mardi 29 décembre 2015

Lettre à mon peintre, Raoul Dufy, par Marcelle Oury.


Faut-il connaitre la vie d'un artiste pour en commenter l'œuvre ? Si, comme moi, vous pensez ne pas être un bon critique en la matière, vous pouvez simplement vous attacher à présenter une biographie correcte… Raoul Dufy est né le 3 juin 1877 au Havre et il est mort le 23 mars 1953 à Forcalquier. Entre ces deux dates, vous avez la vie d'un remarquable artiste !


Raoul Dufy est l’aîné de neuf enfants d’une famille modeste. Son père, comptable, est également organiste et chef de chœur. A 14 ans, pour des raisons familiales, Raoul doit interrompre ses études pour entrer dans une maison d’importation de café au Havre. Le soir, il étudie à l’Ecole Municipale des Beaux-Arts. Il y suit les cours de Charles Lhuillier et rencontre Othon Friesz, qui restera un de ses plus fidèles amis.


Pendant les années suivantes, il peint des aquarelles académiques de paysages des proches environs, et des portraits de famille, surtout des auto-portraits. Ayant reçu une bourse de la ville du Havre, Dufy part pour Paris, où il s’inscrit à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts et fréquente l’atelier de Léon Bonnat, où il retrouve son ami Friesz. Ils partageront ensemble un atelier à Montmartre. Dufy rencontre Berthe Weill, qui est la première à lui acheter un pastel. Elle le fait participer à des expositions collectives. Pour la première fois, Dufy expose au Salon des Indépendants, où il sera présent de nombreuses fois par la suite. Durant cette période il subit l’influence des impressionistes et des post-impressionistes, en particulier de Pissarro, de Monet, mais aussi de Manet.


En 1904, il se rend pour la première fois dans le Sud Est, à Martigues, près de Marseille. Au Salon des Indépendants de 1905 qui marque le début du mouvement “fauve”, Dufy reçoit un choc devant l’œuvre de Matisse "Luxe, calme et volupté". Dufy s’éloigne alors de plus en plus de la peinture académique. Il fréquente Albert Marquet qui l’attire vers le fauvisme, auquel il adhère. La fameuse série des rues pavoisées date de cette période. Berthe Weill organise la première exposition personnelle de Dufy en octobre 1906.


L’année suivante, à la suite de problèmes financiers, il aborde la gravure sur bois. En compagnie de Georges Braque, il effectue un voyage pèlerinage à l’Estaque, près de Marseille. Les deux peintres se passionnent pour les recherches de Paul Cézanne. Dès lors, Dufy se détachera du fauvisme, comme de nombreux autres peintres et sera tenté par le cubisme en train de naître. Après un voyage à Munich avec Friesz en 1909, il poursuit la gravure sur bois. Il illustre notamment le Bestiaire d’Apollinaire. Les 30 gravures de cet ouvrage feront date dans l’histoire de cet art. Il continuera à illustrer des livres pendant toute la décennie suivante.


En 1911, Dufy s'installe, impasse de Guelma, dans l’atelier qu’il gardera toute sa vie. Il y rencontre Paul Poiret, un des plus grands couturiers du début du XXe siècle, avec qui il crée ses premiers tissus imprimés et des étoffes qui vont contribuer à la renommée de Poiret. L’année suivante, Dufy passe un contrat avec la maison Bianchini-Férier où il travaille comme dessinateur pour les tissus en soie. Interrompue un moment par la guerre (pendant laquelle Dufy est mobilisé), cette collaboration se poursuivra jusqu’en 1930. Dans cette période euphorique de l’après-guerre, Dufy est inspiré par la lumière et les couleurs de la Méditerranée : à part la Provence, il visite Rome et la Sicile (1922) puis le Maroc (1925/1926), développant cet art souple et heureux qui lui est propre. La même évolution transparaît dans la gravure, où il abandonne le bois pour la lithographie (Madrigaux de Mallarmé, 1920).


En 1937, Dufy est chargé par Compagnie Parisienne de Distribution d'Électricité de peindre une vaste fresque à la gloire de l'électricité pour décorer le pavillon de l'Électricité, l'un des plus importants de l'Exposition Internationale. Ce sera "La Fée Electricité", œuvre gigantesque peinte sur un assemblage de 250 panneaux en contreplaqué. Par ses dimensions (dix mètres de hauteur sur soixante mètres de longueur) c’est encore aujourd’hui la plus grande peinture du monde. Raoul Dufy l’a réalisée en quatre mois, avec l’aide de son frère Jean et de son assistant André Robert.


Il commence alors à ressentir les premières atteintes d'une maladie douloureuse et invalidante : la polyarthrite rhumatoïde. Au fil des ans, il sera de plus en plus handicapé par cette maladie qui déforme et raidit les articulations, en particulier celles des doigts. Il en viendra à se faire attacher les pinceaux sur les doigts pour pouvoir continuer à peindre…La guerre amène Raoul Dufy à St. Denis-sur-Sarthon où il exécute des cartons de tapisseries puis à Nice, puis à Perpignan où il s'installe chez son médecin, le Docteur Nicolau. Il y résidera la plupart du temps jusqu’en 1950 puis s’établira jusqu'à son décès à Forcalquier, ville réputée pour son ciel très lumineux. On affirme aujourd'hui qu'il serait entrain de repeindre le Paradis… Pierre


OURY, Marcelle. Lettre à mon peintre, Raoul Dufy. Paris, Librairie Académique Perrin, 1965. in-4 (30 cm) 193,(2)p., ill. de 27 lithographies couleurs sorties des presses de Fernand Mourlot, dont 8 à double page. En feuilles sous chemise et double emboîtage illustré. Édition originale tirée à 6,200 exemplaires numérotés. Un des exemplaires sur vélin Arjomari. Très bel état. [Hommage à Dufy de ses amis Jean Cocteau, Jacques Villon, Braque, Chagall, Anouilh, Utrillo, Buffet, Stravinsky, Poulenc, Lurçat, Apollinaire, Max Jacob etc. Suivi des carnets de Raoul Dufy. 420 € + port

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