Quatre amis dont la connaissance avait commencé par le parnasse (le mont Parnasse est, dans la mythologie grecque, le lieu de résidence d'Apollon et des neuf Muses ; l'usage est de désigner par ce mot une assemblée de poètes) lièrent une espèce de société que j'appellerais Académie si leur nombre avait été plus grand et qu'ils eussent autant regardé les muses que le plaisir (ceux-là étaient peut-être plus attirés par le plaisir ?). La première chose qu'ils firent fut de bannir d'entre eux les conversations réglées et tout ce qui sent la conférence académique (voilà, nous sommes fixés ; c'est bien une bande de potes !). Quand ils se trouvaient ensemble et qu'ils avaient bien parlé de leurs divertissements (le jeu, les femmes, les spectacles et la table), si le hasard les poussait sur quelque point de science ou de belles lettres, ils profitaient de l'occasion ; c'était toutefois sans s'arrêter trop longtemps à une même matière, voltigeant de propos en autre, comme des abeilles qui rencontreraient en leur chemin diverses sortes de fleurs.
L'envie, la malignité, ni la cabale n'avaient de voix parmi eux (à cette époque, il n'y avait pas de fossé entre les littéraires et les scientifiques ; l'esprit était un tout). Ils adoraient les ouvrages des anciens, ne refusaient point à ceux des modernes les louanges qui leur sont dues (comme à la boutique), parlaient des leurs avec modestie, et se donnaient des avis sincères lorsque quelqu'un d'eux tombait dans la maladie du siècle, et faisait un livre, ce qui arrivait rarement. Polyphile y était le plus sujet. Les aventures de Psyché lui avaient semblé fort propres pour être contées agréablement…
Voilà comment débute ce roman de Jean de La Fontaine (1621-1695) que les étudiants d'aujourd'hui imaginent plus en moraliste dilettante qu'en poète. Quatre amis, Acante, Ariste, Gélaste et Polyphile (Molière, Boileau et Racine et la Fontaine) se promènent dans le parc de Versailles, alors en plein aménagement, et l'auteur nous conte la vie aventureuse et coquine de Psyché. Ses amis ponctuent ce récit érotique tiré d'Apulée par des propos qui se résumeraient dans la bouche de quelques ados rebelles par "whaaa, la meuf !".
Pour l'histoire de Psyché, je vous renvoie à l'ouvrage mais s'il fallait résumer, nous pourrions dire que la beauté chez la femme engendre de légitimes jalousies chez ses congénères et que la vie d'un sexe-symbole n'est pas un long fleuve tranquille. La scène du baiser a été reprise plusieurs fois. Par Charles Perrault en 1697, par les Frères Grimm en 1812 et revisitée dans la "Belle au bois dormant" par Wald Disney avec succès dans les années 1960…
LA FONTAINE (Jean de). JOU (Louis). Les amours de Psyché et
de Cupidon. Paris, Les Livres de Louis Jou, achevé d'imprimé le lundi 27
octobre 1930. Un volume in-4. Reliure parchemin à grands coins encadrant un
joli papier façon métallisé, signée LL&RM en queue de l'étui et L. Lévêque
en page de garde. Dos lisse avec pièce de titre dorée. Contreplat recouvert
comme la page de garde d'un papier façon métallisé vieil or rappelant
exactement la couverture de l'étui. Seule tranche supérieure rognée, livré avec
étui bordé de parchemin. Couverture illustrée polychrome. Titre sur fond de
riche composition dorée dans un double encadrement vermillon, numéro de
l'exemplaire (147) sur fond décoratif vermillon, faux-titre décoré noir et
vermillon, A Madame la Duchesse de Bouillon en caractères calligraphiés imprimé
en noir sur fond de grand blason à ses armes vert amande or et argent entouré
d'un grand décor de rinceaux vert, grand colophon décoratif gravé, imprimé en
noir, vermillon, marron, noisette et or. Justification du tirage, marque de
Louis Jou. [2ff bl], [7ff], xvii, 187, [7ff], [2ff bl]. Couverture et dos
conservés. Exemplaire 147 des 160 sur vergé Montval écru à la forme. Très bel
exemplaire dans une reliure signée. 2200 € + port
« Tout l'univers obéit à l'Amour ; Aimez, aimez, tout le reste n'est rien .» Psyché et Cupidon
Voici pourquoi de magnifiques ouvrages, comme celui-ci, ont été édités. Pierre
8 commentaires:
Sublime !
C'est beau ! Mais je préfère mes Baisers de Jean Second 1539. Et toc !
B.
Moi qui croyais avoir évoqué de façon brillante le baiser avec mes trois courtes références, je constate que, même cloué au lit par la grippe, Bertrand ne laisse rien passer. Eh oui ! Jean Second…
C'est donc avec tout le respect du aux spécialistes du 16eme siècle que je lui dépose, acte ultime de générosité, un "baiser au lépreux" qui dans les circonstances concrètes d'un état grippal suspect, témoigne de mon amicale déférence.
Un jour, je l'aurai… Un jour, je l'aurai.
Pierre
J'aurais besoin d'un remède de cheval !
L'ancien animacologue que vous êtes Pierre saurait-il trouver une potion magique ?
B.
PS : Palace Palace ! Ça c'est Palace !
Contre la grippe "A" ; de la vitamine "C" et des "AB". Il faut suivre le traitement à la lettre !
Pierre
Bonjour,
Merci pour la présentation de "Psyché",
il aurait fallu préciser que ce livre a été réalise avec les bois gravés par Louis Jou et les caractères dessinés par Louis Jou (nous avons les poinçons et les matrices).
La Fondation Louis Jou aux Baux de Provence
Ceux qui lisent ce blogue savent que j'ai commis plusieurs articles sur ce graveur typographe dont le talent était immense et dont je possède quelques ouvrages.
Je suis enchanté de vous savoir lecteur de ce blogue bibliophile où vous trouverez quelquefois des billets évoquant cet artiste.
Le dernier paru date de quelques jours où j'ai présenté la collaboration de Jou et De Suarès pour le Condottière
http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2010/04/louis-jou-andre-suares-une-amitie.html
Mais j'ai aussi évoqué l'homme avec Ronsard
http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2009/08/ronsard-illustre-par-louis-jou.html
Anatole France (Thaïs), ou des simples recueils de poèmes dont il avait gravé le premier plat
http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2010/03/revue-bimestrielle-de-la-poesie-pierre.html
Je serais très honoré si vous acceptiez que je présente votre fondation sur ce blogue et si vous en deveniez un membre privilégié.
Pierre
C'est avec plaisir que j'accepte votre offre car le but de la Fondation Louis Jou est de faire connaître son oeuvre et vous le faites très bien.
En principe, la correspondance Louis Jou : André Suarès (360 pages) devrait paraître en octobre 2010 si tout va bien ; d'autre part, il y aura un colloque sur Louis Jou les 29 et 30 octobre à la Citerne aux Baux-de-Provence pour de plus amples renseignements sur cette manifestation :
jr.leroy@orange.fr
Très cordialement - Jean-Claude Corbillon -morvan@wanadoo.fr
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