Cabinet d’Avocats Piranacci & Neveux
Corte, Marseille, Bogota.
A l’attention de Mrs. Gandillet, Brillard, etc., L.A.R. valant mise en demeure.
A l’attention de Mrs. Gandillet, Brillard, etc., L.A.R. valant mise en demeure.
Messieurs,
A la demande de mon honorable client que vous nommez sans autorisation dans votre billet, je vous somme par la présente de retirer ledit billet dans les meilleurs délais ; c’est à dire sur le champ.
Dans le cas contraire, vous me verrez au regret d’avoir recours à tous moyens qui me paraitront nécessaires pour procéder à l’exécution et je ne parle que du retrait à ce stade de nos discussions.
Sur la forme.
Je passe vos affirmations ridicules pour n’en citer qu’une : « vous avez su ne jamais répondre aux sirènes de l’argent facile. ». Je vous retransmets ce que je tiens de la bouche même de mon client : « mais on ne me l’a jamais proposé, ni sirènes, ni argent»
Sur le fond.
Tout d’abord, il ne vous appartient pas de qualifier mon client de pinzuto. Le fait que celui-ci soit né sur le continent est à proprement parler, un cas de force majeure. A savoir une grève des liaisons maritimes conjuguée à l’entêtement de sa maman, par ailleurs ma cousine. En cette circonstance, l’usage du terme pinzuto est strictement limité au cadre familial le plus restreint. Et je n’imagine pas, du moins pas encore, que votre volonté soit d’entacher l’honneur de cette famille en prétendant en faire partie.
De même, et par extension, mon client ne peut être assimilé à un pinzuti comme ceux qui, chaque été, envahissent massivement notre belle ile. Ce que je dis pour mémoire, car il ne me semble pas que ce soit votre intention ; mais je tenais à ce que vous sachiez que j’en serais le premier informé si pareille idée vous prenait.
Quant à traiter mon client de pinzutu, ce serait le désigner à la vindicte publique. En effet, vous n’êtes pas sans ignorer que depuis la jurisprudence Matteo Falcone et le scandale Colomba, la chasse au pinzutu, même de la plus minime espèce, est ouverte tout au long de l’année sur notre belle ile. Or, s’il s’agit d’un neveu né en terres étrangères, mon client n’en reste pas moins le fils de ma cousine. Aussi je vous laisse mesurer la signification de l’expression M'hà fattu scappà u tappu, me faire fuir le bouchon… Ou si vous préférez, pousser le bouchon trop loin comme on dit chez vous.
Mais plutôt que d’envisager une altération de nos rapports jusqu’à présents cordiaux, je préfère me convaincre du caractère raisonnable de votre état d’esprit. A ce propos, je vous prie de noter que la cartouche de calibre 12 qui accompagne le présent courrier est consignée. Vous veillerez à la restituer à l’issue de la procédure.
Va bene, je vous adresse mes neveux. Vous leur remettrez le billet à détruire ainsi que la somme qu’ils vous indiqueront ; somme indispensable pour permettre le classement de votre dossier dans les archives de notre cabinet (pas de grosses coupures). Si tout se passe bien, alors basta comme on dit chez nous. Dans le cas contraire je prendrai personnellement cette affaire en main.
Votre dévoué, César Piranacci, Avocat-Conseil
A la demande de mon honorable client que vous nommez sans autorisation dans votre billet, je vous somme par la présente de retirer ledit billet dans les meilleurs délais ; c’est à dire sur le champ.
Dans le cas contraire, vous me verrez au regret d’avoir recours à tous moyens qui me paraitront nécessaires pour procéder à l’exécution et je ne parle que du retrait à ce stade de nos discussions.
Sur la forme.
Je passe vos affirmations ridicules pour n’en citer qu’une : « vous avez su ne jamais répondre aux sirènes de l’argent facile. ». Je vous retransmets ce que je tiens de la bouche même de mon client : « mais on ne me l’a jamais proposé, ni sirènes, ni argent»
Sur le fond.
