L’œuvre d’Augustin Thierry (1795 - 1856), si elle n’est pas tombée dans l’oubli, est aujourd’hui amplement méconnue. En témoigne sa disparition totale des rayonnages des librairies d'aujourd'hui. Sans nul doute, Thierry pâtit de l’ombre projetée par Michelet, de la flamboyance de son style et de la dimension de son œuvre. Né trois ans avant l’auteur de l’Histoire de la Révolution, Augustin Thierry persista dans la carrière historique - contrairement à certains de ses collègues, Thiers et Guizot, qui se lancèrent en politique…
Il devint malheureusement
aveugle à trente ans et la portée de ses recherches s’en trouva
considérablement réduite. L’œuvre de Thierry (et cette fois, aux côtés de celle
de Michelet) subit également le discrédit des historiens de la seconde moitié
du XIXe siècle, qui prirent pour cible ce que l’on peut appeler "le
romantisme en histoire" et le culte des héros. Ce préjugé a la vie dure :
Thierry et ses confrères sont souvent taxés de subjectivité et de parti pris, quand
ils ne privilégieraient pas les effets de style au détriment d’une recherche
proprement scientifique.
Augustin Thierry fut d'abord secrétaire
de Saint-Simon de 1814 à 1817. Il publia ses premiers ouvrages historiques à
partir des années 1820 : Lettres sur l'histoire de France (1827), Histoire de
la conquête de l'Angleterre par les Normands (1825). Devenu aveugle, il
continue ses publications ayant recours à des secrétaires ; son ouvrage le plus
populaire, Récits des temps mérovingiens, paru d'abord dans La Revue des Deux
Mondes, parait en librairie en 1840, précédé de Considérations sur l'histoire
de France ; Essai sur le tiers état clôt cet ensemble d'essais historiques
(1850).
Cette première édition des Dix ans
d'études est l'édition originale. Il s'agit en fait des tout premiers essais de
Thierry, originellement parus dans le Censeur européen et le Courrier français.
En moins achevé, ils contiennent la doctrine qui sera développée dans les
Lettres sur l'histoire de France, et qui marquèrent les premières générations
d'historiens professionnels en France. L'ouvrage est divisé en deux parties :
L'histoire d'Angleterre d'une part, L'Histoire du Moyen Age et l'Histoire de France,
d'autre part. La deuxième édition proposée à la vente aujourd'hui, parue en
1856, est présentée dans une belle reliure romantique de l'époque. Cette génération d’historiens s’est, la première après la
Révolution, interrogée sur la capacité de l’histoire à bien restituer le passé.
On peut d'ailleurs signaler les convergences entre Thierry et ses confrères ;
Barante, Thiers, Guizot, Mignet, pour ne citer qu’eux… Ces derniers appartiennent
au Panthéon littéraire. Il serait bien qu'Augustin Thierry les rejoignent dans
la renommée. Pierre
Dix ans d'études historiques. Paris,
Just Tessier, 1835. Un volume in-8. [2ff titre]-xxxv-427 pp. Reliure demi-basane havane, dos lisse, filets et
motifs dorés, lettres dorées, toutes tranches marbrées, gardes colorées. Des rousseurs clairsemées. Bel état général. 75€ + port
Dix ans d'études historiques, neuvième édition revue et corrigée. A
Paris, chez Furne et Cie, libraires-éditeurs à Paris,
1856. Un volume grand in 12. 429 pages. Reliure éditeur demi basane tabac,
plats estampés en percale tabac, dos lisse, fers et titre dorés, toutes
tranches marbrées, gardes colorées. Belle reliure, infimes rousseurs. 55€ + port
5 commentaires:
Je préfère de beaucoup les historiens du XIXe à ceux d'aujourd'hui dont les textes sont sans doute au-dessus de toute critique, mais tellement secs et arides : quel souffle épique en émane-t-il encore ?
C'est comme faire de la chimie sans se brûler les doigts aux acides, sans respirer le gaz ammoniac, sans fabriquer des liqueurs surfines par de savantes macérations ...
René
Il y a chez Michelet, par exemple, des descriptions qui sont dignes d'un roman de "Cap et d'épée" qui n’enlèvent rien à la vérité historique. Simplement, nous avons l'impression d'assister à l’événement en spectateur et non en contrôleur de gestion...
Donc, d'accord avec René, même si des études étayées sont nécessaires pour les spécialistes. Pierre
Les Temps mérovingiens, ce n'est peut-être pas de l'Histoire comme on la fait depuis 1950, mais c'est quand même l'inconscient collectif en action ! Brunehilde, Frédégonde.. bien mieux que le Trône de Fer !
il faut avoir Michelet relié en maroquin du Cap ?
"Cape et d'épée", bien sûr, calama ;-)) Pierre
Enregistrer un commentaire