" L'un de nos plus anciens confrères, M.
Charles-Joseph Marty-Laveaux, vient de nous être subitement enlevé, le 11
juillet 1899, à Vitry-sur- Seine. Ses
funérailles ont eu lieu le 13 juillet dans la plus stricte intimité. Telle
avait été la volonté formelle du défunt. L'École des chartes et la Société de
l'École ont vivement regretté de n'être pas représentées à cette triste
cérémonie. Je l'ai tout particulièrement regretté. J'aurais voulu rendre un
dernier hommage à la mémoire d'un camarade, d'un collègue et d'un ami, près
duquel j'ai vécu et travaillé pendant plus de cinquante années. Cet hommage
doit, sans plus tarder, lui être rendu dans un recueil auquel il a jadis donné
plusieurs travaux remarquables. Charles Marty-Laveaux, par un excès de
modestie, s'est toujours tenu sur les seconds plans : mais les services de
genres très variés qu'il a rendus, pour n'être pas connus d'un grand public,
n'en sont pas moins réels et ne sauraient être oubliés.
L'École des chartes s'honore de l'avoir compté parmi ses
élèves, et la Société de l'École n'a pas eu, pendant bien des années, de membre
plus actif et plus dévoué. Marty-Laveaux appartenait à cette promotion de
l'École dont les études furent profondément troublées par un fâcheux concours
de circonstances. Les jeunes gens qui avaient suivi en 1846 le cours de
paléographie de Guérard ne purent guère profiter des bienfaits de l'ordonnance
du 31 décembre 1846, qui avait réorganisé l'École sur des bases beaucoup plus
larges que par le passé. Les cours de deuxième année commencèrent à la mi-mai
1847 et se terminèrent à la fin de juillet. Quant à ceux de troisième année,
ouverts au mois de novembre, ils s'interrompirent à la fin de février 1848 et
furent à peine repris de temps à autre pendant le printemps et l'été qui
suivirent. L'enseignement de l'École n'en exerça pas moins une influence
salutaire et durable sur l'esprit de Marty-Laveaux et sur la direction de ses
travaux.
Nourri dès son enfance des souvenirs de son grand-père
maternel, le grammairien Laveaux, il était encore sur les bancs quand il donna
une nouvelle édition du Dictionnaire des difficultés de la langue française. Le
goût inné qu'il avait pour les études grammaticales s'affermit et s'affina
grâce aux conseils et aux encouragements d'un de ses professeurs, François
Gruessard, dont il devint bientôt l'un des plus intimes amis, et auquel il a
depuis payé sa dette de reconnaissance en retraçant, dans une notice émue, le
caractère d'un maître bien-aimé et en rappelant les travaux qui lui avaient
valu une juste célébrité [...]. En 1853, il avait donné dans la Bibliothèque de l'Ecole
des chartes un Essai sur la langue de La Fontaine, prélude d'une édition très
soignée des Œuvres du grand fabuliste et conteur, qui parut de 1856 à 1860. Il
remporta en 1858 le prix que l'Académie française avait proposé pour un Lexique
de la langue et du style de Corneille. Il s'était ainsi préparé de longue main
à publier la monumentale édition des Œuvres de P. Corneille qui a pris place
dans la Collection des grands écrivains de la France. […] Puisse la famille de
Ch. Marty-Laveaux, digne d'un chef dont elle était justement fière, trouver
quelque consolation dans la pensée que son deuil est partagé par de nombreux
amis et que la vie dont j'ai simplement esquissé quelques traits sera citée
comme exemple d'une carrière noblement et utilement remplie ! L. D. "
C'est justement cet Essai sur la langue de La Fontaine
que je propose aujourd'hui à la vente. Je n'ai trouvé nulle part cette
plaquette, dans son édition originale, chez mes confrères.
J'ai l'impression qu'un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout ! Pierre
MARTY-LAVEAUX (Charles). Essai sur la langue de La
Fontaine. Paris, J.B. Dumoulin, 1853. Une plaquette in-8 (23,5/15). Broché,
couverture bleue avec inscription manuscrite du titre et du nom du propriétaire.
[2ff titre], 56pp, [1f bl]. Rare édition originale. 85 € + port
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