jeudi 12 mai 2011

Elie Fréron : Avis au beau sexe sur l'amour et le mariage… Une belle édition en grand papier de 1784.


La célébrité personnelle s'acquiert parfois au dépend de sa propre estime. Pour nombre de personnes, Elie Fréron est surtout connu pour avoir inspiré à Voltaire l'une des épigrammes les plus méchante de la langue française.

L'autre jour au fond d'un vallon
Un serpent piqua Jean Fréron
Que pensez vous qu'il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.

Quel était l'homme qui mérita un si méchant jugement de la part du philosophe des Lumières ?


Elie Fréron débute ses études au collège de Quimper en 1720. Remarqué par ses professeurs, il bénéficie de l'appui d'un jésuite célèbre, le Père Bougeant qui parvient à le faire admettre en 1734 au collège royal Louis Le Grand à Paris où il lui enseigne l'histoire et les belles lettres. En 1736, Elie Fréron est professeur au collège jésuite de Caen. En 1738, il réintègre le collège Louis Le Grand. Trop adonné aux occupations littéraires, il néglige les règles de son ordre et demande à être relevé de ses vœux.


Il lui faut maintenant trouver un travail pour assurer son existence... L'abbé de Boismorand lui conseille d'offrir sa plume à l'abbé Desfontaines alors à la tête de la revue, appréciée mais redoutée, Observations sur quelques écrits modernes et dont l'ennemi désigné est Voltaire. Fréron reste aux côtés de Desfontaines quatre ans, le temps pour lui de faire l'apprentissage de la critique. En 1743, Les Observations sont supprimées par le Conseil d'Etat à la suite d'une attaque à l'encontre de l'Académie. Deux choix s'offrent à Elie Fréron : La critique littéraire où il excelle et la poésie pour laquelle il se passionne... Elie Fréron opte un temps pour la poésie. Il compose en 1744 une ode sur les conquêtes du Roi qui remporte un franc succès auprès du public suivi d'une ode sur la convalescence du Roi. C'est à cette époque qu'il entre en franc-maçonnerie dont il devient un propagandiste zélé. En 1745, fort de sa réussite, Fréron fait paraître une ode sur la bataille de Fontenoy qui lui vaut les faveurs des critiques face au poème de Fontenoy de Voltaire.


En 1745, il entame la publication des Lettres de la comtesse qu'il signe sous le pseudonyme de Mme la Comtesse de ***. Cette comtesse se propose d'écrire librement sa pensée sur les auteurs et les écrits de son siècle. Elle raille les auteurs, plaisante l'Académie et s'attaque à Mme de Pompadour ce qui vaut à Elie Fréron d'être emprisonné à Vincennes puis exilé avec interdiction de publier aucun écrit sans approbation. En janvier 1749, Fréron publie Les lettres sur quelques écrits de ce temps. Il s'attaque à Denys le tyran premier essai tragique de Marmontel, le protégé de Voltaire. Les hostilités entre Voltaire et Fréron sont désormais ouvertes… Par critiques interposées, les deux auteurs s'en prennent l'un à l'autre. Le 15 mars, les feuilles de Fréron sont supprimées sur ordre du chancelier d'Aguesseau, ami de Voltaire.


L'année 1754 marque la naissance de l'Année littéraire. A travers cette œuvre, Fréron examine, condamne ou préconise les idées et les projets du siècle des Lumières. Il y combat surtout les philosophes de son temps réunis principalement autour de Diderot et son Encyclopédie. Il devient le chantre des traditions littéraires et religieuses du Grand Siècle. Le succès est immédiat et l'Année littéraire devient au fil des ans une revue puissante et redoutée.

Fréron va diriger L'Année littéraire jusqu'à la fin de sa vie. Son journal lui a apporté renommée et fortune. En 1771, il publie son Histoire de l'Empire d'Allemagne en 8 volumes. Il décède en 1776. En 1784, un ouvrage posthume parait. Il le révèle tel qu'il était : Misogyne et pornographe. On dit même qu'il est mort de la goutte… Un amateur de bonne chair, donc !


L'ouvrage que je vous présente est en grand papier, vraisemblablement sur beau papier de Hollande. Ce mémorable recueil contre les femmes qu'on attribue parfois à Pétrone est rempli de passages galants que n'aurait pas renié Brassens et sa fessée... Curieux exemplaire, très grand de marges et imprimé sur papier très fort, il présente de fort belles vignettes. Il mériterait éventuellement une reliure. Pierre


FRERON. Les Deux Matrones, ou les infidélités démasquées Ouvrage posthume de Mr. Fréron. A Paris, Au temple de la vérité, 1784. 2 parties en 1 volume in-8 de [1], X -131 pp. Ouvrage broché en couverture d'attente renforcée au début du XXe siècle. Edition originale. Exemplaire sur grand papier. Une planche gravée non signée. La deuxième partie, qui possède un faux-titre et un titre propre s'intitule : Tchouang-Tse et Tien, Histoire chinoise. Bel état. Peu fréquent à la vente. Vendu

9 commentaires:

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

sympathique... tentant...

B.

Pierre a dit…

Mais le thème n'est pas porteur... Qui est encore, aujourd'hui, misogyne et phallocrate ?

Pas moi, en tout cas. Vous me connaissez ;-))

Pierre

Pierre a dit…

Ma grande sœur me fait remarquer que Fréron ne peut avoir commencé ses études en 1620 mais que j'aurais dû écrire 1720... Dont acte !

Le comité de lecture est vigilant ;-)) Pierre

calamar a dit…

miracle ! Fréron est réssuscité ! Santo Subito ! (ça apprendra à Voltaire).

Pierre a dit…

C'est inespéré ! Moi qui m'était levé de bonne heure pour refaire le billet ;-))

Un grand coup de chapeau aux informaticiens de Blogger qui ont, comme nous, géré tout cela avec calme. Bon ! Pour nous, C'était plutôt du fatalisme...

Cela m'a permis de me poser une question existentielle : Pourquoi et comment un serveur comme blogger reste gratuit ? Des employés bienfaiteurs de l'humanité ?

Si vous avez une réponse... Pierre

Nadia a dit…

Qu'est-ce qui s'est passé ? je n'ai pas suivi... votre billet avait disparu ?

Pierre a dit…

Il est arrivé à "Blogger" ce qui pourrait arriver à Filckrrrr (le site où vous présentez vos photos pour votre fan-club dont je fais partie) . Un gros plantage...

Avec la peur légitime de perdre une partie de notre travail. Pierre

Nadia a dit…

Ne roulez pas les "r" Pierre, il s'agit d'un site à consonnance américaine. Ou alors, vous l'écriviez à la texane, un peu comme si vous aviez une patate chaude dans la bouche ?

(mais que faisais-je ces derniers jours ? pourtant, j'y passe chaque soir sur votre blog).

Pierre a dit…

C'est un ouvrage destiné aux femmes, ne l'oublions pas... Pierre