samedi 11 décembre 2010

L'académie Royale de chirurgie au cours du XVIIIeme siècle…


L'académie Royale de chirurgie a été créée par Louis XV en 1731. Elle a été fondée à l'initiative de Georges Mareschal, premier chirurgien de Louis XV et par François de Lapeyronie que Mareschal avait choisi pour lui succéder. Pour Lapeyronie la chirurgie devait rompre "l'association déshonorante qui existait pour elle avec le corps des barbiers". Elle aura pour but en effet de réglementer la chirurgie et de constituer une corporation puissante capable de lutter efficacement contre la "malveillance" des médecins.


L'Académie Royale de Chirurgie rayonna d'un éclat qui fit l'admiration de l'Europe savante tout entière. Ses réunions se tenaient dans l'amphithéâtre de Saint Côme. Les jetons qui avaient été frappés portaient l'effigie Royale et au revers on pouvait lire autour d'une main ouverte entre deux serpents surmontés de la couronne de France " Consilioque manuque " (par l'habileté et la main). Sur la médaille présentée en page de titre des 3 volumes, le thème est repris et expliqué en frontispice du tome III : Sous un palmier où est attaché un écusson aux armes de M. de La Peyronie, Apollon, dieu de la Médecine, et Hygie, déesse de la Santé, tous deux debout, tous deux caractérisés par leurs attributs... (uniquement sur le tome III ! La médaille des tomes I et II cache les deux œufs et la mouillette d'Apollon !). Apollon est couronné de laurier ; il tient sa lyre d'une main, il au son carquois sur l'épaule ; Hygie s'appuie de la main gauche sur le bâton d'Esculape, reconnaissable au serpent dont il est entouré, et de la droite elle montre au dieu un squelette placé auprès d'elle…


Dorénavant les chirurgiens auront une tribune pour faire connaître leurs idées et pour défendre les privilèges de leur profession. Dénonçant les "risques d'une chirurgie sans règles ni contrôles" l'Académie "aura attention de s'associer les chirurgiens du Royaume et des pays étrangers qui se distinguent le plus dans l'art de la chirurgie"



A la mort de Mareschal en 1736, Lapeyronie devint le Premier Chirurgien et confident du Roi Louis XV. Il préside l'Académie Royale de Chirurgie de 1736 à 1747. Il est sans doute à l'origine de l'ordonnance royale du 23 avril 1743, qui scella définitivement la séparation entre chirurgiens et barbiers (association qui avait été conclue par une ordonnance de Louis XIV en 1656). Les chirurgiens devaient dorénavant avoir une culture littéraire et étaient tenus d'exercer la chirurgie sans mélange d'aucun art non libéral et devenaient ainsi les égaux des médecins. L'évolution de la profession fait qu'aujourd'hui les chirurgiens n'ont plus l'obligation d'une culture littéraire…


Après ses heures de gloire, l'Académie Royale, victime de la Révolution fut dissoute en 1793 par la Convention. Elle renaît en 1843 à l’initiative de quelques chirurgiens sous le nom de Société nationale de chirurgie. Elle compte encore aujourd'hui, plus de 500 membres, français et étrangers, appartenant aux différentes spécialités chirurgicales.


Aujourd'hui, médecins et chirurgiens ne font qu'un seul et même corps symbolisé par les statues de bronze de François Lapeyronie et celle de Paul-Joseph Bartez qui ornent depuis 1864, le seuil de la Faculté de Médecine de Montpellier.


Les ouvrages que je présente sont une suite de communications faites par les plus grands chirurgiens de l'époque. Les spécialistes seront surpris, en lisant les mémoires, par l'extrême précision des observations pathologiques faites par ces chirurgiens et par l'extrême pauvreté des moyens (fiente de poule, entre autre) mis à leur disposition pour les résoudre… Pierre


ACADEMIE ROYALE DE CHIRURGIE. Recueil des pièces qui ont concouru pour le prix de l'Académie Royale de Chirurgie. Tome I, II et III. Paris Delaguette, 3 volumes in-4, Tome I : 1753. Tome II : 1757. Tome III : 1759. Reliure d'époque en plein veau marbré, dos à nerfs orné de motifs floraux dans les caissons, pièce de titre et tomaison en lettres dorées. Tranches rouges. Les tomes I et II présentent un frontispice de Boucher sculpté par le Bas. Mémoires de Le Cat, Hugon, Louis, et autres principaux chirurgiens du milieu du XVIIIe siècle. Mémoires sur les métastases, le cautère, les remèdes émollients, plaies d'armes à feu, tumeurs etc. Quelques défauts aux reliures. Ensemble très homogène et cahiers très solidaires. 490 € + port Vendu

15 commentaires:

Pierre a dit…

J'ai photographié le traitement local à la fiente de pigeon et vous pourrez vérifier si je dis vrai en faisant un grossissement sur l'avant-dernière image. Il n'est pas dit si la fiente de pigeon est efficace en suppositoire ;-)) Pierre

Textor a dit…

Il n'est pas dit non plus s'il faut mélanger la fiente de pigeon à celle de boeuf et d'oye, ou si on peut les utiliser séparément. Comme je me sens d'humeur molasse aujourd'hui, je vais tenter la recette et je vous tiens au courant ...
Je pense que si la formule ne guérit pas, au moins, elle aura le mérite d'éloigner les voisins, ce qui n'est déjà pas une mauvaise chose en soi ! ;)
T

