Selon M. Emilio Sarrino, c'est à la "Belle Époque" que l'on voit apparaitre, pour de multiples raisons historiques, l’émergence de femmes écrivains en France et en Italie. En France les statuts des femmes s’améliorent : leur accès au lycée est garanti (loi Camille Sée, 1880). La liberté de la presse (1881) permet le développement d’une presse féminine, élément déterminant dans la consécration des femmes écrivains.
Parmi la multiplicité des publications c'est dans le
genre "roman" que triomphe la femme auteur. 30% des romans de
l’époque seront ainsi écrits par des femmes. On ne savait d'ailleurs pas, à
cette époque, s'il fallait les appeler des auteures ou des autrices… Le roman calqué
sur le modèle sentimental ou psychologique est à essences multiples
contrairement au stéréotype classique. Parmi les nombreuses publications, on voit
apparaitre des romans "d’avant-garde" aux thèmes érotiques subversifs ou à la forme inhabituelle comme le roman‑dialogue de Gyp, le
roman-populaire de Daniel Lesueur, sans oublier les écrits autobiographiques de
Marguerite Audoux ou de Judith Gauthier que j'ai déjà plusieurs fois présentée
sur le blog.
Quelques femmes poètes connaissent un certain succès,
comme Anna de Noailles et son Cœur innombrable (1901)
dont on entendra chanter les louanges chez Proust, d’autres affronteront inversement
une réception mitigée jusqu’à refuser la confrontation avec le public, comme Renée
Vivien dont l’homosexualité déclarée assurera une notoriété posthume…
Avant d’être reconnues, ces écrivaines seront parfois
marquées par une présence masculine extérieure (maris, protecteurs, etc.).
L’utilisation d’un pseudonyme souvent masculin est alors une pratique courante
comme elle l'était au siècle précédent. Plus que le manque de reconnaissance
supposée, cette habitude indiquait une coupure entre la vie privée de la femme
et son existence en tant qu’écrivain. L’autrice Rachilde signait d'ailleurs : "homme
de lettres". Selon l’amer constat de Gabrielle Reval, la nécessité pour la
femme écrivaine de cacher son identité était
alors "la meilleure preuve que la littérature ne peut être un
métier pour une femme"…
Gabrielle Réval, dont je vous propose un ouvrage
aujourd'hui, était le pseudonyme littéraire de Gabrielle Logerot. Le hasard des
successions me permet ici de vous faire découvrir un remarquable et original
cliché photographique de l'auteure que je propose également à la vente.
Elle fut l’une des premières diplômées (classe 1890) de l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres. Elle passa son agrégation en 1893 et enseigna au lycée de filles à Niort. Elle a écrit dans plusieurs journaux (notamment L’Œuvre et Le Journal) et donné des conférences dans toute l’Europe. Mais c’est comme romancière que Gabrielle Réval connut une certaine célébrité. Ses romans lui valurent une série de distinctions et notamment la Légion d’honneur. Elle a également marqué l’écriture des femmes en tant que co-fondatrice du prix "La Vie heureuse" - qui devint le "Prix Femina" - dont elle fut l’une des présidentes. Féministe d’avant-garde et femme d’une grande beauté, elle fut la compagne de Fernand Fleuret, homme écrivain de la "Belle époque" ! Pierre
REVAL(Gabrielle). La Bachelière. Paris, édition de
Mirasol, 1910. Un fort volume in-8. Broché à couverture rempliée et illustrée.
Exemplaire de tête non coupé sur papier du japon (N°2). Ex dono. Parfait état. Vendu
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