Et de vous posez la question : Comment devient-on "The Académicien" ? Un parcours semé d'embûches comme peut l'être le parcours qui mène à un Oscar… Il faut d'abord vouloir être candidat, ou consentir à l'être même si l'Académie parait résolue à accueillir l'heureux privilégié dont la candidature serait souhaitée. Il faut, c'est le premier acte, adresser une lettre de candidature qui doit être d'une "sécheresse protocolaire". Suivent et c'est le second acte, les visites aux académiciens qui sont, non pas de règle mais d'usage. Certains académiciens en dispensent les candidats ; certains candidats s'en dispensent.
Ces visites sont, pour ceux qui sont sujets à l'amour propre et la timidité, des épreuves souvent difficiles. Faut-il parler de soi ? Non, sans doute, même il faut s'y préparer ; c'est souvent le sujet que l'on maîtrise le mieux. Faut-il parler de lui à l'Académicien auquel on rend visite, de son œuvre, de l'un de ses livres, si merveilleux et tant aimé ? Ce serait trop en faire. Reste à parler du temps, du temps qu'il fait, du temps qu'il a fait, du temps qu'il fera, du temps qui passe et de la remise des Oscars à Hollywood… Après quoi, la porte refermée, monte l'anxiété. L'ai-je ratée, cette visite ? Votera t-il pour moi ? A-t-il semblé indifférent, hostile, accueillant ? "Il a ma parole, il n'aura pas ma voix" disait un confrère plein d'humour…
Vient le troisième acte : Le jour du scrutin, l'heureuse surprise ou la désolante déception. J'ai dernièrement proposé à mes collègues de s'inspirer de la remise des trophées cinématographiques de par le monde pour rendre cet événement plus vivant et de le présenter sous forme de cérémonie. Une enveloppe serait dévoilée au public alors même que les prétendants seraient assis dans l'assemblée. Des larmes, des hommages aux parents, des bafouillages improvisés... Encore une idée de génie, me direz-vous !
Élu au premier tour ? Au troisième tour ? Battu mais de peu, encouragé peut-être à se représenter ? Ou tristement battu sans pouvoir garder quelque espoir ? A moins, comme Zola, d'aimer être candidat… Hypothèse : Vous avez été élu ; vous avez fait de superbes bacchanales au Carlton entre copains ; on vous a vu sur écran géant. Voici donc le quatrième acte : La présentation au protecteur de l'Académie, aujourd'hui le Président de la République. Evidemment, pendant trois mois, vous ne saurez pas qui va vous accueillir sur le perron. Si c'est une femme (Eva Joly, par exemple), inquiétez-vous de savoir si le protocole vous autorise à lui faire la bise, à pratiquer le baisemain ou à lui donner une pogne franche et virile comme à un homme. Le directeur de l'Académie et le nouvel Académicien sont reçus ensemble par notre hôte. Le président leur parle aimablement de leurs livres en faisant semblant de les avoir lus. Un ou deux thèmes généraux sont abordés : la langue, la culture, les missions de l'état et la cérémonie de remise des épées lors des "Golden Sword" si le président a le temps d'y assister…
C'est cette cérémonie, "Les Golden Sword" que je désire habilement médiatiser pour lui donner l'éclat des plus belles soirées de gala du showbiz ! C'est aussi à cette occasion qu'arrive le moment tant attendu et tant redouté du nouvel immortel : Le "remerciement", la "harangue" ou "l'éloge" du défunt qui vous a laissé son siège. Je propose que ce discours académique réponde enfin à des critères stricts. Je ne parle même pas du temps de parole que je veux le plus bref possible. Pourquoi ne pas imaginer un discours beaucoup plus drôle comme il se pratique dans les mariages où les témoins sont invités à porter le toast inaugural de la soirée ?
La présence de caméras des télévisions du monde entier sera, sans nul doute, à l'origine de la diffusion de cette cérémonie à travers le monde entier. Ce succès planétaire atteindra les immortels. Tel académicien verra sa carrière transformée. Un film sera tourné sur sa vie ; peut-être même un film sans parole ! Impossible, me direz-vous, de faire un film muet sur Philippe Gandillet…
Votre dévoué. Le même.
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5 commentaires:
Pour Montag : Mauvaise langue, le vieil académicien chine sans l'épée...
(je sais) Pierre
Ecoutez, j'en viens et c'est finalement très surfait.
Inutile de prendre comme modèle cette statuette qui n'est qu'un bouchon de radiateur comparée à l'étincelante rapière.
Jean-Michel
Il m'avait en effet semblé, Jean-Michel, vous avoir aperçu dans le gotha mondain qui assistait à cette cérémonie. Le smoking vous va comme un gant, je doigt dire...
La rapière a une classe qui ne se dément pas, je confirme ;-)) Pierre
Pour donner un peu d'animation à cette assemblée poussiéreuse, il faudrait leur donner l'épée laser de Darth Vador ! :)
C'est vrai que d'Ormesson en habit vert pourrait faire un maitre yoda honnête.
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