mardi 10 janvier 2012
Jonathan Swift : une sévère critique de l'homme qui a produit par ailleurs de très beaux cartonnages à plaque…
Les voyages de Gulliver font partie de ces ouvrages que tout le monde connait mais que peu ont lus. Il faut même préciser que seul le premier voyage de Gulliver est entré dans notre collectif littéraire grâce aux liliputiens, peuple imaginaire dont on a tiré un nom et un adjectif dans la langue française…
On tient souvent cet ouvrage pour un conte pour enfants sans doute parce que de nombreuses éditions très édulcorées ont rapidement paru dans les bibliothèques spécialisées en littérature enfantine comme celle que je vous propose aujourd’hui. Il s'agit en fait, au-delà de la satire, d'un conte philosophique qui rapproche Swift de Voltaire, son contemporain et son confrère.
Cette œuvre, écrite à la première personne, divisée en quatre parties, a été publiée pour la première fois en 1726 sous le nom de Lemuel Gulliver à cause des risques de représailles politiques que son auteur prenait. La première partie retrace les aventures de Gulliver à Lilliput (et non pas Lili-pute comme l’écrivent mes enfants !) peuple petit par la taille. Le deuxième voyage à Brobdingnag est encore lié à un naufrage (les mers sont peu sûres à cette époque) au cours duquel le héros rencontre des géants. La troisième partie nous fait découvrir un royaume peuplé d’hommes de science et les femmes adultères (texte souvent censuré) puis on entre dans la science-fiction avec le quatrième voyage où le monde est dominé par des chevaux-pensants … La vrai question posée par Swift dans ces quatre voyages est en fait : Doit-on être fiers de la nature humaine ?
Jonathan Swift disait dans une lettre, un an avant l'impression de son livre : "Le principal but que je me propose dans tous mes travaux est de vexer le monde plutôt que de le divertir... Voilà la grande base de misanthropie sur laquelle j'ai élevé tout l'édifice de mes Voyages." Donc, de livre pour enfant : Point !
C'est, en effet, la faiblesse, la vanité de ses semblables que Swift a voulu faire ressortir dans une fiction aussi ingénieuse que hardie. En conduisant successivement son héros dans des mondes irréels, il le place dans des situations et des embarras où la misère humaine apparaît sous le jour le plus ridicule, et il fait jaillir de cette combinaison une foule de contrastes inattendus et d’effets comiques. Cela nous rappelle, bien évidemment, Montesquieu et Voltaire qui ont utilisé des moyens analogues pour leurs contes…
L’ouvrage que je vous propose à la vente a ceci d’intéressant que la plaque historiée utilisée pour orner le dos de l’ouvrage est à la fois jolie et rare. Pour collectionneurs, donc… Pierre
SWIFT (Jonathan). Voyages de Gulliver dans les contrées lointaines. Nouvelle édition, corrigée et revetue de l’approbation de M. l'Abbe Lejeune, chanoine de la métromople de Rouen, illustrée de 20 grands dessins par Bouchot, gravés par MM. Brugnot, Chevin, Trichon, Pouget et Budzilowicz. Paris, P.C Lehuby, sd (1850). Format petit in-8 (19,5/13cm). Cartonnage éditeur pleine percaline noire gaufrée, motif doré identique sur les deux plats, dos orné d’un joli décor historié avec le titre de l’ouvrage en lettres dorées. Toutes tranches dorées. Le soin tout religieux avec lequel on a retranché de cet ouvrage tout ce qui peut blesser la morale (sic) fait de cette édition un intéressant spécimen de livre expurgé à l'usage de la jeunesse… Des rousseurs dans le texte. Une restauration malhabile sur le dos avec une petite adhérence. Bel état général. Exemplaire rare dans cette édition au dos historié. 45€ + port
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5 commentaires:
Les voyages de Gulliver figurent très très haut dans mon palmarès personnel. Mais Gulliver expurgé par les curés, et fût-il recouvert d'un cartonnage romantique (qui ne constitue d'ailleurs pas mon type de reliure préféré), heu…
;-)
Pauvres curés qui ont été obligés de lire la version originale pour en faire une version présentable ! Quel sacerdoce ;-)) Pierre
J'ai lu, pour la première fois de ma longue vie, les Voyages de Gulliver, il y a moins de 3 mois, dans l'édition Quantin de 1884. Il s'agit d'une édition illustrée mais intégrale non expurgée. Comme Pierre le dit, c'est le voyage à Lilipput qui est le plus, pour ne pas dire le seul connu ; mais c'est la quatrième partie, chez les Houyhnhnms, qui est la plus inquiétante pour les pauvres Yahoos que nous sommes. Est-ce ce vocable qui a inspiré le nom du Portail Web ?
René de BLC
Mais qu'est-ce qui se passe ? tout est écrit en italique maintenant ? je pensais à un bug ponctuel, mais ça dure.
Oui, au fait, qu'est-ce qui a bien pu suggérer à Yahoo d'aller chercher un nom pareil, aussi peu valorisant ? D'autant que, pour les anglophones qui n'ont pas lu Swift (il doit y en avoir), un yahoo c'est… un plouc.
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