Pierre a dit…

Le meilleur traitement pour éloigner les voisins reste néanmoins l'huile de crapaud, à charge d'arriver à leur enduire le visage avec ;-))

Une remarque cependant : Pour faire de l'huile d'olive, on presse des olives et on récolte de l'huile. Mais pour l'huile de crapaud ? Il faudra que j'essaie ! Pierre

Textor a dit…

Il ne faut pas écraser le crapaud vivant, il faut le laisser macérer un peu. Cela marche aussi avec la cervelle de chat, j'ai essayé !
T

Pierre a dit…

Textor, nous allons scandaliser les amoureux des bêtes par nos propos facétieux ;-))

Le plus surprenant, dans tout cela, n'est pas que tous ces cataplasmes, lavements, infusions ou autres liqueurs dépuratives aient été proposés à partir de ces ingrédients, nous faisons pire aujourd'hui (j'ai mille exemples de produits de synthèse de l'industrie pharmaceutique élaborés à partir d'organismes les plus divers) mais que l'homme ait pensé à utiliser ces produits.

Un individu voit de la fiente de poule... Par quel cheminement intellectuel passe t-il pour imaginer se l'appliquer sur une plaie ?

C'était la pensée du dimanche matin. Pierre

Anonyme a dit…

"Je suis surpris que Dieu ait mis dans la fiente des remèdes si importants et utiles, car l'on sait par expérience que la fiente de truie arrête le sang et celle de cheval sert pour la pleurésie. La fiente de l'homme guérit ses blessures et les pustules noires; la fiente d'âne, mêlée à d'autres, s'emploie dans les cas de dysenterie ; la fiente de vache mélangée avec des roses est un fort remède dans
l'épilepsie qui attache les enfants". … "Je m'étonne que les hommes n'aient pas depuis longtemps couvert de fiente le monde entier jusqu'au ciel". Luther, Propos de table (sic).

On doit aussi pouvoir consulter sur cette matière (!) avec quelque profit l’ouvrage suivant « La pharmacie de la merde, c'est-à-dire comment presque toutes les maladies, même les plus graves, peuvent être guéries au moyen de la merde et de l'urine » de Paulini qui connut, paraît-il, 3 éditions en 1696, 1713 et 1748.

Si vous en avez un exemplaire, cela m'intéresserait, Pierre, j'ai une petite migraine ce matin et ma pharmacie est fermée.

Montag

Textor a dit…

@ Montag, déjeuner avec Luther ne devait pas être une partie de plaisir...
@ Pierre, rassurez-vous, j'adore les bêtes, un chat accompagnait mes lectures dans la bibliothèque pendant vingt ans; quant au crapaud, j'ai toujours l'espoir qu'il se transforme en princesse charmante.
Bon Dimanche

Anonyme a dit…

Et pour les dents, reprenons la recette antique rappelée dans l'Historia Medica de Guillaume van den Bossche (Bruxelles, 1639)- mon livre de chevet- : un peu de fiente de corbeau sur un morceau de laine enfoncée dans la dent accidentée, et sine dolore odentalgiam depellet, & dentem educet, qu'il dit.

Textor, reprenez un chat, cela vous sera peut-être utile un jour : :
Stercus felis cum sinapi & aceto, alopeciam sanare dicitur.


Montag

Pierre a dit…

Ne souriez pas Montag ! Mon beau-frère, grand professeur de chirurgie, protestant rigoriste dépourvu de la plus élémentaire trace d'humour a utilisé, pendant longtemps, pour traiter une calvitie précoce divers traitements, tous plus douteux les uns que les autres et s'il ne s'est jamais résolu au traitement que vous préconisez c'est en raison d'une véritable allergie au poil de chat qui pouvait enrober ses déjections !

La solution à son mal était pourtant fort simple ( 30 €)... Une tondeuse à cheveux lui a redonné le sourire car le poil ras et rare lui va fort bien ;-)) Pierre

calamar a dit…

bravo Pierre ! les pharmacies ennemies ont reculé ! maintenant, il faut s'attaquer aux Pères Noël...

Pierre a dit…

Ce message pharmaceutique publicitaire que je viens d'enlever est néanmoins devenu rare ces derniers temps (je le précise car les générations futures qui vont lire ce blog - si,si - ne comprendraient pas la remarque de Calamar).

Contre le père Noël, je ne veux absolument rien faire ! J'ai commandé un flacon de pilules rajeunissantes qui, aux dires du vendeur, sont très efficaces ;-)) Pierre

calamar a dit…

le vendeur avait-il l'air juvénile ?

Pierre a dit…

Un confrère sans âge : le bon docteur Faust m'a t-il dit...

Martine a dit…

Comment se fait-il que les chirurgiens aient été traités si bien en ce temps? Je pensais qu'il n'y avait même pas encore de chirurgien durant la royauté.

Pierre a dit…

Les chirurgiens étaient d'autant mieux traités qu'ils traitaient les affections des rois... Certains sont restés célèbres comme Ambroise Paré qui fut de ceux à essayer de sauver Henri II blessé d'un éclat de lance dans l'œil lors d'un tournoi. Pierre