Tout d’abord, il ne vous appartient pas de qualifier mon client de pinzuto. Le fait que celui-ci soit né sur le continent est à proprement parler, un cas de force majeure. A savoir une grève des liaisons maritimes conjuguée à l’entêtement de sa maman, par ailleurs ma cousine. En cette circonstance, l’usage du terme pinzuto est strictement limité au cadre familial le plus restreint. Et je n’imagine pas, du moins pas encore, que votre volonté soit d’entacher l’honneur de cette famille en prétendant en faire partie.
De même, et par extension, mon client ne peut être assimilé à un pinzuti comme ceux qui, chaque été, envahissent massivement notre belle ile. Ce que je dis pour mémoire, car il ne me semble pas que ce soit votre intention ; mais je tenais à ce que vous sachiez que j’en serais le premier informé si pareille idée vous prenait.
Quant à traiter mon client de pinzutu, ce serait le désigner à la vindicte publique. En effet, vous n’êtes pas sans ignorer que depuis la jurisprudence Matteo Falcone et le scandale Colomba, la chasse au pinzutu, même de la plus minime espèce, est ouverte tout au long de l’année sur notre belle ile. Or, s’il s’agit d’un neveu né en terres étrangères, mon client n’en reste pas moins le fils de ma cousine. Aussi je vous laisse mesurer la signification de l’expression M'hà fattu scappà u tappu, me faire fuir le bouchon… Ou si vous préférez, pousser le bouchon trop loin comme on dit chez vous.
Mais plutôt que d’envisager une altération de nos rapports jusqu’à présents cordiaux, je préfère me convaincre du caractère raisonnable de votre état d’esprit. A ce propos, je vous prie de noter que la cartouche de calibre 12 qui accompagne le présent courrier est consignée. Vous veillerez à la restituer à l’issue de la procédure.
Va bene, je vous adresse mes neveux. Vous leur remettrez le billet à détruire ainsi que la somme qu’ils vous indiqueront ; somme indispensable pour permettre le classement de votre dossier dans les archives de notre cabinet (pas de grosses coupures). Si tout se passe bien, alors basta comme on dit chez nous. Dans le cas contraire je prendrai personnellement cette affaire en main.
Votre dévoué, César Piranacci, Avocat-Conseil
PS : Pas d’entourloupes, mes neveux sont équipés des
moyens de transmission les plus modernes. Je suis informé de tout et sur le
champ.
De César Piranacci à son neveu Rico.
Mon neveu,
C’est simple. Tu prends avec toi tes cousins Figatelu et Loupieru. Vous détruisez le billet et vous leur faites cracher les frais de dossier. Quand tout sera réglé, vous me préviendrez avec ce code : « le colis a été livré ».
Votre oncle à tous : César.
PS : N’oubliez pas de recharger le téléphone satellitaire !
De Rico Piranacci à son oncle César.
Mon oncle,
Tu sais que le cousin Loupieru est membre de la Concolta Ecoligistu qui milite contre les survols de l’ile. L’autre soir, nous avons plastiqué l’antenne de Solenzara pour fêter notre départ sur le continent. Le cousin Loupieru, la Concolta Ecoligistu et moi-même te prions de croire que nous n’étions pas au courant de cette histoire de téléphone satellitaire.
Tes neveux.
De : César Piranacci à son neveu Rico
J’attends des nouvelles .Stop. Ou en est-on à Tarascon ? .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César.
Mon oncle .Stop. Nous avons trouvé un cousin, ton neveu Marini, qui nous a montré comment envoyer des télégrammes en PCV .Stop. Je ne savais pas qu’il était issu d’un second mariage. J’ai aussi été surpris d’apprendre que le cousin Figatellu était son oncle alors qu’il est moins âgé que lui .Stop. Concernant l’imprimerie clandestine, nous sommes entrés activement dans une phase d’observation intense qui, à force de concentration et d’efforts, nous conduira aux faux-billets .Stop. Cependant, impossible de se faire servir des Casanis, uniquement des pastiches marseillais .Stop. En tout cas, leur planque est une couverture idéale .Stop. Une bibliothèque avec de vieux livres, comme à l’école .Stop. On te prévient dès qu’on a trouvé la planche à billets .Stop. Tes neveux affectionnés : Rico, Figatelu et Loupieru .Stop.
