Ami lecteur, l'habile médecin voyant que son malade a de l'aversion pour la pilule qu'il lui a ordonnée, à cause de son amertume, a coutume de l'envelopper d'une pellicule ou de la couvrir de quelque douce poudre, et par ce moyen, cachant cette amertume, la fait avaler avec moins de difficultés au malade qui en reçoit les effets tels qu'il désire pour sa santé.
L'auteur de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente, Jaques Jaques (honte à ses parents de l'avoir surnommé ainsi...),
en fait de même avec la pensée de la mort dont il nous assure qu'elle nous est
grandement salutaire même si nous éprouvons une grande amertume à le faire
admettre par notre esprit… C'est pourquoi ce livre est présenté de façon divertissante.
C'est, en quelque sorte, la pellicule d'humour et de dérision qui nous fera
avaler la fatalité de notre sort…
Comme le dit la préface de Jaques Jaques, apothicaire devenu
chanoine, natif et résident d'Embrun, "Je te débite ces vérités tout en
riant ; ce sera à toi d'y penser tout à bon. Au reste, n'attend pas de
délicatesse dans mes vers. Tu n'y trouveras que la simple rime, la naïveté
de vers burlesques ".
Cet ouvrage doit être pris dans la tradition des Danses
macabres et des Arts de mourir et des tête-à-tête entre la mort et le vivant.
Invariablement, la mort annonce qu'il faut mourir ; le vivant, surpris
d'une telle annonce imprévue, réclame, au nom de la vie qu'il mène et a menée
un délai, que refuse invariablement la mort inexorable… qu'il
soit pape, roi, forçat, riche, aveugle, pauvre paysan, riche usurier, chirurgien
ou gueux estropié !
L'ouvrage est ainsi écrit pour rappeler à tout un chacun que
la mort vient sans prévenir, qu'il faut savoir s'y préparer pour assurer son
salut en l'au-delà (même la religieuse, qui pourtant en avait fait son étude,
n'est pas prête, le moment venu…) !
Désolé, avec ce livre, de plomber l'ambiance euphorique de
ce blog traditionnellement dilettante mais comme notre équipe a judicieusement décidé
de ne pas se représenter au deuxième tour des élections municipales, ce
week-end, l'intérêt de la vie sur terre a perdu momentanément tout ou partie de
son attrait*… Pierre ;-))
* Par contre, si vous achetez cet ouvrage, je remettrai à
plus tard mon accession au ciel éternel…
Le
Faut-Mourir et les Excuses inutiles qu'on apporte à cette nécessité augmenté de
l'Avocat nouvellement marié & des Pensées sur l'Eternité le tout en vers
burlesques. A Lyon, chez Pierre Thened, 1707. Un
volume in-12. Reliure pleine basane, dos orné à cinq nerfs, motifs dorés entre
les nerfs. [6 ff ], 489 pp. et 1 page de
permission. Frontispice sur deux pages. La première édition fut publiée à Lyon
en 1655. Malgré ses nombreuses éditions, l'ouvrage est devenu rare. Reliure usagée,
petites restaurations, intérieur frais. Complet. Vendu
4 commentaires:
le Faut mourir, un lendemain d'élections ? allons, ce n'est pas si grave.. çà aurait pu être pire : votre liste aurait pu gagner.
Puisse votre retrait, tel une certaine sainte, térasser la Tarasque, monstre qui malheureusement semble revenu dans votre charmante ville.
Daniel B.
En effet, tout est perdu... sauf l'honneur ;-)) Pierre
J'arrive ! Je vous engage à écouter, comme moi ce matin, cette chanson de Jacques Brel :
J´arrive, j´arrive
Mais qu´est-ce que j´aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu´au soleil jusqu´à l´été
Jusqu’au printemps, jusqu’à demain
J´arrive, j´arrive
Mais qu´est-ce que j´aurais bien aimé
Encore une fois voir si le fleuve
Est encore fleuve, voir si le port
Est encore port, m´y voir encore
J´arrive, j´arrive
Mais pourquoi moi, pourquoi maintenant
Pourquoi déjà et où aller?
J´arrive bien sûr, j´arrive
N´ai-je jamais rien fait d´autre qu´arriver ?
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