Ce samedi matin, je suis parti Des Baux à la mer pour voir un bon ami, Bernard Avella, libraire d'ouvrages anciens – Liber, 26 Boulevard Notre-Dame - à Marseille. Il organise, avec la Fondation Louis Jou, une exposition sur L'artiste du livre du 9 au 15 mars 2013 e t m'a demandé d'amener quelques ouvrages pour garnir ses vitrines. Je ne suis pas certain qu'il ait vraiment besoin de mes modestes compétences mais c'est un confrère qui sait entretenir l'amitié…
Après être monté jusqu'à la Bonne mère – La Basilique
Notre-Dame de la Garde - avec mon épouse,
nous sommes donc descendus chez Bernard qui organisait, heureux hasard, un
petit apéritif entre amis à la boutique. Pas eu trop le temps de regarder sur
ses rayonnages car la bande des copains arrivait, elle aussi en procession
! Quel endroit sympathique ! Je vous en
reparlerai. L'ambiance me rappelle celle que l'on trouvait chez quelques avenants
libraires du bon vieux temps (et je pense ici à la boutique du 5 rue
Charlemagne à Paris ; il y en a qui connaissent ?)
Je profite bassement de cette occasion pour vous présenter
un ouvrage intitulé Des Baux à la mer, écrit par Maurice Druon et illustré, bien évidemment par Louis Jou. Édité en 1972,
il a la particularité d'avoir été imprimé après son décès en 1968.
C'est grâce au dynamisme des proches de Louis Jou que nous devons cet exemplaire. Le matériel de notre grand
typographe et graveur ayant été conservé, cet ouvrage sort donc de l'atelier
des Baux de Provence, les gravures ayant été choisies dans l'ensemble des bois
à disposition dans le local, les caractères et la présentation sont ceux que
Louis Jou utilisaient et c'est un papier à la forme comme ceux dont se servait
l'artiste qui a été sélectionné. Fidèle à la tradition de la maison, nous avons
ici affaire à un très petit tirage limité à 115 exemplaires, celui que je
propose étant nominatif (n°13). Il est parfois confondu avec le même texte de
Druon, édité par les Heures Claires à 1000 exemplaires, à la même époque, avec
des dessins de Thuilier, célèbre restaurateur du petit village provençal.
" Nous parcourions, à l'entour des Baux-de-Provence, le pays
baussenc où de tout temps se sont succédé les poètes occitans. En quête
d'un mas, tomba-t-il en ruine, qui convint à nos ressources pécuniaires,
nous nous étions assuré l'aide d'un autochtone fringant, excellent, selon
les ouï-dire et autres on-dit, aux affaires extravagantes, tels le drainage des
résurgences dans les zones aquifères et l'asepsie des entreprises séricicoles.
Nous croyions en l'effet convaincant de son esbroufe et de son bagou pour le
cas où nous louerions un gîte et conclurions un bail emphytéotique.
Le quidam nous mena, de cimes en thalwegs, jusque dans un vallonnement, au diable vauvert, où naguère il avait chassé à vau-vent, et où croissaient yeuses, myrtes et cytises, et des cistes agrippés au roc schisteux, et même un marronnier d'Inde aux thyrses violacés ou amarante.
Le quidam nous mena, de cimes en thalwegs, jusque dans un vallonnement, au diable vauvert, où naguère il avait chassé à vau-vent, et où croissaient yeuses, myrtes et cytises, et des cistes agrippés au roc schisteux, et même un marronnier d'Inde aux thyrses violacés ou amarante.
Un bâtiment décrépi s'élevait sur un terre-plein jonché de tuileaux rose pâle
et de faîtières ébréchées. Une vieille catarrheuse sans appas mais non
sans acné, portant besicles, sarrau dégrafé et socques cloutés, entrebâilla
l'huis, et nous invita, d'un sourire auquel manquaient trois dents, à pénétrer
dans une salle tout abîmée communiquant de plain-pied avec des absidioles décorées
d'haltères noirs, pendus là comme des ex-voto.
Dans l'office contiguë, la malpeignée nourrissait une chèvre bréhaigne, deux agneaux nouveau-nés couchés sur des bat-flanc, un jars, un verrat et quelques canards d'Inde.
Cette métairie, nous expliqua-t-elle d'une voix tout heureuse, date des époques mêmes des schismes ariens. Je la tiens de feu ma trisaïeule la diaconesse, qui s'en était arrogé les droits en avance d'hoirie. Je me suis constitué une retraite par la cession sous seing privé de la nue-propriété: un bailleur de fonds, ancien quincaillier du bailliage, est depuis quelque temps mon débirentier.
- Au temps pour moi, dit notre gardian, les yeux dessillés sur-le-champ.
Contrecarrés par le plus de contretemps et contre- ordres possibles, nous quittâmes ce repaire de cathares." Maurice Druon
Dans l'office contiguë, la malpeignée nourrissait une chèvre bréhaigne, deux agneaux nouveau-nés couchés sur des bat-flanc, un jars, un verrat et quelques canards d'Inde.
Cette métairie, nous expliqua-t-elle d'une voix tout heureuse, date des époques mêmes des schismes ariens. Je la tiens de feu ma trisaïeule la diaconesse, qui s'en était arrogé les droits en avance d'hoirie. Je me suis constitué une retraite par la cession sous seing privé de la nue-propriété: un bailleur de fonds, ancien quincaillier du bailliage, est depuis quelque temps mon débirentier.
- Au temps pour moi, dit notre gardian, les yeux dessillés sur-le-champ.
Contrecarrés par le plus de contretemps et contre- ordres possibles, nous quittâmes ce repaire de cathares." Maurice Druon
Texte piégeux… J'ai vérifié l'orthographe. Tout est bon ;-)) Pierre
DRUON (Maurice). Des Baux à la mer. Les Baux de Provence,
Atelier de Louis Jou, 1972. Un volume in-4 en feuillet et couverture rempliée
illustrée. Ouvrage illustré de bois gravés de Louis Jou, composé avec ses
caractères et imprimé sur ses presses à bois a été tiré à 115 exemplaires ainsi
justifiés. 10 exemplaires sur papier au filigrane de L.J numérotés de 1 à 10,
90 exemplaires sur vergé des moulins du Val de Laga numérotés de 11 à 100 plus
15 exemplaires hors commerce. Cet exemplaire n°13 est nominatif. Bel état. 175
€ + port
3 commentaires:
"En quête d'un mas, tomba-t-il en ruine ... nous nous étions assuré ..." : je ne comprends pas cet accord.
S'agissant d'un fait incertain et la propostion principal étant à un temps du passé (passé composé), j'aurais employé un subjonctif imparfait : "tombât-il en ruine". Je ne vois pas comment justifier un passé simple.
De même j'aurais écrit "qui convînt".
Remarques judicieuses. La grammaire et l'orthographe sont des jeux de l'esprit que beaucoup de lecteurs apprécient et j'en ferai part à Maurice Druon à l'occasion. Merci de votre attention pour le blog. Amicalement. Pierre ( qui n'est pas vraiment pressé d'en parler à l'auteur)
rien ne presse , Pierre !
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