Louis XIV, grand amateur d'art, fut un roi numismate. Pour constituer des collections dignes de la France, le Roi Soleil s'est appuyé sur un vaste réseau d'hommes de lettres, d'émissaires et d'ambassadeurs. L'un d'entre eux s'est particulièrement distingué : il s'agit de Jean-Foi Vaillant, numismate Picard né en 1632 dont le site "sacra-moneta" nous retrace le parcours…
Vaillant naît à Beauvais le 24 mai 1632. Très tôt
orphelin de père, son éducation est prise en charge par un de ses oncles qui le
destine à une carrière dans la magistrature. Cet oncle, outre le soin apporté à
l'éducation de son neveu, présente l'avantage de disposer d'une fortune
confortable. A sa mort, Jean-Foi Vaillant hérite et peut laisser libre cours à
ses goûts ; il abandonne les études de droit pour celles de la médecine. Son
doctorat en poche, sa carrière démarre à Beauvais où il installe un cabinet
médical. C'est le plus grand des hasards qui le met sur la voie de la
numismatique. Alors qu'il était en train de labourer son champ, un
paysan des environs de Beauvais découvre un trésor de monnaies
romaines. Le laboureur chanceux les remet au docteur Vaillant : celui-ci
vient de rencontrer la numismatique, à laquelle il va consacrer le reste de son
existence !
Jean-Foi Vaillant commence alors une collection, noue
quelques contacts avec des hommes de l'art, tels que son cousin Foy de Saint-Hilaire,
chanoine de Beauvais, ou encore Pierre Seguin, doyen de Saint-Germain
l'Auxerrois à Paris. Ce dernier perçoit immédiatement l'exceptionnelle
érudition de Vaillant et fait jouer ses réseaux. Colbert, en effet, est alors à
la recherche d'hommes savants volontaires pour partir à l'étranger à la
recherche d'œuvres d'art et de monnaies pour enrichir les collections du roi.
Dès lors Vaillant se retrouve chargé de mission à l'étranger pour le compte de
Louis XIV, tâche qui lui permet d'approfondir ses connaissances. Il écume la
Méditerranée en quête de nouvelles pièces; ses voyages le conduisent en Italie,
en Sicile et en Grèce où il collecte un très grand nombre de monnaies rares ;
grâce au zèle de Vaillant le cabinet des médailles du roi devient rapidement le
premier d'Europe...
C'est lors d'un de ces nombreux déplacements que se
produit l'épisode des barbaresques. En 1674, Vaillant s'embarque à Livourne
pour se rendre à Rome lorsqu'il est fait prisonnier par des pirates et conduit
à Alger où l'industrie des corsaires bat son plein. A cette époque en effet, la
Méditerranée occidentale est infestée de pirates qui se sont fait une
spécialité de la capture d'otages ; ceux-ci sont libérés après une détention
plus ou moins longue, contre une rançon sonnante et trébuchante. Avant Jean-Foi
Vaillant, Cervantès en personne a été l'otage des pirates ; il a eu cependant
moins de chance que Vaillant, qui, grâce à son riche et puissant protecteur ne
passe que quatre mois et demi en détention à Alger. Lorsqu'il est relâché, on
lui rend même une vingtaine de monnaies d'or et 200 monnaies d'argent antiques
avec lesquelles il était arrivé.
Vaillant reprend la mer sur une barque et se croit tiré
d'affaire lorsqu'il aperçoit un corsaire qui s'avance de nouveau à toutes voiles
dans sa direction. Pris de panique et redoutant une nouvelle captivité, il
s'empresse d'avaler sa précieuse cargaison - tout au moins les monnaies d'or !
Par chance, un coup de vent éloigne le bateau pirate et Vaillant parvient à Marseille
sain et presque sauf. Les monnaies d'or l'incommodent sérieusement par leur
poids et il craint un instant pour sa santé mais, comme le dit J. Spon dans son
récit de voyage, la nature fut plus habile que les hommes de l'art et la moitié
du petit trésor revit bientôt la lumière du jour (sic). Le même J. Spon,
raconte également que Vaillant, lors de son passage à Lyon, aurait rencontré
Sylvestre Dufour, un de ses anciens amis et grand amateur de monnaies antiques.
Apprenant que Vaillant avait encore dans ses entrailles un "aureus d'Othon" il
aurait témoigné du plus vif désir de l'acquérir, sans même la voir; le marché
fut conclu et ce n'est que quelques heures plus tard que Vaillant fut en mesure
de tenir sa promesse...
Cet épisode tragi-comique n'a pas dissuadé Jean-Foi
Vaillant de poursuivre sa mission ; l'infatigable explorateur numismate
repartit vers des destinations encore plus lointaines et dangereuses : l'Egypte
et la Perse. Tout en accomplissant sa mission pour le roi, Jean-Foi Vaillant
s'est consacré activement à l'écriture de nombreux ouvrages numismatiques qui
l'ont placé parmi les hommes les plus érudits de son temps. C'est un de ses
ouvrages que je vous propose aujourd'hui à la vente. Édité par un libraire hollandais
en 1701, son édition originale de " Historia Ptolemoerum Egypti regum, ad
fidem numismatum accommodata" rassemble l'ensemble des monnaies Ptolémaïques
(Le Royaume ptolémaïque était un royaume hellénistique en Égypte).
Vaillant meurt en 1706, à l'âge de 75 ans, alors qu'il
travaillait à un nouvel ouvrage… Numismate érudit, laborieux et éclectique, il
fut – bien avant les chercheurs de métaux d'aujourd'hui qui sillonnent nos
campagnes avec leur poêle à frire - un véritable aventurier de la numismatique.
Pierre
VAILLANT, J.
Historia Ptolemaeorum aegypti Regomme, Ad
fidem NUMISMATUM accommodata.
Amsterdam, Gallet, Huguetanorum, 1701. Un
volume in folio. Plein veau moucheté,
dos à 6 nerfs, caissons fleuronnés, titre en lettres dorées, roulette sur les
coupes, tranches mouchetées. {1fbl], [10 ff titre], 218pp,[1fbl]. Page de titre imprimé en rouge et noir et avec une grande vignette
allégorique gravée. Grande vignette allégorique
de dédicace. 102
belles gravures de pièces de monnaie dans le texte. Une
mouillure d'angle aux deux premières feuilles et page 163 à 169, une coiffe restaurée,
intérieur frais, quelques salissures sur la reliure. Bon état général. 860 € +
port
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