jeudi 2 avril 2015

L'alphabet des aveux par Louise de Vilmorin. La muse s'amuse...


Je méditerai ; tu m'éditeras… semble dire Louise de Vilmorin à Gaston Gallimard, son éditeur. Et c'est vrai que cet ouvrage médité méritait d'être édité. De reconnaissance, on en enlacerait son auteur sans jamais s'en lasser… 


Fille d’une célèbre famille de grainetiers, Louise de Vilmorin est le premier grand amour d’Antoine de Saint-Exupéry et devient sa fiancée. Louise initie le Club GB (Groupe Bossuet) - une société humoristique - dont son frère Olivier est un des membres fondateurs. Pour sa part, Antoine reçoit le titre de Grand poète sentimental et comique (sic).


Louise Lévêque de Vilmorin grandit avec ses frères et sa sœur entre le château de Verrières-le-Buisson et l’hôtel particulier parisien. Soignée d’une tuberculose osseuse à la hanche, elle boite un peu mais n’en reste pas moins un parti très intéressant pour les jeunes hommes qui lui font une cour assidue. Antoine est introduit chez les Vilmorin par ses condisciples à Saint-Louis. Louise les reçoit dans sa chambre située au 3eme étage où elle peint, joue du violoncelle, écrit des poèmes et fume des "Craven". Antoine en tombe amoureux et réussit à la séduire.


Antoine éprouve des sentiments sincères pour Loulou. Ils se fiancent et le mariage est programmé pour la fin de l’année 1923. En août, Antoine rejoint Loulou dans le Jura suisse où les deux jeunes gens filent le parfait amour. Louise écrit à madame de Saint-Exupéry : « Je veux vous dire que j'aime Antoine d'un vrai grand amour et que ma vie et toutes mes pensées sont à lui.(…) Quand nous serons mariés, nous serons pour vous les plus tendres enfants du monde ».


Riches, parisiens et mondains, tout semble opposer les Vilmorin aux Saint-Exupéry sans fortune, provinciaux et naturalistes. Antoine est surnommé le "Pachyderme incertain" par le Bottin mondain.... Habituée à recevoir ministres et politiciens, Madame de Vilmorin considère Antoine comme un parti peu brillant. Il a échoué au concours d’entrée à Navale, de plus il est hospitalisé suite à un grave accident d’avion quelques semaines avant de terminer son service militaire. Ne s’imaginant pas future veuve, Louise lui demande de renoncer à sa passion : l’aviation. Il promet. Sans situation, la famille sollicite un de leur ami pour lui trouver un emploi de bureau aux Tuileries de Boiron.


Les fiançailles sont rompues après seulement quelques mois, plongeant Antoine dans une grande tristesse. Cette expérience amoureuse contrariée contribue à l’élaboration de ses premiers récits ; Louise lui inspire le personnage de Geneviève dans Courrier Sud. Il continuera de lui écrire durant de nombreuses années et ne l’oubliera jamais. Louise de Vilmorin publiera des recueils de poèmes et nombres de ses œuvres seront adaptées pour le grand écran. Elle terminera sa vie avec un amour de jeunesse, André Malraux.


Descendant de l’illustre Victor, Jean Hugo (1894-1984) fut un artiste discret qui eu une belle carrière dans l'illustration des livres d’artiste. L'ouvrage proposé aujourd'hui en est un remarquable exemple. Un artiste au service d'une artiste : quand Hugo dessine, sa muse s'amuse… Pierre


VILMORIN (Louise de). L'alphabet des aveux. Illustré par Jean Hugo. Paris, NRF-Gallimard, 1954. (Fausse) Mention de 4ème édition. Holorimes, calligrammes, rébus, allitérations, palindromes, l'Alphabet des Aveux est une merveille de virtuosité et de fantaisies tout aussi phonétiques que poétiques, admirablement illustrées par Jean Hugo. Reliure façon vélin, plats et gardes colorés, pièce de titre, couverture illustrée.170 pages. Très bon état. Vendu

2 commentaires:

Hugues a dit…

Merci Pierre de m'avoir rappelé Louise de Vilmorin. Ce trèfle du reste me rappelait quelque chose...
Je complète modestement votre message par quelques lignes sur le Blog du Bibliophile: http://bibliophilie.blogspot.fr/

Pierre a dit…

Quel satisfaction de travailler à quatre mains, Hugues ! Quand les blogs ne seront plus là, nous nous manquerons ;-)) Pierre