Voici un ouvrage qui est un témoignage de la mentalité et de la vie du militaire pendant l'Empire. Ecrit simplement, sans langue de bois, il donne une image un peu moins édulcorée des campagnes napoléoniennes que celle présentée dans nos manuels scolaires républicains...
Napoléon prétendait gagner ses batailles « avec les rêves
de ses soldats » ; en fait, il les gagnait surtout avec leurs jambes. Il
fallait aussi tenir compte du fourniment qu'ils devaient porter : le sac, le
fusil, les cartouches, la giberne, le tout pesant pas loin d'une trentaine de
kilos, sans compter les marmites et les bidons de compagnie qu'on trimbale à
deux et qu'on abandonne à la première occasion quitte à le regretter le soir,
quand ils manqueront pour faire la soupe.
Tous n'étaient pas aussi solides ! : après de longues et épuisantes marches, un corps d'armée de 100 000 hommes pouvait laisser derrière lui 20 à 30 000 traînards, qui se répandaient ensuite dans le pays et se livraient au pillage. Dans la Grande Armée, le tiers des hommes était à la traîne et ne prenait pas part au combat.
Quant aux blessés des batailles, ils demeuraient là où
ils étaient tombés, s'ils ne pouvaient s'écarter du lieu du combat par leurs
propres moyens : la règle était formelle. A la veille de chaque bataille,
l'ordre du jour, commenté par les officiers au bivouac, ne manquait pas de
rappeler qu'il était interdit sur l'honneur de quitter les rangs au cours du
combat pour porter secours aux blessés, et encore plus de les transporter à
l'arrière. On voyait trop souvent des soldats compatissants se mettre à trois
ou quatre pour porter des blessés vers une ambulance problématique... puis
oublier de rejoindre ensuite leurs camarades sur la ligne de feu !
Ces malheureux devaient donc attendre que la bataille s'éteigne pour espérer un secours. La nuit tombée, leurs appels retentissaient, auxquels répondaient parfois des camarades cependant exténués, qui consentaient à les rassembler auprès des feux allumés ici et là, jusqu'au lever du jour.
Apprenti serrurier, Dominique Fleuret
(arrière grand-père de Fernand Fleuret, l'écrivain) est appelé au service en
1807. Il part pour l'Espagne sur laquelle il donne le point de vue du
combattant sans jamais s'élever au dessus de la routine quotidienne. Fait
prisonnier par les anglais, Fleuret est libéré en 1814. Il reprend du service à
Waterloo Une époque où le courage était une chose banale… Pierre
Description des Passages. Paris, Firmin-Didot,
1929. 1 volume in8. Broché à couverture
illustrée cartonnée. 162 pages + table des illustrations hors-texte. 7 planches
hors-texte dont 4 planches en couleurs sur double page (reproductions d'images
d'Epinal) et une planche dépliante in fine (état des services). Bon état, non
coupé. 28 € + port
Description des Passages. Paris, Firmin-Didot, 1929. 1 volume in8. Broché à couverture illustrée
cartonnée. 162 pages + table des illustrations hors-texte. 7 planches
hors-texte dont 4 planches en couleurs sur double page (reproductions d'images
d'Epinal) et une planche dépliante in fine (état des services). 1/20
exemplaires numérotés sur papier bleu [n° 43 du tirage de tête]. Bon état. 68 € + port
2 commentaires:
C'est vrai que tant de souffrances accumulées sur un champ de bataille, cela devait être palpable, la douleur devait prendre corps pour devenir solide. Mais il faudra attendre une génération encore avant que le neveu autorise la création de la Croix-Rouge.
Jean-Michel
Je découvre à cette occasion (car je ne la connaissais pas) l'histoire de la Croix Rouge. J'en retiens une phrase de Napoléon III dite à Solférino : « Ces boucheries ne sont plus de notre temps... ». Heureusement qu'il n'a pas connu la guerre 14-18 !
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