vendredi 3 août 2012

Antoine de la Sale : Les Cent Nouvelles grivoises d'un Roi de France...

Voici un ouvrage dont personne n'a jamais désiré s'attribuer la paternité. Dans la préface (j'allais écrire la préfesse) du Tome I, l'éditeur nous suggère que l'ouvrage libertin est à attribuer à Boccace avec son Décameron… En fait, il s'agit de récits grivois de même nature, écrits pendant la même période et dans une aire géographique proche (l'Italie). Ce fut un genre littéraire qui connaîtra son apogée pendant la Renaissance et jusqu'au qu'au XIXe siècle avec Les Cent Contes drolatiques d'Honoré de Balzac ! Dans la même veine, vous trouverez plusieurs auteurs, tant de langue italienne que française, L'Heptaméron de Marguerite de Navarre en étant la plus fidèle reproduction en littérature française, Les Contes de Cantorbéry de Chaucer, l'équivalent dans la langue de Shakespeare...

Dans le Decameron, dix jeunes gens, narrant chacun une nouvelle pendant dix jours, produisent un total de cent nouvelles. Ici le principe est le même avec les cent nouvelles nouvelles attribuées à Antoine de la Sale.

L'auteur naquit en Provence, dans la région arlésienne, vers 1386 (peut-être à Tarascon ?). Il voyagea en Italie et fut attaché d'abord à Louis III, duc d'Anjou, roi de Sicile, qui le prit comme secrétaire de 1423 à 1434. À la mort de ce prince, il passa au service de notre " bon Roi René " d'Anjou. En 1448, déçu, car il avait été peu rémunéré pour ses services, La Sale quitta René d'Anjou et vint dans le nord de la France, à la cour de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, futur connétable de Louis XI, qui le présenta peut-être à Philippe le Bon. Celui-ci avait alors donné asile au Dauphin fuyant la colère de son père. La Sale ne tarda pas à s'attirer les bonnes grâces de l'exilé, qui l'aurait invité à collaborer aux Cent Nouvelles Nouvelles que je vous présente aujourd'hui à la vente.

Ces Cent Nouvelles nouvelles, dites du roi Louis XI, recueil de contes, ont été composées de 1456 à 1461 à la cour du duc de Bourgogne pendant le séjour que fit au château de Genappe le dauphin Louis. Pour distraire les ennuis de l'exil du dauphin, chaque seigneur à son tour faisait un récit croustillant. Un secrétaire, ajoute la tradition, recueillit ces histoires. On s'accorde à reconnaître aux Cent nouvelles nouvelles, un auteur unique qui leur donna sa forme et son style. A n'en pas douter, cet auteur est Antoine de La Sale, à qui l'on doit encore Les quinze joyes du mariage et l'Histoire du petit Jehan de Saintré !

Certains critiques excluent pourtant cette attribution. La Sale ne serait pas l'auteur des Cent Nouvelles nouvelles et n'y collabora pas, même si effectivement la cinquantième de celles-ci (La Cinquantiesme Nouvelle par monseigneur de La Salle, premier maître d'hôtel de monseigneur le Duc) porte son nom. Bon ! Mais alors, qui a écrit ces petits récits grivois ?

Dans l'édition publiée en 1486 par Ant. Vérard, les Nouvelles portent les noms de ceux qui les contèrent, et celles qui sont attribuées à Monseigneur, sans autre désignation, appartiennent, dit l'éditeur, au dauphin lui-même. De là à dire que l'auteur de l'essentiel livre est Louis XI, le scoop est défendable ;-)) Pierre


SALE (Antoine de) & Louis XI : Les cent nouvelles. Suivent les cent nouvelles contenant les cent histoires nouveaux qui sont moult plaisans à raconter en toutes bonnes compagnies, par manière de joyeuseté. La Haye, Chez P. Gosse Neaulme, 1733. 2 volumes au format in-16. Reliure plein veau marbré. Plat encadré d'un triple filet doré, dos lisse avec motifs dorés, pièce de titre et de tomaison en maroquin cerise, roulette sur les coupes. Page de garde en papier coloré, toutes tranches colorées. Beaux ouvrages en parfait état intérieur et extérieur. 120 € + port

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