lundi 12 octobre 2009
Causerie du lundi de Philippe Gandillet. L'Académie Française
L'Académie Française, ou bien "l'Institut" comme nous l'appelons entre académiciens, va célébrer cette année son tri-cent-soixantequinzenaire et cette commémoration nous remet en mémoire les circonstances de son établissement. Elles sont trop connues des lecteurs du blog pour que j'insiste mais pas assez de Pierre, à qui je dédie ce billet, pour qu'il soit inutile de les lui rappeler.
Il est juste, en effet, que l'état actuel de l'illustre Compagnie ne fasse pas oublier la modestie de ses origines et l'obscurité de ses premiers membres (qui se souvient de leurs noms ?). Ce ne furent pas de bien grands personnages que les sieurs Godeau, Gombault, Desmarets, Habert, Cerisy, Malleville, et Giry, non plus que l'Abbé de Cérisay, le bonhomme Chapelain et le silencieux Conrart qui prirent l'habitude de se réunir chez l'un ou l'autre d'entre eux pour s'y entretenir de différents sujets. Qu'est-ce donc qu'un "blog" sinon qu'une réunion analogue d'esprits curieux ? Ces colloques attirèrent l'attention du Cardinal de Richelieu (le papa de Louis XIV) à qui rien n'échappait de ce qui pouvait profiter à l'état et l'idée lui vint de transformer cette société privée en un corps ayant ses statuts, ses devoirs et sa protection.
Un des buts de cette société savante serait d'élaborer un ouvrage de régulation de la langue française afin d'en surveiller sa pureté et d'en maintenir le bon usage. Après la querelle du "Cid" ils jugèrent plus diplomatique de ne plus donner leur avis sur le style littéraire, ce à quoi ils s'astreignent encore… Après avoir failli disparaître pendant la révolution, l'Académie Française fut reconstituée par l'ordonnance royale du 21 mars 1816 et, depuis lors, il ne fut plus guère apporté de modifications à son règlement et à ses usages. Sa séance publique annuelle, ses séances de réception, comportent le même cérémonial. Son mode d'élection n'a pas varié non plus. Il est malheureusement difficile de franchir les portes du Quai Conti si l'on n'est pas de la maison ! Je me serais fait un plaisir d'accueillir personnellement les lecteurs du blog pour une visite mais je suis très occupé en ce moment. Le mieux est encore d'entrer par effraction.
L'académie Française jouit d'un indéniable prestige à l'étranger. Chez nous, elle est plus populaire. Une élection à l'Académie est, dans beaucoup de milieux, un sujet de conversation sur lequel on débite bien des propos fantaisistes. En fait, et si j'en crois mon expérience personnelle, les intrigues consistent en bien peu de choses. Certes, les choix de l'Académie ne sont pas toujours parfaits mais certaines omissions sont explicables. Les premiers membres étaient souvent des gens de plume et la tradition se perpétue comme on le voit avec la dernière œuvre littéraire de Valéry-Giscard d'Estaing…
Ludovic Halevy me disait à l'oreille" On rencontre à l'Académie des gens qui ont du talent et d'autres qui n'en ont pas. Il faut avoir de la considération pour ces derniers ; ce sont les plus méritants puisqu'ils sont parvenus sans talent ". Pourquoi me le disait-il, à moi ? Votre dévoué. Philippe Gandillet
- ASSE (Eugène). L'Académie Française. Ed. Librairie de Firmin Didot et Cie 1890 Paris - 1 vol. in 8 , relié pleine percaline à motifs dorés et noirs, tranches dorées, 253 pp. Bon état, Illustré de 61 gravures dont une en frontispice. 40 €
- CASTRIES ( Duc de ). La vieille dame du Quai Conti - Une histoire de l'Académie Française. Paris, Librairie Académique Perrin, 1978 ; in-8 ( 20 / 13 cm ), broche, couverture illustrée, 478 pp., 16 planches h-t., annexes. Bon exemplaire, dédicace de l'auteur. 21 €
- COLLECTIF 1635-1935. Trois siècles de l'Académie Française par les Quarante. Paris, Firmin-Didot et Cie, 1935, grand in-8, 530 pp, photo-frontispice, broché couverture épaisse. Ouvrage commémoratif édité à l'occasion du tricentenaire de l'Académie Française et constitué de 40 textes dus aux 40 Académiciens en titre en 1935. 48 €
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3 commentaires:
Ah ! Les académiciens !
Comme leur image est maintenant loin d'évoquer les frais ombrages du jardin d'Academus où Platon et ses disciples discouraient profondément et sagement sur de grands sujets !
Mais aussi c'est un peu leur faute : à force de supprimer des mots dans leurs dictionnaires ils forcent l'aubaine d'autres qui font chape-chute de ces mots chus avec grand succès (et dont chape-chute fait partie).
Ils ont tout le temps nécessaire et le papier comme l'impression ne leur coûtent guère, alors pourquoi supprimer des mots ?
Gandillet ! Quai Conti !
Gandillet ! Quai Conti !
Montag
Bien d'accord avec vous, Jean-Michel, quand il faut défendre les mots oubliés. Nul doute que Philippe Gandillet saura apporter son soutien à votre cause (s'il est élu mais l'affaire est en bonne main, merci Montag !)
Voici une chape-chute qui va me permettre de présenter quelques jolis mots obsolètes en vignette sur le blog. Pierre
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