vendredi 30 juillet 2010

Sur les pas de la muse de Pétrarque avec Hilaire Enjoubert…


Hilaire est un prénom difficile à porter si on n'a pas de particule. Par contre, si on a une partie "tête" , on peut s'en honorer et d'autant plus si on est l'auteur de l'excellent ouvrage que je vous présente… (Entrée en matière d'une élégance rare !).


Laure, l'or de Caumont, a toujours autant d'amoureux et Hilaire Enjoubert nous entraîne ici sur les pas de nos "Roméo et Juliette" locaux. Cette jeune femme, morte à quelques jours de l'anniversaire de ses 40 ans, était la muse, et peut-être plus, de poète Petrarque au XIVeme siècle (siècle des Papes d'Avignon). Il a laissé le Canzonière, recueil de 366 poèmes consacrés à cette Laure, croisée pour la première fois à Avignon lorsqu'elle avait 18ans. Mais a-t-elle seulement existé ? C'est vrai qu'on s'emmêle un peu dans les archives de la Ville parce qu'elles étaient plusieurs à s'appeler ""Laure " dans la famille des De Sabran. Et puis, il y a un moment où peu importe la réalité, le mythe prend le dessus !


Le 6 avril 1327, alors qu’elle sortait de l’église du couvent de Sainte-Claire à Avignon, elle fut aperçue et remarquée par François Pétrarque. Dès lors, Laure aux blanches mains, devint la chaste inspiratrice du poète. Lui, qui affirmait haïr la cité papale, versifia :

Béni soit le jour et le mois et l’année,
La saison et le temps, l’heure et l’instant
Et le beau pays, le lieu où fut atteins
Par deux beaux yeux qui m’ont tout enchaîné.


Laure de Sade (1310-1348), née Laure de Sabran, fille d’Ermessande de Réal et du chevalier Audibert de Noves, muse de Pétrarque (et aïeule du Divin Marquis) épousa Hugues II de Sade, en l’église de Noves. Elle est décédée en 1348 de la peste noire et fut rapidement enterrée. Un poème de Pétrarque a été laissé près d'elle. Aujourd'hui, la réputation de la belle a franchi les frontières. Sa statue réalisée par Auguste-Louis-Marie Ottin, trône dans le jardin du Luxembourg depuis 1852 aux côtés des reines de France…

Un détail ne vous a pas échappé : Laure était mariée lorsqu'elle croisa le regard de Pétrarque. C'est pourquoi l'amour du poète resta platonique ;-)) Pierre


ENJOUBERT (Hilaire) Les Amours de François Pétrarque et de Laure de Sabran. Paris, Boivin Cie, 1948. In-8 broché, 197 p. Coll. "La Provence médiévale". 2 illustrations en couleurs de Maurice Lalau gravées sur bois par Elisabeth Lalau, dont frontispice. Exemplaire n° 220 sur vergé teinté Renage. Très bon état. 22 € + port

3 commentaires:

Textor a dit…

Pétrarque a manqué une chance de devenir un personnage romanesque. Il aurait suffit qu’il empoisonne le mari jaloux avec un poème imbibé d’arsenic et Alexandre Dumas se serait emparé de l’affaire !
On ne sait pas si Laure de Noves a vraiment existé, dites-vous. C’est curieux de remettre en cause la véracité de cet amour platonique, alors que Pétrarque a donné tant de détail sur les circonstances de la rencontre.
Dans les Lettres familières, Pétrarque écrit à Cicéron et à d’autres auteurs anciens, mais personne n’a jamais songé mettre en doute l’existence de Cicéron. (Je vous laisse méditer cette réflexion existentielle … !)

Bonne soirée
Textor

Pierre a dit…

Votre dernière remarque me jette dans les affres de la perplexité.

Si l'existence de Laure de Noves ne peut être mise en doute physiquement, c'est l'intrigue qui a rendu septiques, certains exégètes. On a connu des poètes prompts à demander l'infidélité à leur compagne pour exacerber une mélancolie propice à la création littéraire. Laure était-elle une muse, une femme idéalisée, un fantasme de poète ou simplement un super "canon" ? Là est la question.

Il est aussi vrai que quand je commence une lettre aux services fiscaux par " Mon trésor", personne ne met en doute l'existence de cette notable institution... Pierre

Pierre a dit…

Jean Pierre Lombard, généalogiste, nous indique que notre légitime appréhension sur l'identité de Laure est avérée. Sur ce site :

http://gw0.geneanet.org/andrea?lang=fr;pz=jean+pierre+joseph;nz=lombard;ocz=0;p=laure;n=de+noves

il nous indique que cette Laure là (Laure de NOVES /1278-/1337) aurait eu 49 ans quand elle sortit de l'église et enflamma la mémoire du jeune Pétrarque... Pierre