mercredi 19 juin 2013

Jérôme Savonarole expliqué par François-Tommy Perrens : diable !

Dark Savonarole...
Je ne souhaite pas être le savonarole de la bibliophilie : c'est un lecteur qui me disait ça… Jérôme Savonarole (1452 -1498) fut un prédicateur italien, mystique exalté mais sincère, sans doute involontairement précurseurs de la Réforme. On associe son nom à l'intransigeance.


Son successeur, Machiavel, prôna les principes qui régissent encore les gouvernements occidentaux, de nos jours : pour gouverner en paix, le " Prince " doit associer à sa cause les puissants de l’Eglise et la bonne gouvernance ne se soucie pas bien fondé de la religion. Ceux de Savonarole étaient exactement l’inverse ! Le pouvoir politique doit servir à conforter la religion et instituer les pratiques religieuses. Ce sont ces principes qui sont, aujourd'hui, remis au goût du jour dans certains pays du Moyen-orient.


Savonarole naquit dans une famille de médecins de Ferare et entreprit des études médicales et humanistes. Cependant, il prit ses distances avec une société qu'il jugeait trop cupide, et entra au couvent. Il commença sa carrière ecclésiastique à Bologne chez les dominicains, puis prêcha dans plusieurs villes d'Italie, et devint prieur du couvent de San Marco de Florence (1491) où il connu un grand succès. 

Ses sermons prônaient la repentance et le retour à une vie simple, proche de l'évangile, et même austère. Il prêchait contre une société dégénérée qui recherchait le profit, le luxe et la gloire. Il critiquait en particulier le luxe de la cour papale. Il accompagnait aussi ses sermons de prophéties comme l'arrivée prochaine d'un pape simoniaque, l'arrivée d'un Cyrus moderne ou sa propre perte sur un bûcher. En 1492, Alexandre VI Borgia fut effectivement élu pape grâce à l'achat de voix des cardinaux, et en 1494 le roi de France Charles VIII envahit l'Italie. 


Il devint néanmoins très apprécié, tant auprès des plus illustres (il fut le confesseur de Laurent de Medicis et de Pic de la Mirandole) que des plus humbles. Lorsqu'en 1494, les Médicis soutinrent l'invasion de Charles VIII, Savonarole encouragea la révolte des Florentins contre leurs dirigeants. Pierre de Médicis s'exila, et Savonarole s'imposa comme le chef politique de la cité.


Fort de ce pouvoir politique et religieux, il interdit les fêtes profanes, le jeu, les images dans les lieux de culte, il demanda le port de costumes austères, et surtout, il organisa les bûchers de vanité où les Florentins étaient invités à venir brûler leurs effets personnels trop luxueux les peintres, leurs tableaux impudiques et les écrivains leurs livres libertins.... Cette volonté d'imposer l'austérité à la riche cité divisa ses habitants. Savonarole entendait réformer l'Église et la société en faisant des Florentins le " peuple élu ", instrument de Dieu. Les idées politiques du dominicain étaient étroitement liées à ses projets de réforme religieuse et morale. Une opposition à Savonarole naquit.

Ses attaques toujours plus virulentes contre le pape lui valurent d'être convoqué à Rome (1495). Il ne s'y présenta pas, continua ses sermons accusateurs, fut excommunié (1497) et le pape exigea son arrestation. Son puritanisme mystique dérangeait. Il fut finalement livré à un tribunal d'Inquisition. Condamné à mort avec deux de ses disciples, il fut pendu sur le champ, son corps brûlé en public et ses cendres jetées dans l'Arno. Sa troisième prophétie fut donc réalisée. Pour sa réincarnation, on est pas pressé... Pierre


PERRENS (F.T.). Jérôme Savonarole d'après les documents originaux et avec des pièces justificatives en partie inédites. Ouvrage couronné par l'Académie française. Troisième édition. Paris, Hachette, 1859. Un volume in-8. 453pp. Reliure demi-chagrin rouge, dos à nerfs, titre en lettres dorées, gardes colorées, couvertures conservées, Bel état. Vendu

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Vasoranoel.
C'est sorti spontanément!
Sort de mon ordi!
;-)
Bien à vous.
Sandrine.

Pierre a dit…

Son côté "antéchrist" lui fait jouer avec notre clavier dès que nous avons le dos tourné ;-)) Pierre

Textor a dit…

Florence se vautrait dans la luxure, l’église était corrompue, il fallait un pur pour dire la vérité que personne ne voulait entendre. Il savait que sa franchise le mènerait au bucher.
Textor

Pierre a dit…

Il y avait dans sa démarche, dans sa proximité aux pauvres et dans sa Foi, un petit côté "prophète" qui aurait pu en faire un Saint ou un Martyr si on l'avait brulé sur une croix. Il fut donc pendu ! Pierre