Albert-Henri Sallengre est un écrivain français né à la Haye en 1694, de parents réfugiés en Hollande pour des raisons religieuses. Il exerça comme avocat en Hollande puis visita la France et l'Angleterre avant de devenir le conseiller de la princesse de Nassau. Il meurt en 1723 de la petite vérole (variole). Durant sa courte vie, il a beaucoup publié. La gastronomie l'intéressait sans doute particulièrement, car outre ce recueil sur le célèbre parasite glouton Pierre de Montmaur, on lui doit aussi un Éloge de l'ivresse.
Si l'on en croit une brochure fournie à l'occasion d'un
colloque de l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Pierre de
Montmaur (1576-1648) exerça pendant vingt-cinq ans, jusqu’en 1648, la fonction
de professeur royal de grec à l’université de Paris, succédant, au Collège
Royal, aux grands hellénistes que furent Jérôme Goulu, second fils de Nicolas
Goulu, ou Jean Dorat.
Sa notoriété dépassa néanmoins le cercle des savants et
des érudits parisiens et de nombreux textes parurent, de son vivant puis après
sa mort, qui dressaient un portrait peu avantageux de l’homme, le peignant
comme un redoutable pédant et un parasite. L'ouvrage que je vous propose à la
vente, aujourd'hui, est de ceux là…
C’est paradoxalement après la mort de ce dernier que se
déclenche l’avalanche d’écrits satiriques dénonçant le ridicule du professeur. L'anthologie,
en deux volumes, établie par Albert Hendrik de Sallengre est de celle là. Elle
contient des pièces satiriques écrites en latin et en français, mais aussi une
ample biographie de Pierre de Montmaur, qui reprend, pour une large part, des
jugements portés par des écrivains contemporains du professeur.
Néanmoins, l’affaire Montmaur dépasse la seule
personnalité de ce professeur de grec et contribue, bien au-delà de sa personne , à voir évoluer la figure littéraire du parasite
et du pédant. Celui-ci, qui était traditionnellement représenté dans le
récit médiéval, comme un homme
présomptueux et ignorant, féru de sa science et de ses langues anciennes,
devient de plus en plus un homme sale et mal habillé, de mauvaise compagnie et
aux mauvaises manières, un parasite goinfre qu’il est répugnant de voir manger
à table, mais dont on peut rapporter les bons mots. L’affaire Montmaur contribue
donc à transformer le pédant en un personnage ridicule, aux
yeux mêmes de la société mondaine...
La pratique constante de Pierre de Montmaur était de
ridiculiser les hommes par des satires et des sarcasmes en faisant des
allusions à leurs noms, prises à partir du grec et du latin, comme nous le dit
Sallengre dans sa longue introduction. " A la méfiance près, un homme tel que
Montmaur devait cependant être agréable dans un reps, nous dit-il…"
Le mieux est cependant de vous faire votre propre
jugement. Une petite remarque d'un ancien propriétaire mentionne que l'ouvrage
était très rare, à son époque. J'ai bien évidemment listé les différentes
estimations contemporaines de mes honorables confrères pour établir une
moyenne, un écart-type & toutes choses sérieuses qui permettent de ne pas proposer un
prix en fonction de critères subjectifs... Peine perdue ! Pierre
Histoire de Pierre de Montmaur. La Haye, chez Chr. Van Lom, P. Gosse & R.
Alberts, 1715. 1 volume en deux tomes
in-12 (17/11). Reliure plein veau marbré, dos à nerfs, pièces de titre, caissons
ornés de motifs floraux encadrés de filets, filet sur les coupes, tranches
rouges, roulette sur les coupes. Tome I : [3ff-titre], cxxxij, [1f erata], 316
pp orné de 1 frontispice et 6 gravures hors texte. Tome II : 312 pp, [1f bl]
orné de 1 frontispice et 2 gravures hors textes. Edition originale de ce recueil de satires
dirigées contre Pierre de Montmaur, célèbre gourmand et parasite. Planches
gravées par Bleyswick. Coiffes et un mors restaurés. Bel état. 420 € + port
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