Lorsqu’il publie en 1715 les deux premiers tomes du roman qui jalonnera toute sa carrière, Alain-René Lesage n’a rien d’un débutant. À près de cinquante ans, il possède un solide métier d’écrivain et une imagination qui ne déclinera pas. Vers 1698, son protecteur l’abbé Jules Paul de Lionne, fils d’un ambassadeur à Madrid, lui ouvre sa bibliothèque : Lesage découvre le fonds considérable du Siècle d’or espagnol, dans lequel il puisera toute sa vie : des romans, bien sûr, mais aussi des centaines de comédies.
Il se met aussitôt à traduire Rojas,
Lope de Vega, Calderón. Il adapte Los Empeños del mentir de Hurtado de Mendoza sous le titre Crispin rival de son maître (pièce
jouée en 1707 à la Comédie-Française) ainsi que la première continuation du Don
Quichotte d'Alonso Fernández de Avellaneda que j'ai déjà présentée sur le
blogue, ici (on peut cliquer).
Ses romans n’avaient cependant d’espagnol que les noms et
les lieux de la scène. Pour le reste, c’est l’esprit et les mœurs françaises
que retrace Lesage. Le lecteur sent, bien évidemment, dans la peinture
malicieuse des vices et des passions espagnoles de Lesage, une perpétuelle
allusion aux ridicules de sa patrie…
Intermède musical en raison d'un appel
téléphonique inopiné : nous nous efforçons d'écourter
agréablement votre attente. Merci de patienter quelques instants.
Lesage s'était fait connaître en 1707 comme romancier de
premier ordre avec son Diable boiteux où le
héros se fait transporter par le diable sur le toit de chaque maison, pour voir
ce qui s’y passe et avoir l’occasion de nous conter des aventures sans liaison
avec celles qui précèdent ni avec celles qui suivent !
Lesage reprend, ici, les conventions du genre picaresque. Gil Blas, ce sont les mémoires imaginaires d'un anti-héros : fils d'un écuyer, il quitte à dix-sept ans le foyer familial pour se rendre, à dos de mule, à l'université de Salamanque, où il s'apprête à étudier. Mais une série d'imprévus rendront ce projet impossible : volé par un muletier, embrigadé par une troupe de brigands de grand chemin, emprisonné injustement, il deviendra le serviteur d'un chanoine, puis d'un médecin, avant de rejoindre Madrid, où l'attendront d'autres aventures… Un petit fripon qui deviendra un grand voleur.
Vous imaginez que ce thème fut propice à révéler le talent des dessinateurs de toutes les époques. C'est donc une version illustrée par Gradassi, célèbre miniaturiste du 20eme siècle, que je vous présente ici. Peut-être ce dernier argument qui vous fera t-il acheter cet ouvrage plus que ma présentation, aussi remarquable soit-elle ? Pierre ;-))
Histoire de Gil Blas de
Santillane. 1948 Edmond Vairel, Paris, 1948. 3
volumes in-4 en feuilles sous couverture rempliée et emboitage façon vélin. Illustrés
de 3 frontispices sur doubles pages, 24 hors-textes et vignettes dans le texte
de Jean Gradassi, aquarellés au pochoir par Edmond Vairel. 335,
264 et 282 pages. L'un des 900 exemplaires sur Lana (le n°331). Très bel état.
220 € + port
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