jeudi 26 janvier 2012

Le monde clérical, contre-révolutionnaire et royaliste prôné par Blanc de Saint-Bonnet et François Guizot.

La fin du régime royaliste en France, au milieu du XIXeme siècle engendra de grandes inquiétudes pour une part de la société arc-boutée sur ses valeurs traditionnelles après l'échec malheureux des espérances portées par la Révolution Française. Un courant ultramontain (et ultra-mondain quelquefois) vit le jour avec comme fer de lance Lacordaire, Lamenais ou Veuillot, en grande partie hostiles à des régimes dont la politique d'inspiration anticléricale, ou dans le meilleur des cas, gallicane, effrayait les membres de la communauté catholique de l'époque. La deuxième république avortée (provisoirement étouffée par le deuxième empire) ne fit rien pour les rassurer. Les années 1880-1905 leur donnèrent même raison et montrèrent que le clergé n'avait plus rien à attendre de favorable de la République, et ce, jusqu'au compromis de 1905 conduisant au vote de la loi de séparation des Églises et de l'État.


Je vous présente aujourd'hui un ouvrage fort intéressant regroupant deux textes établis par des partisans de ce courant ultramontain, clérical, conservateur et contre-révolutionnaire. Je ne vous présente plus Guizot dont j'ai déjà présenté de beaux ouvrages sur ce blog, par ailleurs. Ce testament politique qu'il publia peu après l'élection de Louis-Napoleon. Très critique vis-à-vis de la "république démocratique et sociale", il analyse les causes de ce qu'il considère être un échec de la démocratie véritable incarnée par le gouvernement de "juste milieu" qu'il avait tenté d'instaurer. Laissons plutôt la place à un militant beaucoup moins politique en la personne de Antoine-Joseph-Elisée-Adolphe Blanc de Saint-Bonnet (il s'appelait Antoine Blanc, en fait !).


Né en 1815 à Lyon, c'est un philosophe et sociologue français, attaché aux valeurs du catholicisme qu'il propose comme socle de notre société. Sa particule n'est là que pour le localiser, et, littéralement, le particulariser. Blanc est un patronyme assez commun ; pour éviter des confusions, Joseph Blanc, père d'Antoine, avait pris l'habitude de signer Blanc-Saint-Bonnet, du lieu dont sa famille était issue…


Il fut sans doute l'un des auteurs royalistes les plus importants du XIXeme siècle. Digne successeur de Joseph de Maistre, il est l'un des plus grands penseurs de la contre-révolution, et du mouvement anti-libéral. Malheureusement méconnu du grand public actuel, il fut pourtant très prolifique. De la Douleur (1845), de l'Unité Spirituelle (1841), La Restauration française (1851), L'Infaillibilité (1851), la Légitimité (1873), etc.... De nombreux ouvrages sont encore méconnus, car ils ne furent pas tous imprimés à un très fort tirage. La Raison, l'une des ses œuvres les plus recherchées par les bibliophiles (dont je présente le texte fondateur), fut tiré à seulement 60 exemplaires en 1866. Il y condamne par exemple le "cogito ergo sum de Descartes", et s'attaque aux autres pensées philosophiques de son temps. Dans nombre de ses oeuvres, il revient sur les liens qui existent entre Raison et Foi, entre l'Homme et le Ciel.


Comme Guizot en 1854 (dont le texte est associé dans l'ouvrage proposé), en 1851, il réagit à la révolution de 1848 en publiant La Restauration française où il aborde les questions économiques et sociales avec une pertinence que lui reconnaîtront ses opposants sur le plan politique. Ce sociologue s'affirme anti-libéral tant en économie qu'en politique. Il s'oppose à l'industrialisme (on dirait aujourd'hui : le capitalisme), aux effets néfastes de la démocratie ; il condamne ensemble et le socialisme et le libéralisme. Reconnaissez que, si ce n'est guère politiquement correct, c'est au moins courageux ;-))


Dans ce texte intitulé " De l'Affaiblissement de la raison", il se prononce en faveur d'un emploi plus étendu des classiques chrétiens et défend les études littéraires qu'il croit menacées par l'envahissement des mathématiques ou des sciences physiques. La première partie de l'opuscule se penche sur la question de la raison et de la manière de s'en servir. Ce sera le point de départ philosophique sur lequel l'auteur développera les futures thèses de l'infaillibilité (pontificale) et de la Raison. On n'est pas obligé de cautionner mais dire que les valeurs de la France ne sont que républicaines alors qu'elles sont le fruit de notre histoire grecque, romaine et chrétienne n'est pas une insulte à la pensée humaine… Pierre


SAINT-BONNET (Antoine BLANC DE). De L'affaiblissement de la raison et de la décadence en Europe. Paris, Hervé éditeur, 1854. Deuxième édition.186pp. GUIZOT (François). De la démocratie en France. (Janvier 1849). Paris, Victor Masson, 1849. 159 pp. Edition originale. In-8, demi-basane, dos lisse, tranches mouchetées. Bon état intérieur et extérieur. Infimes rousseurs. 68 € + port

2 commentaires:

Li-An a dit…

Je suis bien d'accord avec la conclusion mais les mêmes catho ont fait la fine bouche avec les Gaulois... C'est bien connu, l'Histoire ne commence qu'après un bon baptême :-)

Pierre a dit…

L'histoire de France, oui, dans les manuels ;-)) Pierre