lundi 26 juillet 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Le premier audit de la librairie de Pierre...


Le mois dernier, Pierre a pris un jeune stagiaire en classe de 4eme pendant quatre jours. Je crois qu'il est très ami avec sa maman, qui elle-même est très amie avec son épouse qui est très amie avec son mari qui est un bon ami à Pierre… Il appréhende moins d'accepter, aujourd'hui, ce type de sollicitation car il a vu de nombreux gamins s'évanouir à sa clinique quand il était vétérinaire, m'a-t-il confié, et il sait les parents procéduriers !


Étienne est venu m'apporter son rapport à la boutique, ce matin. C'est à peine si j'ai corrigé quelques fautes de français. Je vous livre donc ce rapport dans sa livrée d'origine…J'aime beaucoup sa franchise ! J'ai mis quelques photographies d'un ouvrage entre les paragraphes. Il s'agit d'un recueil de textes, dans une belle reliure, propres à parfaire l'éducation d'un jeune homme comme Étienne ou de tout autre adolescent que vous voudriez rendre inadapté aux lois, us et coutumes du monde moderne…

" Avant de trouver ce stage j'avais pensée à la SNCF car j'aime beaucoup le monde ferroviaire, et à l'ONF (office national des forêts). J'ai fait plusieurs lettres de motivation mais les réponses ont été négatives. Mais à la SNCF, il y avait déjà un stagiaire et à l'ONF, ce n'est pas la bonne période pour le travail forestier. J'ai choisi ce stage car j'étais déjà allé dans cette librairie. Je n'ai pas le projet d'être libraire mais j'ai choisi ce stage car j'adore l'histoire et je ne connais pas ce métier.


PREMIER POINT.

1) Il s'agit d'une librairie ancienne de livres anciens.(statut: commercial et privé)

2) M.Brillard, ancien Vétérinaire, a crée cette boutique il y a un an car il en rêvait depuis longtemps. C'est un bibliophile (Amateur de livres rares et précieux). Son objectif est de rechercher, d'acheter et de restaurer des livres anciens puis de les vendre.

3 Il ne reçoit aucune subvention et loue son local.

4) M.Brillard travaille seul dans une librairie qui contient plus de 3000 ouvrages sans compter son stock.


DEUXIÈME POINT.

1) Je l'ai observé manipuler et restaurer les livres avec un soins particuliers. Et il m'a dit : Pour restaurer des livres, c'est comme en chirurgie, on refait toujours les mêmes gestes. J'ai pu observer aussi sa façon de recevoir les clients et de vendre ses livres.

2) J'ai enlevé la poussière des étagères, aidé à ranger et à remettre les livres en places
(ex :caisson à ranger dehors, livres à transporter.).Il m'a demandé de lire un livre de la collection ¨Signe de piste¨et de lui donner mon avis.

3) Journée type: M.Brillard va sur son blog pour présenter un ouvrage et surtout pour se faire connaître. Aujourd'hui c'est un livre d'illustration de Norman Rockwell. Il a écrit un texte, pris des photos de l'ouvrage. Les photos et le texte sont mis sur le site. Plus tard, il reçoit des livres, les restaure et cherche leurs prix sur des sites spéciaux. Il met le prix le plus serré possible pour attirer la clientèle. L'après-midi, j'ai le temps d'observer la librairie. A chaque rayon un thème (Littérature XX°siècle Anne Franck, Aragon.). Dans sa boutique il y a aussi des objets (miroir, figurines, globes terrestres...). Pendant la journée quelques clients viennent (un médecin allemand, un bibliophile de Nîmes et surtout des touristes.


TROISIÈME POINT.

1) Les points positifs : J'ai bien aimé les livres exposés car tout d'abord ils sont beaux, bien présentés mais aussi car il font partie de l'histoire. J'aime aussi les discussions avec les clients.

2) Les points négatifs : Il faut être patient car il y a très peu de client. Je pense ne pas avoir gêné M.Brillard dans son travail et je l'ai d'ailleurs bien aidé.

3) M.Brillard est très gentil et a beaucoup d'humour et j'ai aimé les livres d'histoires.
Ce que j'ai appris. Pour être libraire, il faut être cultivé et aimer le commerce et je ne savais pas que beaucoup de gens s'intéressaient aux livres anciens et qu'on pouvait en faire un commerce.


