lundi 13 août 2012

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : La mauvaise réputation des célibataires...

Pourquoi me demande t-on toujours de parler de l'amour alors qu'il est de notoriété publique que je suis célibataire et bien content d'en être ? C'est exactement la question que je me posais, ce matin, en ouvrant le rideau de la librairie de Pierre. En effet, une jeune femme au demeurant fort jolie, venait de s'enfuir devant moi, laissant derrière elle un frais parfum de lavande et un petit mot glissé dans ma main :

Cher Maître,

Je suis au désespoir de vivre avec un compagnon qui ne veut pas entendre parler du mariage. Nous nous aimons mais cette union sans socle me semble vouée à l'échec. Qu'en pensez-vous ?


Elle lira, sans doute, ma petite causerie et ce billet est donc écrit pour elle. Vous pouvez aussi, par vos judicieux commentaires, l'aider à tracer un profond sillon dans le chemin qui va la conduire au bonheur…


Chère demoiselle, pour rester célibataire, un mâle doit faire montre de qualités d'intelligence et de caractère tout à fait exceptionnelles. J'incline assez à croire qu'il a raison, peut-être simplement, d'ailleurs, parce que je suis célibataire moi-même. Remarquez bien que je ne dis pas " encore célibataire " ce qui prouve bien la ferme volonté qui anime mon âme.

Être célibataire est un état un peu scandaleux aux yeux des gens mariés, je le sais. Ils savent bien, eux qui ont choisi la meilleure part, qu'on ne résiste bien à la nature qu'en y cédant et que pour n'avoir pas de femme qui lui soit propre, le célibataire se voue à la carrière hasardeuse de butineur professionnel de nos corruptibles compagnes.

Je crois bien que je suis resté célibataire parce que j'adore lire le journal à table en picorant négligemment dans mon assiette sans évoquer la vie de mes voisins, parce que je n'écoute pas la radio ni ne regarde la télévision sans une circonspection qui tourne au négativisme et que je suis imperméable à toutes les émissions qui dégoulinent de bons sentiments sur la vie en couple.

Je n'ai jamais acquis le complexe de l'amour, en fait, et ne confonds pas l'amour avec le désir. Les amours royales ou princières me saturent jusqu'à l’écœurement. Celles des stars du petit et du grand écran idem. La vileté des gens qui écrivent ça et de ceux qui les lisent est quelque chose de confondant. De même qu'on convainc le troupeau, à force de publicité, que le déodorant " tupuplu " n'est pas fait pour vous empêcher de sentir mauvais mais qu'il est un moyen de séduction, de même on inculque aux dociles que l'amour, ressort ultime de notre vie, source de bonheur, nous attend à chaque seconde et qu'il faut s'y soumettre.

Alors, quand on trouve un intérêt particulier pour un sujet de l'autre sexe [la mode est néanmoins à l'unisson sexuel] , on en a tellement lu, vu et entendu sur l'amour que sous peine de se croire un monstre, on s'imagine que c'est arrivé et on confond – avec la caution de nombreux de mes confrères écrivains et journalistes – le désir avec l'amour avec un grand A… A nous le mariage, les allocations et le divorce avec un grand D… Donc, penser à cette réflexion de Napoléon qui en connaissait un bout sur la stratégie : En amour, il n'y a qu'une victoire, c'est la fuite !

Quand enseignera t-on, dès l'école maternelle, que l'amour est chose magnifique, mais rare, et peut-être pas si éternelle que le disent les poètes, puisqu'il est plus facile de mourir pour la femme qu'on aime que de vivre avec elle…

Mais je peux me tromper !

Votre dévoué. Philippe Gandillet


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense plein de choses là-dessus, mais vous les connaissez, je suis sans doute trop dans une période "off" pour ne pas être objective !

N.

Pierre a dit…

Notre causeur du lundi est quand même un sacré baratineur ;-)) Pierre