Jacques Vergier, né à Lyon, (1657-1720) n'a rien publié de son vivant. En revanche, de très nombreuses éditions posthumes de ses écrits ont vu le jour au XVIIIème siècle. C'est que beaucoup de ses contemporains ont vu en lui un égal de M. de La Fontaine.
Ne voulant pas prendre partie, ici, j'ai pensé qu'une
correspondance entre les deux poètes - tirée de l'ouvrage que je mets à la
vente aujourd'hui - vous permettra d'étayer votre jugement : La Fontaine à Vergier, s'ouvrant du coup de foudre qu'il
eût pour une (très-très-très) jeune femme croisée dans un Salon...
Ma lettre vous fera rire ;
Je vous entends déjà dire,
Cet homme n'est-il pas fou ?
Dans l'entreprise qu'il tente
Il est plus près du Pérou
Qu'il est du cœur d'Amarante… […]
Je n'ai pas besoin de vous exhorter à prendre la chose un
peu moins tragiquement, que ne le porte mon aventure. Il me semble même que ces
vers ne sont nullement tragiques : vous pourrez vous en moquer tant qu'il vous
plaira, je vous le permets.
L'Abbé Vergier lui répondant en ami – faussement - détaché
des belles créatures que Dieu met sur notre route...
Que vous vous trouviez enchanté
D'une beauté jeune et charmante
L'aventure est peu surprenante
Quel âge est à couvert des traits de la beauté ?
Ulysse, beau parleur, ni moins vieux, ni moins sage
Que vous pouvez l'être aujourd'hui
Ne se vit-il pas malgré lui
Arrêté par l'amour sur maint et maint rivage ? […]
En parlant d'Ulysse, j'ai fait réflexion que le titre
d'Odyssée, conviendrait peut-être mieux à vos aventures, que celui de l’Iliade que
vous leur donnez (il s'ouvre à lui de la commodité de son statut de prêtre incorruptible !).
Digne nourrisson de l'aise et du sommeil,
Je me trouvais le teint plus frais et plus vermeil,
Je me trouvais d'autres vertus encore
Vertus des Abbés seulement,
Et que tout autre humain ignore…
L'heureux homme ! Il fut nonobstant assassiné d'un coup
de pistolet, à Paris, en revenant de souper de chez un de ses amis. La gloire - ou
l'absence de gloire - ne tient qu'à une Cartouche. Et c'était justement le nom de
son meurtrier… Pierre
Vergier (Jacques). Œuvres diverses de Mr Vergier,
commissaire de la Marine. Nouvelle édition, plus ample & plus correcte que
les précédentes. A Amsterdam, Chez N. E. Lucas, 1731. 3 volumes in-12. Reliure
pleine basane blonde, dos à nerfs, caissons fleuronnées, roulette sur les
coupes, toutes tranches rouges. Tome I : [1f bl], [6ff page de titre], 272pp,
[2ff table], [1fbl]. Tome II : [1f bl], [1f page de titre], 245pp, [2ff table],
63pp ( D. Juan et Isabelle),[1fbl]. Supplément au tome II : [1f bl], [1f page
de titre], 234pp, [3ff table], [1fbl]. Des usures aux coins, manques à
certaines coiffes, intérieur très frais. Ex-libris. Bel ensemble assez rare. Vendu
2 commentaires:
Un ami m'envoie cette fable qui n'est pas de Vergier...
Maitre corbeau sur un arbre perché
Glandait à ne rien faire toute la journée
Un lapin voyant le corbeau
L'interpelle et lui demande aussitôt :
Moi aussi, comme toi, puis-je m'asseoir
Et ne rien faire jusqu'au soir ?
Le corbeau lui répond de sa branche :
Bien sûr ami à la queue blanche.
Je ne vois pas ce qui pourrait, mon beau,
De la sorte t'empêcher le repos.
Blanc lapin s'assoit par terre
Et sous l'arbre reste à ne rien faire.
Tant et si bien qu'un renard affamé,
Voyant le lapin somnoler,
S'approche en silence
et en fait sa pitance.
Moralité
Pour rester assis à ne rien branler,
Mieux vaut être très haut placé...
Jacques Vergier faisait partie d'une congrégation bacchique dont les membres actuels honorent encore sa mémoire. Cet ouvrage va donc, au titre de la conservation de notre patrimoine, rejoindre de prestigieux rayonnages qui entendront tinter le cristal des verres ! In vino veritas... Pierre
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