu le privilège de feuilleter, lors du
salon du Grand Palais, une édition in folio superbement reliée aux tarifs
prohibitifs. Je ne l'ai pas acheté, non par manque de liquidités vous vous en
doutez, mais parce que présenter un tel ouvrage en ma modeste boutique, c'était
m'exposer à faire des clients frustrés…
Il faut reconnaître que depuis plus d'un siècle les
tarasconnais, roulés dans la tartarinade ont fini par jouer, à "contre mauvaise
fortune bon cœur" ! Ils ont offert une maison à Tartarin, ils ont placé dans
leur vitrine des santons tartarinesques ou bien, à mon exemple, de flatteurs
ouvrages illustrés pour en tirer un notable bénéfice, ils ont accouplé
l'immortel chasseur de lions et la Tarasque en confisquant le héros à son
créateur comme les paroissiens avaient fait de même avec Sainte Marthe.
Résumant l'histoire des aventures de Tartarin, Daudet
reconnaît, quinze ans après leur publication, que la cité de Tarascon refusait
de lui pardonner ce personnage bravache et hâbleur qui allait devenir la fausse
image-symbole des citoyens de la ville. Il n'en demeure pas moins que c'est
Tartarin qui a fait connaître Tarascon au monde entier, et en s'accaparant du
mythe à son profit, la cité de Sainte Marthe a fini par mettre les rieurs de
son côté, ce qui tient, une fois de plus, du miracle ! Pierre
DAUDET (Alphonse). Aventures prodigieuses de Tartarin de
Tarascon. Paris, Dentu, 1887. Un volume grand in-8. Cartonnage recouvert d'une
percaline polychrome sur le premier plat, dos illustré, deuxième plat
simplement estampé à froid, tranche supérieure dorée, bord biseauté, garde de
couleur taupe. Plat historié représentant Tartarin dans un décor colonial gravé
par Paul Souze et relié par Engel. Il s'agit de la première édition illustrée
de Tartarin avec les illustrations de
Jeanniot gravées sur bois par Auguste Lepère. Défauts de reliure, un
coin refait avec, en regard, les premières pages très légèrement rongées. 85 € + port
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