Suffit-il d'envoyer l'ouvrage que l'on vient d'écrire à Frédéric Mistral, avec une belle dédicace, pour faire partie de la bibliothèque du grand félibre ? Quel est le sort réservé aux ouvrages que vous envoyez aux personnes que vous admirez ? C'est la question que je me suis posée, ce matin, en vous choisissant ce livre de Jacques Rocafort.
Vous ne connaissez sûrement pas plus que moi cet auteur
catholique à cheval sur le 19eme et le 20eme siècle. Pour résumer ses opinions,
on peut dire comme il le fait dans ce livre, qu'il n'est ni libéral, ni
soumissioniste, c'est-à-dire qu'il est intégral dans sa foi catholique au point
d'en devenir intégriste… Je n'en serais pas troublé, s'il n'associait à son intégrisme
une haine irraisonnée, des juifs, des protestants et des francs-maçons qu'il
voit comme les principaux responsables des maux de l'église de l'époque.
Jacques Rocafort est le type même du chrétien légitimiste. Né
en 1860, à Perpignan, il y étudia d’abord au Collège S. Louis de Gonzague puis
il entra au petit séminaire de Prades et enfin revint au collège de sa ville
natale. Il prit ses titres d’enseignement supérieur et fut professeur en
Afrique et en France. En 1888, il tombe malade et va se reposer à Rome où il
suit les cours de la Grégorienne et du séminaire français. En 1891, il est
professeur à l’Université de Nîmes et l’année suivante, il se marie.
En 1899, il est nommé à Paris. Lorsqu’en 1907, le
Gouvernement confisqua illégalement la correspondance du représentant de la
Nonciature à Paris, Jacques Rocafort fut envoyé à Rome pour s’informer sur ce
qu’on appelait : Le cas Montagnini. Alors Mgr Benigni était le sous-chef du
bureau où travaillait Mgr Montagnini. C’est ainsi qu’il rencontra Rocafort. Celui-ci
était déjà anti-républicain, anti-libéral, imbu profondément des principes
catholiques et déterminé à suivre les directives pontificales. Il s’entendit
donc aisément avec Mgr Benigni et donna son adhésion au S. P (services de
renseignements pontificaux), assurant une collaboration assidue avec le Saint Siège
ce qui lui attira l’hostilité violente d’évêques gallicans, de libéraux, d’hommes
politiques, socialistes et radicaux, ainsi que de tous les laïques (c'est la moindre des choses, quand même...).
Le 16 janvier 1910, le député radical-socialiste Besnard
attaque devant la Chambre ce " professeur d’Université adversaire des lois
républicaines, de l’enseignement laïque et des catholiques libéraux ". Il
s’en prend, ensuite à Mgr Benigni et au Sodalitium Pianum [S.P] " contraires
à la pacification intérieure de la France ". Deux jours plus tard, le
Ministre de l’Instruction Publique, Doumergue, lui répond dans un sens plus
doux. Mais la presse hostile s’empare du " cas Rocafort " et c’est la
véritable curée anti-curé !
Un an après, Rocafort se retirait du S. P, sans cesser
d’agir en son sens. Il écrit alors Mes campagnes catholiques traitant des intervenants
dans la mouvance anticléricale de la troisième république et des répercussions
de la politique religieuse du Pape sur la France. Il y raconte aussi ses
mésaventures. C'est cet ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente,
dédicacé à Mistral dont on peut assurer qu'il fut, lui aussi, un fidèle croyant.
N'est-ce pas lui qui a écrit " Perdre la foi de son enfance est un vrai
malheur, car il n'y a rien sur terre qui puisse relever l'homme qui, pour
horizon, n'a plus que le tombeau ". Pierre
ROCAFORT (Jacques). Mes campagnes Catholiques. Préface de
Mgr De Cabrières, éveque de Montpellier. A Paris chez P. Lethielleux, 1910. Un
fort volume broché in-12. xvi, 589pages. Ex-dono à Frédéric Mistral. Bel état.
32 € + port
2 commentaires:
Brillant. Bonjour Pierre. je le partage cet article qui donne à méditer ... :-) Peut être trouvera-t-il acquéreur pour qui veut comprendre d'où viennent les toutes ces idées nouvelles de la
3ème république.
;-)
Bien à vous, Sandrine.
Touché ! (par le compliment). Pierre
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