Je reprends un article que j'avais écrit en novembre 2012 sur Judith Gautier. Après vous avoir proposé un premier ouvrage qui a eu un beau succès d'estime (ignoré par mes lecteurs), me voilà qui vous en présente un autre, bien plus luxueux, bien plus rare, et toujours aussi fidèle aux choix littéraires de l'auteure...
Si vous allez à Saint-Énogat, tout à coté de Dinard, vous remarquerez peut-être une tombe portant une date, 1917, un nom, Judith Gautier et une épitaphe en chinois, La lumière arrive... Cette sépulture est celle d'une grande écrivaine de la fin du XIXeme siècle qui eut pour gloire, outre ses talents, d'avoir été la première femme à intégrer le prestigieux jury Goncourt… Fille de Théophile Gautier et épouse éphémère de Catulle Mendes, elle est aujourd'hui oubliée des lecteurs alors qu'elle fut avec Pierre Loti, une digne représentante de la littérature exotique de l'époque.
« Voilà donc une femme dont la vie d’imagination
s’est passée tout entière en Asie ; ses études et beaucoup de ses lectures
ont porté sur des littératures profondément différentes des nôtres ; ses
relations sociales même se sont ressenties de ce goût si prononcé pour
l’exotisme. Il est difficile d’aller chez Mme Judith Gautier sans y
rencontrer quelque japonais mal travesti par le costume européen, ou deux ou
trois brillants mandarins en robe nationale, dont la tresse se balance sur leur
dos, cependant qu’avec une politesse charmante ils s’inclinent. Son salon est
une académie asiatique. » Disait Remy de Gourmont !
Pour comprendre qui fut Judith Gautier, on ne peut faire
l’impasse sur l’univers bourgeois et libertaire de son père, Théophile
Gautier, qui la protégea autant qu’il lui rogna les ailes. Elle y rencontre
ainsi, en 1861, celui qui allait lui permettre de s’émanciper de la littérature
de son père, en devenant l’élève d’un transfuge de la Grande Muraille,
Ting-Tun-Ling, ramené en Europe par un archevêque, Mgr. Callery, désireux
d’élaborer un dictionnaire franco-chinois. Tandis qu'elle s’initiait aux
secrets de la langue, de l’écriture et de la culture chinoises, elle
publia en 1867, sous le nom de Judith Walter, Le
Livre de jade, un recueil de poésies regroupant des textes, parfois
très librement interprétés, de célèbres poètes chinois.
Cette femme étrange, dont la grande beauté subjuguait les
uns, tandis que son intelligence et son indépendance d’esprit la faisaient haïr
des autres, devint la première femme admise à l’Académie Goncourt,
succédant ainsi à Jules Renard .
L’Exposition universelle de Londres en1862 où elle se rendit
avec son père, marqua son premier contact avec la culture japonaise,
dont elle célébra plus tard les rites et les coutumes dans L’Usurpateur (1875), un roman qui fut couronné
par l’Académie française.
Dans ces Poèmes de la libellule que je propose aujourd'hui à la vente,
Judith Gautier s’est inspirée des traductions littérales de Saionji pour écrire
des poèmes en cinq vers rimés, totalisant 31 syllabes. Robert de Montesquiou
écrivit : " Dans ses poèmes qui firent pour le Japon ce
que le Livre de Jade avait fait pour la Chine, elle dota la poésie française
d’une strophe nouvelle, d’une strophe qui n’est dans Ronsard ni dans Banville.
Cette strophe était l’outa japonais exactement transposé en notre prosodie,
avec le même nombre de syllabes ". Cet ouvrage, assez rare à la vente, ne se trouve plus que
chez quelques collectionneurs. Une aubaine ? Pierre
GAUTIER, JUDITH - Poèmes de la Libellule. Paris, paru hors
commerce chez l’auteur, sans date (1885). Un volume in-folio de 64 feuillets
non chiffrés. Broché à couverture illustrée. Édition originale et premier
tirage tiré à petit nombre sur papier Japon. Chaque page contient un seul poème
imprimé sur un dessin monochrome de Yamamoto. 8 dessins sont également répartis
dans l’ouvrage. Sept poèmes, tous sur fond de libellules, sont également
accompagnés d’une planche en couleurs. Quelques piqûres sur les couvertures,
trace de petite déchirure sur le dos, pas de rousseurs. Bel exemplaire de ce livre qui
contribua à l'essor du japonisme en France au début du XXeme siècle. Peu
fréquent. Vendu
1 commentaire:
Grosse période orientaliste ! Je suis zen... Pierre
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