Pourquoi le musée Carnavalet avait t-il consacré
ces conférences à Mme de Sévigné ? Pour le tricentenaire de sa naissance ? Bien
évidemment. Mais aussi parce que cet hôtel fut son lieu de villégiature, à la
fin de sa vie…
Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de
Sévigné, célèbre épistolière, habita, en effet, en location l’hôtel Carnavalet jusqu’en 1696,
année de sa mort. Sa gloire se répandit sur celle de l’hôtel et accessoirement
sur le musée, toujours connu aujourd’hui comme la demeure de Madame de Sévigné.
Plusieurs salles sont consacrées à son souvenir.
J'en veux pour preuve le tableau qui orne une des salles
du musée. Ce portrait est presque constamment resté dans la descendance de
l’épistolière jusqu’en 1937. Son auteur est l’un des meilleurs portraitistes
français du XVIIe siècle. On peut lui attribuer une date comprise entre 1662 et
1665. La marquise de Sévigné a donc un peu moins de quarante ans. Elle porte
des vêtements de petit deuil, étant veuve depuis l’âge de vingt-cinq ans (on
sait que son mari, qui ne l’avait pas rendue heureuse, fut tué dans un duel par
le chevalier d’Albret). La gravure réalisée par Pelletier de ce portrait servit
d'ailleurs de frontispice à la deuxième édition des Lettres de Madame de
Sévigné, publiée en 1754 par le chevalier Perrin.
Avant de visiter les salles du musée Carnavalet, je vous
conseille de vous arrêter dans la cour ancienne de l’hôtel Carnavalet. C’est au
milieu de cette cour, en effet, qu’a été remontée, en 1890, la statue de Louis
XIV, en bronze, dont Antoine Coysevox est l’auteur. Cette statue pédestre
est l’une des rares effigies monumentales du Roi-Soleil qui aient échappé aux
destructions révolutionnaires.
Pourquoi cette statue chez la Marquise de Sévigné ? Parce
que jamais geste royal n'eut plus heureux effet sur le développement des
lettres – des lettres d'une mère à sa fille, plus exactement… Supposons qu'au
lieu d'avoir nommé M. de Grignan Lieutenant-général en Provence et de l'avoir
maintenu si longtemps dans ce poste lointain, Louis XIV lui eut accordé une
charge à Versailles, par exemple, et qu'au lieu de vivre chacune à un bout de
la France, la mère et la fille se fussent trouvées à portée de voix, que fut-il
advenu, de cette fameuse correspondance qui fait encore le délice de quelques
gourmets de la langue française ?
Quelques lettres au cousin de Bussy n'auraient pas suffi
à établir la réputation de la grande épistolière. Que saurions-nous d'elle, de
son cœur, de sa maison, de ses amis ? Que resterait-il de ces chefs d'œuvre d'esprit
?
C'est exactement ce que je me disais, hier soir, alors
que nos deux filles étaient branchées successivement sur Skype avec mon épouse
[Le décalage horaire nous fait bénéficier à la même heure - extrêmement tardive
- de nouvelles de Torronto et de Mexico]. Si Internet n'existait pas, elles
auraient le plaisir de nous lire, de garder nos courriers dans une petite boite
en métal estampé et, plus tard, de faire revivre notre mémoire en évoquant nos échanges
épistolaires. Alors que là… pfffftttt… Pierre
Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné. Paris, M. et J. de Brunoff, 1926.Un volume in folio (33,5/25,5). Broché à couverture rempliée illustrée (fac-similé
d'une reliure à dentelle à ses armes). [1fbl], 5ff-pages de
titre], 204pp, [1f], [2ffbl]. Exemplaire n° 391/500. Dédicace d'un mécène à
Gabrielle Reval. Très beau papier, riche iconographie. Ensemble de conférences.
Bel état. 80 € + port
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