CONCLUSION.

Il n'existe pas de diplôme pour ouvrir une librairie de livres anciens et c'est pour moi la découverte d'un métier que je ne connaissais pas. J'ai pu rencontrer des personnes passionnées d'histoire. J'ai trouvé ce stage agréable et je pourrai bien le faire encore une fois. Étienne

Merci Étienne pour ce billet clairvoyant. Nul doute que Pierre en tirera des conséquences judicieuses pour sa librairie ancienne. Philippe Gandillet


OLIVAINT (R.P.). Aux jeunes gens : Conseils du R.P.OLIVAINT recueillis par le P.CH.Clair de la compagnie de Jésus. Seizième édition. Paris, Lefort éditeur, 433pp. Reliure demi maroquin havane à coin. Contre plat et page de garde en papier coloré. Tranche supérieure dorée. Parfait état. Les photographies imparfaites que je fais laissent penser à des plages plus foncées sur le papier alors qu'il s'agit d'ombre portée ! Vignettes et cul de lampe. 38 € + port

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Le povre ne reçoit même pas de subsides ! C'est un scaindale.

René

Jeanmichel a dit…

Ce jeune homme qui a été envoyé chez Plumeau pour épousseter les étagères a d'emblée noté l'importance de la position d'un adjectif par rapport au déterminant qu'il module : une librairie ancienne n'est pas une ancienne librairie.
Mais ce "Pour être libraire il faut aimer le commerce" n'est-il pas un peu réducteur ? Et son appréciation "Il y a très peu de clients" n'est-elle pas un peu faussée à l'aune des grands magasins modernes où si on n'y fait pas la queue en caisse c'est qu'il n'y a personne ?

Je suis heureux de constater qu'il n'y a pas que chez moi que les stagiaires tombent dans les pommes ; Néanmoins, même dans une librairie à l'ambiance feutrée, le maître de stage n'est pas à l'abri d'avoir à observer un syndrome de Stendhal chez un jeune homme ou une jeune fille précocément sensible.

Pierre a dit…

René, Étienne a été payé en livres sonnants et trébuchants ! C'est syndical.
Un beau geste : Un bibliophile lui a donné 5 € pour se faire une cagnotte afin de privilégier les éditions anciennes... Quelle classe ! Pierre

Pierre a dit…

@ Jean-Michel : Il y avait, en effet, une petite vexation à constater que les stagiaires remarquent qu'il n'y a pas beaucoup de clients ;-))

Je ne suis pas susceptible mais mon honneur a été touché. A la décharge d'Étienne, c'est la vérité ! Tu as très finement noté que la perception de la chalandise chez des ados (dont beaucoup passent leur samedi avec leurs parents dans des galeries commerciales) n'est pas la même qu'il y a quelques années. Ils confondent les badauds et les clients, en fait. Et c'est vrai que mon commerce se nourrit mieux de trois clients que de 100 badauds... Pierre

Anonyme a dit…

Le povre que je désignais était le libraire, pas le stagiaire qui a été rétribué en nature.

Quant aux clients, les vrais sont en effet peu nombreux et les badauds sont légions. On peut reconnaître un vrai client au fait qu'il ne regarde pas l'étalage mais pénètre d'office dans le sanctuaire pour interroger le libraire.

René

Pierre a dit…

J'ai eu quelques stagiaires qui sont tombés dans les pommes mais mon meilleur souvenir est un jeune vétérinaire français, ayant fait ses études en Belgique, et à qui je laissais les manivelles pendant une ovariectomie de chienne et qui s'est évanoui entre les deux ovaires. Un mec très sympa maintenant installé à Bordeaux. Quelle rigolade ! Pierre

Pierre a dit…

Je ne reconnais pas encore bien le bibliophile de l'amateur mais je me défie plus que jamais du régionaliste qui arrive en disant qu'il a déjà tout. Soit c'est vrai et je n'ai donc rien à lui proposer soit c'est faux et s'il n'a jamais acheté, ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer...

J'ai une affection particulière pour l'avare, souvent cultivé, qui attend les successions familiales pour enrichir sa bibliothèque. Ce n'est pas un badaud ! Si ce n'était son petit travers, il est intéressant (mais chronophage). Je me demande comment les libraires m'appréhendaient dans le passé... Pierre