mardi 1 avril 2014

Le Hollandois, ou, Lettres sur la Hollande par La Barre de Beaumarchais. Le pouvoir des fleurs...


Qui peut donc encore s'intéresser à Antoine Emmanuel La Barre De Beaumarchais à part Jean Sgar et Marianne Couperus qui ont effectué une remarquable étude bibliographique sur les œuvres de ce "journaliste" avant-l'heure ? La Barre de Beaumarchais  (1698-1750?) est né à Cambrai. Après avoir fait ses humanités, il entre à Saint-Victor où il devient chanoine. Selon ces bibiographes, il s'enfuit de Saint-Victor en 1723, se rend à La Haye et se défroque. Il entre comme professeur dans le pensionnat de Jean Rousset et travaille également pour Scheurleer, libraire de la Haye. En 1729, il semble brouillé avec l'un et l'autre et entre au service de Jean Van Duren, libraire. En 1735, il quitte les Pays-Bas et s'établit à Francfort-sur-le-Main où il se met au service du libraire François Varrentrapp, éditeur de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente.


Le Hollandais ou Lettres sur la Hollande ancienne et moderne fut parfois publié comme le tome IX ou XII des Lettres sérieuses et badines que l'on doit aussi à l'auteur. Calviniste prosélyte, l'auteur dresse, sous forme de 37 " lettres " une apologie de la Hollande et du régime républicain. Tous les aspects du pays sont étudies en cette première moitie du XVIIIe siècle : histoire, institutions, justice, forces militaires, économie, fiscalité, banque, manufactures, mœurs et coutumes, littérature, poésie, spectacles, etc. Les trois dernières lettres sont consacrées à une relation de voyages a travers le pays.


En fait, au pays des bisounours, La Hollande ne semblait pas avoir, à l'époque, de concurrent notoire pour l'auteur. Étant pourtant assez chauvin, je serais, aujourd'hui, bien incapable d'un tel panégyrique de la France sans éprouver un petit moment de honte… 


 " En Hollande, le protestant vit bien avec le catholique, le luthérien souffre le reforme, celui-ci tolère l'arminien, et le chrétien s'accorde avec le juif. Il n'est pas rare de trouver de bons catholiques fermement persuadez qu'un reforme et qu'un luthérien vertueux sont agréables à Dieu "


" Ils sont charitables envers les pauvres, compatissants pour les malheureux, incapables de souffrir qu'on opprime le faible, s'ils peuvent l'empêcher. Ils sont brave & fort intrépides, & tout ce qu'il  y a de brillant & de sublime dans le courage parait dans une infinité de leurs actions " & " Du reste, il y a peu de peuples aussi paisibles et aussi soumis au gouvernement que les hollandais "


" Les hollandais ont pour leurs femmes des égards extrêmes, & chacune d'elles souveraine dans son ménage y exerce une autorité indépendante, à laquelle plus d'un mari se soumet paisiblement. Il est vrai qu'elles méritent bien la complaisance de leur part. Nulle part l'amour conjugal n'est plus respecté que dans la Hollande. " & " La propreté hollandaise est trop célèbre pour n'en point parler. On nettoie en Hollande les rues avec autant de soin qu'ailleurs on nettoie une chambre. " & " Malheureusement, la passion pour leurs fleurs fait quelques fois aux familles bourgeoises autant de tort que le jeu leur en aurait pu faire… " Quel vilain défaut, en effet. A vous faire douter de la nature humaine !


Les bibliophiles, de leur côté, s'attacheront particulièrement à la lettre seizième de l'ouvrage qui traite de la librairie. " Vous savez de quelle cherté sont les livres. Le libraire hollandais, qui les contrefait, en renvoie une grande partie à Londres pour un prix fort modique, & distribue le reste en divers endroits de l'Europe où leur prix les empêcherait de trouver acheteurs. Telle production excellente traine sur le bureau de l'examinateur sans qu'il l'ait encore lue, & tandis qu'il a les bras croisés, le savant s'impatiente de ne point la voir revenir. Le secourable libraire de Hollande (sic) paie sans hésiter & c'est à cette heureuse disposition que le public est redevable de bien des ouvrages inestimables. "  Vu comme ça… Pierre


LA BARRE DE BEAUMARCHAIS (Antoine de). Le Hollandois, ou, Lettres sur la Hollande ancienne et moderne. Francfort, Francois Varrentrapp, 1738. Un volume in-8 en deux parties de XII et XXXVII lettres. Reliure plein veau, dos à nerfs, caisson fleuronnés et encadrés de filets dorés, armes duccales dans un caisson, roulettes encadrant le contre-plat, gardes colorées. [1f bl], [16 ff page de titre et préface], 72pp, 247 pp. Titre noir et rouge, vignette de l'éditeur, Jolies vignettes et culs de lampes de Steidlin gravées par Le Clerc. Petites restaurations coiffe et un coin. Edition originale. Très bel exemplaire. 260 € + port

2 commentaires:

calamar a dit…

mais il vante la contrefaçon, ce pirate ! si Google et Microsoft apprennent çà, ils vont lui faire un procès.

Pierre a dit…

C'est vrai que tout ce qui vient de Hollande ne fait pas le bonheur de la majorité des français... Pierre