À Paris, particulièrement, des femmes et des hommes de
qualité ont accueilli dans leur salon tous les beaux esprits de leur temps,
écrivains, artistes et savants, en leur offrant l'opportunité de débattre et de
soumettre leurs travaux et leurs écrits à l'épreuve de la critique. Elles ont
ainsi permis une effervescence intellectuelle sans équivalent en France et même
dans le monde à aucune autre époque.
La philosophie de l'échange, voire la philosophie tout
court, trait essentiel des Lumières, gagne
ses lettres de noblesse dans ces «salons» parisiens, imités en province
et à l’étranger, lieux de conversation où triomphe tout un art de vivre, voire
un art de la parole. Notons au passage que les contemporains utilisent rarement
le terme «salon», mais plutôt maison, société, compagnie ou dîner.
La Cour de Versailles cesse d’être le centre du pays et la source de l’opinion :
le mouvement des idées se fait contre elle et non plus pour elle. Dans ces salons, on donne la primauté
non plus aux jeux littéraires ou aux jeux d’esprit comme au siècle précédent
(du temps de Louis XIV, des «Précieuses» et de «la chambre bleue» de Mme de
Rambouillet) mais à l'échange d'informations, la confrontation des idées,
l'exercice de la critique et l'élaboration de projets philosophiques.
Ainsi, un nouvel espace d'expression est accordé à la
femme qui règne, maîtresse en son salon. Espaces féminins en apparence
seulement puisque, si les dames y président, ils sont peuplés avant tout
d'hommes qui accordent généreusement à leurs compagnes un «gouvernement
intellectuel.» Y fréquentent Condorcet, Lavoisier,
Montesquieu, Voltaire, Diderot, d'Alembert, Grimm, Buffon et autres
encyclopédistes, et bien sûr tous les provinciaux distingués ou étrangers de
passage.
Ces femmes de culture qui tiennent salon sont donc une
exception, rappellons-le. Ce sont de grandes lectrices : romans à la mode,
auteurs classiques, traités d'éducation, revues, pamphlets politiques, écrits
philosophiques ou livres d'histoire, rien ne leur échappe. Leurs lettres
fourmillent de comptes-rendus du dernier ouvrage lu et des réflexions qu'il
leur inspire. Elles écrivent en effet beaucoup : correspondances, notes de
lecture, traductions personnelles d'un auteur antique ou étranger, journal
intime.
Chacun de ces salons a un ton différent et l’hôtesse - ou
l'hôte - choisit ses hôtes (ce dernier terme englobant à la fois le logeur et
l'invité) selon l’orientation qu’elle - ou il - veut donner à son salon, ses
préoccupations et ses goûts. Vous en
saurez donc plus, ici, sur Le chevalier de Boufflers, Madame de Sabran,
Saint-Lambert, Fontanes, Le Comte de Lauraguais, Sophie Arnould, Le Chevalier
de Rességuier et madame de Pompadour…
Nul autre que l'éditeur Rouveyre ne pouvait réussir un pareil défi. Pierre
Nul autre que l'éditeur Rouveyre ne pouvait réussir un pareil défi. Pierre
La société Galante et Littéraire au XVIII° Siècle. Édouard Rouveyre, Paris 1880. Boufflers & Mme de Sabran,
Saint-Lambert & Fontanes, le Comte de Laranguais & Sophie Arnould, le
Chevalier de Resseguier & Mme de Pompadour. Un volume in-8 (20/14). Reliure
plein veau blond glacé, encadrement du plat par un double encadrement de filets
dorés, rinceaux aux coins et monogramme central, dos à nerfs, pièces de titre
maroquin, filets et monogrammes entre les nerfs, double filet sur les coupes, contre-plat
encadré d'un quadruple filet, papier coloré à l'hermine, tranche supérieure
rouge estampée de fleurs de lys dorées, double filet sur les coupes. Remarquable reliure
signée Hilaire. XIII, 178 pages, [1f table], [3ff bl]. Couvertures conservées.
Ouvrage Illustré d'un frontispice et de 2 vignettes à l'eau-forte par Malval.
Belle édition, exemplaire sur beau vergé, superbe reliure, dos légèrement bruni. 225 € + port
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