mercredi 12 mars 2014

La vie en prison de Silvio Pellico : un exemple de miséricorde...


Silvio Pellico (1789-1854) : Il est évident que ce martyr politique ne fut pas élevé dans les idées révolutionnaires, tant s'en faut ! Et il ne parait pas non plus qu'il ait eu au cœur cette haine ardente de l'Autriche que l'Italien nourrissait dès ses plus jeunes années, haine nationale à laquelle à laquelle a mis fin seulement la délivrance de Venise.


Il reçut de sa mère des sentiments religieux qu'il garda dans toute sa ferveur et y puisa une grande partie de sa résignation dans les dures épreuves et les longues souffrances de sa captivité. C'est, d'ailleurs, le triste contenu du célèbre ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente. On remarquera cependant que, pour ce qui concerne ce livre,  le dénuement des conditions de détention  de l'auteur est à l'opposé des qualités éditoriales de l'ouvrage qui brille par la qualité du papier, des illustrations et de la reliure… Envoyé à Lyon auprès d'un de ses parents pour y compléter ses études, il prit goût aux lettres et décida de s'y consacrer tout entier. Un jour qu'il venait de lire le beau poème d'Ugo Foscolo, Les tombeaux, il se sentit pris d'une nostalgie qui le ramena dans son pays en 1818.


Après quelques succès d'édition, il fonda, avec ses amis, Il conciliatore, feuille littéraire d'où la politique était bannie – mais dans un pays opprimé, même les sonnets eux-mêmes font opposition ! Par une fatalité déplorable, lui qui n'était rien moins que conspirateur et dont le catholicisme semblait rebelle à tout esprit d'aventure, il se trouva compromis dans un complot… Une simple lettre demandant la profession de foi du mouvement et les conditions d'affiliation le trahirent !


Silvio Pellico dans l'ignorance dont il était des choses ne s'éloignât pas quand les chefs du complot s'enfuirent. Il fut arrêté.  Le procès, suivant la législation austro-lombarde, fut fait sans mémoires, sans plaidoiries, sans confrontation de témoins, sans communications des pièces au prévenu et sur les seules preuves de communications téléphoniques privées mises en place illégalement par le pouvoir en place. Scandaleux, non ? Pellico fut condamné à mort.  Lui-même, dans ses mémoires, convient que bien qu'innocent sur le fond, la loi lui a été légalement appliquée et il ne songe pas à se plaindre de ses juges…  Ce qui s'ensuivit est inscrit dans les mémoires que je vous propose ici.


Rien n'est plus propre à faire détester la domination du plus fort que l'histoire du trop doux, trop patient Silvio Pellico. On admire cet homme bénin et inoffensif même si on le voudrait moins soumis, moins résigné. Ce patriote ne fit pas entendre une seule parole de colère ou d'espérance.  Nul doute qu'il fut un modèle pour beaucoup de représentants à la résistance à l'oppression par la non-violence


On mit beaucoup de temps et d'hésitation à lui commuer sa peine en années de détention, comme si cette faveur eut été de nature à compromettre la sécurité de la monarchie autrichienne !  Juste retour des choses, elles lui permirent de trouver, en retournant dans son pays, l'estime de tous et de toutes pour la dignité de ses sentiments. Un ouvrage à découvrir et un bel exemple de la nature humaine… Pierre


PELLICO (Silvio). Mes prisons.  Paris, Jouaust, Librairie des Bibliophiles, 1887. Traduction nouvelle par Francisque Reynard, dessins de Bramtot, gravés par Toussaint. Un volume in-12 (18/12).  Reliure demi-maroquin brune à coins, plats encadrés d'un double filet doré, dos à nerfs, filets et motifs estampés entre les nerfs,  gardes colorées, tranches supérieure dorée, couverture conservée. Portrait-frontispice de Pellico et 6 dessins de Bramtot. X-308 pp. Très bel état. 110 € + port

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Triste époque où la charge de la preuve s'appuyait sur des communications téléphoniques privées...