lundi 2 août 2010
Causerie du lundi de Philippe Gandillet : De l'utilité d'apprendre à l'école…
Un matin du mois d'août, la maman de Lise dit : " Cet enfant a six ans passés. Elle ne se plait qu'à la maison et aux travaux des champs. Elle n'a jamais voulu apprendre une lettre. Il serait temps de la conduire à l'école…"
Grand-père qui cueille les pêches au jardin approuve maman.
" Bien sûr, nous ne voulons pas la laisser grandir comme un sauvageon et nous faire ridiculiser sur les liens sociaux. "
Mais grand-mère, pour qui Lise n'a jamais assez de caprices, dit en secouant la tête :
" Elle est encore bien jeune ! Et ce sera bien du mal pour elle ! "
Lise écoute sans rien dire. Des boucles folles voltigent sur son nez aquilin. Elle continue à sautiller, entre sa chatte Moute et Miraut le chien, qui ne la quittent presque jamais.
Mais ses yeux bruns, ses yeux de printemps, qui sourient sans cesse à la vie, perdent de leur gaieté.
L'école !... On en parlait à Lise, il y a quelques semaines. Mais une petite maladie l'a empêchée d'y aller à la rentrée avec les enfants de son age. Elle avait fini par croire, que cette année encore, elle pourrait jouer librement dans sa cour et dans son jardin pour devenir, plus tard, une adolescente insouciante courant les bals de la région, épouser à la hâte un mari alcoolique qui la battrait, lui ferait une marmaille d'enfants qui déformeraient un corps qu'elle comprimerait dans un legging élimé, pour devenir la furia des radio-parking des écoles primaires crachant son venin sur celles qui avaient fait un beau parti et rêvant des heures entières devant un écran, plat comme son encéphalogramme, à des histoires d'amour comme il n'en existe que dans les séries télévisées brésiliennes…
" Si tu ne vas pas à l'école, dit grand-père, tes oreilles vont pousser, longues, pointues, comme des oreilles d'âne. "
Lise le regarde d'un œil malin.
" Non, grand-père ! Julie, la laveuse, ne sait pas lire. Ses oreilles n'ont pas grandi. "
Maman se retourne pour sourire.
Grand-père pousse un soupir en laissant tomber ses bras. On l'entend murmurer " Quelle conne ! ".
Mots expliqués : Approuver quelqu'un, c'est juger bon ce qu'il dit. Un sauvageon est un petit arbre qui pousse sans soins. Des caprices sont des volontés brusques et peu raisonnables. Sautiller c'est faire des petits sauts agiles. Des yeux de printemps sont des yeux clairs et gais comme le ciel au printemps.
Exercice de langage : Pourquoi maman veut-elle conduire Lise à l'école ? Pourquoi Grand-père approuve-t-il maman ? Quelle menace grand-père fait-il à Lise ? Pourquoi grand-père marmonne-t-il un juron ?
Exercice écrit : Recopier 10 fois avec votre plus belle plume, la phrase – La lecture est le meilleur rempart contre la barbarie –
C'est à peine si j'ai modifié le texte… Votre dévoué. Philippe Gandillet
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11 commentaires:
Et que penser de la musique: dur dur d'être un bébé.
Merci pour ces photos de livres scolaires anciens.
J'en ai pas mal mais je vois qu'il m'en manque!...
Le lien qu'il faut recopier sous forme de "copier-coller" pour le visualiser mériterait d'être intégré dans le texte sous forme de vidéo à cliquer.
Vous savez comment il faut faire ? Pierre
Bienvenue à terecita. Les livres scolaires anciens sont un sujet de collection plein d'enseignements...
Je voulais aussi rassurer les jeunes qui liraient éventuellement ce blogue en leur avouant que , lorsque j'étais jeune, mon grand-père se désespérait déjà de la "jeunesse de maintenant" ! ;-)) Pierre
(recopiez 10 fois cette phrase)La lecture est le meilleur rempart contre la barbarie:
-la lecture d'histoires canone les pierres barbares.
-Les mots sont les canons, les idées les projectiles.
-L'oisiveté est le ciment barbare de l'inculte, et reste cependant l'outil qui permet la lecture.
-La lecture du monde civilisé est l'écriture de la non-barbarie en soi-meme.
-Reste que la barbarie de ce monde est l'une des forces la plus magistrale de l'écriture, et du désir de la lecture échappatoire.
-Lecture barbare du sauvage, mais lecture avant d'être Barbare.
-Secrets de lecture, qui permettent de lire les intentions et idées du barbare, mais le barbare lui, ne saura jamais découvrir les secrets de lecture... supériorité inestimable.
j'en laisse deux... à vos plumes!
Quand je disais que tous les jeunes n'étaient...
- Le Livre : Que d'heures soustraites à l'oisiveté, à la méchanceté et à la bêtise…
- Je situe l'arrogance au second rang dans la hiérarchie des péchés, immédiatement après le meurtre...
Il y en a d'autres. Merci Romaric. Pierre
L’autre jour, accablé dans le métro, je cherchais un réconfort dans la pensée des joies réservées à notre vie humaine. Mais il n'y en avait aucune qui me parut digne du moindre intérêt : ni le Vin, ni la Gloire ; l'Amitié ni la Mageaille ; l'Amour ni la consciende de la vertu.
Mais soudain, je pensai à la Lecture, au fin et subtil bonheur de la Lecture. C'était assez cette joie que les ans ne peuvent émousser, ce vice raffiné et impuni, cette égoïste, sereine et durable ivresse. [Logan Pearsall Smith]
René de BlC
Comme le capitaine d'un navire s'abîmant à jamais, sombre et détaché de tout, je prendrais encore un livre et lirais quelques poèmes de Lamartine avant d'accompagner mon équipage dans les profondeurs de l'océan... Philippe Gandillet
Et la tendresse bordel !
Amitiés,
Bertrand le Bibliomane moderne.
Elle est l'apanage des futurs Papa ;-))
Je rajoute une pensée apaisante : La lecture adoucit les mœurs... Pierre
Suis allé déjeuner avec des amis dont la femme est correctrice au Bac (professeur de français) C'est un montage d'acteurs mais les textes sont réalistes, selon elle ;-))
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