lundi 24 mai 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : De l'utilité de la lecture...


Pierre, notre jeune libraire tarasconnais a participé au 1er salon du livre ancien de Beaucaire et il me charge de féliciter encore une fois les organisateurs pour la parfaite maîtrise de l'événement. Je sais que la mairie de cette bonne ville doit être associée à ces louanges car, sans soutien financier de ses élus, une telle manifestation serait automatiquement compromise.


Corollaire attendu, le chargement, le déchargement, la mise en place, le remballage des ouvrages non vendus et leur réintégration aux forceps sur les étagères déjà chargées de la librairie ont entraîné une vive fatigue chez Pierre qui ne m'a laissé qu'un album photo à vous présenter… Cela aussi, je sais le faire !

Je pensais être tranquille. La traditionnelle Fête des fleurs de Tarascon a lieu pendant les trois jours de ce grand week-end. Brigitte, la femme de Pierre (vous ais-je dit que notre libraire était marié ?) a tenu la boutique samedi et dimanche et je suis assailli, en ce lundi, par une foule de badauds parlant toutes les langues de la création. Pentecôte oblige, je les comprends tous… Donc le temps qui m'est appartis pour noircir d'encre noire les feuilles blanches de cette causerie m'est aujourd'hui compté.


Mais pourquoi cet engouement pour le livre ancien ? A ma présence, je n'ose le croire…

Est-il une chose plus utile et plus futile à la fois, une chose qui ait fait plus de bien et plus de mal à l'humanité, une chose plus amusante et plus inepte, plus vraie et plus fausse que les livres anciens ? Depuis que les égyptiens les écrivaient sur les murailles de leur temple et sur les rouleaux de papyrus qu'on trouve sous l'aisselle des momies, que de livres ont vu le jour et que de livres ont été rassemblés dans des bibliothèques d'amateurs !


Un client, jeune retraité, me disait tout à l'heure avec assez de bon sens : "Pour moi, une bibliothèque est un meuble ! Quelques uns de mes confrères sont assez niais pour y mettre des livres qu'ils ne lisent jamais. J'ai, pour ma part, mis dans la mienne pour trois cents euros de carton et j'ai fait une économie de vingt mille euros. Du reste si vous désirez lire quelque chose, j'ai un e-book dans ma chambre".


Cet homme dans sa naïveté a, au fond, plus de bon sens qu'on le pense. Une des prétentions de ceux qui ont travaillé pendant 40 annuités, c'est de s'instruire quand ils sont retraités. Ces bonnes gens sont de bonne foi mais ils ne se doutent pas que pour s'instruire il faut s'y prendre en temps utile. On n'apprend pas à lire à la retraite et à cet égard, Pierre qui affirme qu'il est sûr de toujours aimer les livres mais qui accepte pourtant avec fatalisme de perdre le goût de la lecture avec l'age ne se trompe pas. On ne commence pas à lire à soixante cinq ans. Les lectures prises au hasard sans guide ni méthode n'apportent à l'esprit qu'un ennui profond sans résultat instructif. Autant investir dans un billard et deux arrosoirs…


C'est par les moyens les plus simples et par l'exercice des qualités les plus ordinaires que s'obtiennent dans ce monde les plus grands résultats. La vie commune offre à tous de nombreuses occasions d'acquérir cette expérience précieuse et celle-ci est accessible simplement en franchissant la porte des librairies anciennes de notre belle patrie…

Vous obtiendrez des résultats extraordinaires à force d'application, de persévérance et de lecture, c'est certain. Vous n'acquerrez pas le génie, qui est un don de dame nature, mais à force de lecture votre retraite en sera incontestablement modifiée.

Attendre la mort, oui. Mais avec intelligence… Votre dévoué. Philippe Gandillet


Je reçois à l'instant l'appel d'un lecteur qui met en doute la véracité des faits que je mentionne dans mes causeries. Je joins une petite vue de la boutique et des clients qui s'y pressent...

3 commentaires:

Jeanmichel a dit…

N'est-il pas venu à l'idée de notre illustre Philippe Gandillet que c'est justement Brigitte qui attire les chalands ? Sans parler de son charme évident, pour autant que je m'en souvienne - et je m'en souviens fort bien - sa tarte aux abricots est une merveille !...
Tous les visiteurs fixés sur ces images ont-ils donné leur leur accord pour figurer ici ? Je n'ose imaginer la stupéfaction d'un inspecteur de la médecine du travail, bibliophile curieux, reconnaissant en celui qui déambule paisiblement le patient vu la veille et supposé être grabataire pour un long mois encore.

Pierre a dit…

Je connais assez Brigitte pour affirmer que, contrairement à la rumeur, ce n'est pas une Sainte-Femme. Il faut surement voir dans le charme certain qu'elle dégage le résultat d'une vie conjugale épanouie...

Quant à la tarte aux abricots, il faut bien reconnaitre que, là, Pierre n'y est pour rien ;-))

Y-a t-il des salons du livres près de Saint André les Alpes ?

Philippe Gandillet

Jeanmichel a dit…

Malheureusement les rencontres festives de saint-André-les-Alpes et de sa région sont toutes emberlificotées par les tournois de boules, et le livre y est parent pauvre.
Un salon du livre tente d'émerger à Colmars-les-Alpes, mais il me paraît trop empreint de régionalisme bon ton. Encore que - à ma grande honte - je dois avouer que je n'y ai jamais mis les pieds, mais ce qui s'y expose est suffisamment raconté pour qu'on puisse s'en faire une idée.