De : César Piranacci à son neveu Rico
Pas planche à billet .Stop. Billet internet .Stop. Calomnie pinzuto .Stop. Destruction immédiate .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Situation confuse .Stop. Propose balade en montagne .Stop.
De : César Piranacci à son neveu Rico
Ne pas secouer colis .Stop. Agir avec tact .Stop. Prendre abonnement bibliothèque .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Bibliothèque ne prête pas de livres .Stop. Livres seraient à vendre .Stop. ??? .Stop. Peu crédible .Stop. Financements occultes possibles .Stop. Tarascon proche Suisse .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Agence blanchiment .Stop. Implications politiques évidentes .Stop. Préparer nuit bleue .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Nuit bleue impossible .Stop. Couvre-feu à 7 heures pour non-résidents .Stop. Journée bleue suicidaire .Stop. Vigie citoyenne des Comités Tartarin .Stop. Cousin Loupieru suggère attaque massive internet .Stop. Cousin Loupieru connait Nord-coréenne .Stop
De : César Piranacci à son neveu Rico
Vos pères méritaient mieux que des figues molles comme premiers-nés .Stop.
De Ugo P. à son oncle César, via courrier prioritaire.
Mon cher oncle,
Je vous prie, s’il vous plait, d’oublier mon précédent courrier. Vous me connaissez ; je suis un impulsif, toujours prompt à défendre la réputation de notre famille. Quand j’ai lu le mot "colère", la mienne est montée. Mais à tout bien réfléchir, ce mot ne se lit qu’une seule fois parmi d’autres expressions dont quelques-unes semblent dignes d’être retenues comme « admirable », cité 38 fois ou « sublime », 23 fois ; sans parler de « magnifique » qui ne se compte plus. Finalement, il me parait que ce billet peut être donné à lire aux cercles les plus larges. Bien sur, il pourrait flatter un peu plus mon ego; mais laissons-lui le privilège de n’être que le premier d’une longue lignée. Je suppose que ma renommée aura la patience de se plier à un crescendo dans les acclamations.
Aussi, veuillez s’il vous plait mon oncle, changer les instructions de vos neveux, mes cousins. Plutôt que d’effacer le billet, il me paraitrait judicieux de mettre colère en italique. Cela soulignerait à quel point ce terme est emprunté quand il s’agit de moi. Un peu comme une expression étrangère dont il serait de bon ton de souligner l’exotisme en l’écrivant en lettres penchées.
Avec tous mes remerciements, votre neveu, Ugo.
De : César Piranacci à son neveu Rico
Passer colère en italique .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Colis passé en Italie .Stop. Circuit habituel .Stop. Centre Equestre Carne-Cavallo .Stop. Aucune trace de Faux-billets .Stop.
De : César Piranacci à son neveu Rico
Pas colis .Stop. Colère .Stop. Pas Italie .Stop. Italique .Stop. Passer colère en Italique .Stop. Récupérer colis .Stop. Réparer conneries .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Colis réexpédié de Carne-Cavallo via colissimo .Stop.
De : César Piranacci à son neveu Rico
Numéro de suivi ? .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Erreur affranchissement colis .Stop. Expédié conserverie sud-ouest France .Stop. Traçabilité impossible .Stop. Demandons indemnisation ? .Stop.
De : César Piranacci à son neveu Rico
Intercepter livraison .Stop. Tout remettre en place .Stop. Fissa .Stop.
De Rico Piranacci à son oncle César
Le colis a été livré .Stop.
1 commentaire:
Bravo ! Toute la complexité de l'âme corse est résumée dans cette réponse. Oui, c'est vrai ! Le corse est susceptible, fier, orgueilleux... Il n'aime pas qu'on se moque de lui ! Savez-vous que le seul album d'Astérix où l'on a jugé nécessaire d'écrire un avertissement est " Astérix en Corse " ? Mais le corse pratique aussi, mieux que quiconque, l'autodérision…
Merci pour ce billet plein d'humour, Ugo P** ! Amicalement. Pierre
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