Silvio Pellico (1789-1854) : Il est évident que ce martyr politique ne fut pas élevé dans les idées révolutionnaires, tant s'en faut ! Et il ne parait pas non plus qu'il ait eu au cœur cette haine ardente de l'Autriche que l'Italien nourrissait dès ses plus jeunes années, haine nationale à laquelle à laquelle a mis fin seulement la délivrance de Venise.
Il reçut de sa mère des sentiments religieux qu'il garda
dans toute sa ferveur et y puisa une grande partie de sa résignation dans les
dures épreuves et les longues souffrances de sa captivité. C'est, d'ailleurs, le
triste contenu du célèbre ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente. On remarquera cependant que, pour ce qui concerne ce
livre, le dénuement des conditions de
détention de l'auteur est à l'opposé des
qualités éditoriales de l'ouvrage qui brille par la qualité du papier, des
illustrations et de la reliure… Envoyé à Lyon auprès d'un de ses parents pour y compléter
ses études, il prit goût aux lettres et décida de s'y consacrer tout entier. Un
jour qu'il venait de lire le beau poème d'Ugo Foscolo, Les tombeaux, il se
sentit pris d'une nostalgie qui le ramena dans son pays en 1818.
Après quelques succès d'édition, il fonda, avec ses amis,
Il conciliatore, feuille littéraire d'où la politique était bannie – mais dans
un pays opprimé, même les sonnets eux-mêmes font opposition ! Par une fatalité
déplorable, lui qui n'était rien moins que conspirateur et dont le catholicisme
semblait rebelle à tout esprit d'aventure, il se trouva compromis dans un
complot… Une simple lettre demandant la profession de foi du mouvement et les
conditions d'affiliation le trahirent !
Silvio Pellico dans l'ignorance dont il était des choses ne
s'éloignât pas quand les chefs du complot s'enfuirent. Il fut arrêté. Le procès, suivant la législation
austro-lombarde, fut fait sans mémoires, sans plaidoiries, sans confrontation
de témoins, sans communications des pièces au prévenu et sur les seules preuves
de communications téléphoniques privées mises en place illégalement par le pouvoir
en place. Scandaleux, non ? Pellico fut
condamné à mort. Lui-même, dans ses
mémoires, convient que bien qu'innocent sur le fond, la loi lui a été
légalement appliquée et il ne songe pas à se plaindre de ses juges… Ce qui s'ensuivit est inscrit dans les
mémoires que je vous propose ici.
Rien n'est plus propre à faire détester la domination du
plus fort que l'histoire du trop doux, trop patient Silvio Pellico. On admire cet
homme bénin et inoffensif même si on le voudrait moins soumis, moins résigné. Ce
patriote ne fit pas entendre une seule parole de colère ou d'espérance. Nul doute qu'il fut un modèle pour beaucoup de
représentants à la résistance à l'oppression par la non-violence…
On mit beaucoup de temps et d'hésitation à lui commuer sa
peine en années de détention, comme si cette faveur eut été de nature à
compromettre la sécurité de la monarchie autrichienne ! Juste retour des choses, elles lui permirent
de trouver, en retournant dans son pays, l'estime de tous et de toutes pour la
dignité de ses sentiments. Un ouvrage à découvrir et un bel exemple de la
nature humaine… Pierre
Mes prisons. Paris, Jouaust, Librairie des Bibliophiles,
1887. Traduction nouvelle par Francisque Reynard, dessins de Bramtot, gravés
par Toussaint. Un volume in-12 (18/12). Reliure
demi-maroquin brune à coins, plats encadrés d'un double filet doré, dos à
nerfs, filets et motifs estampés entre les nerfs, gardes colorées, tranches supérieure dorée,
couverture conservée. Portrait-frontispice de Pellico et 6 dessins de Bramtot.
X-308 pp. Très bel état. 110 € + port
1 commentaire:
Triste époque où la charge de la preuve s'appuyait sur des communications téléphoniques privées...
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