jeudi 14 août 2014

Remarques sur les mots français dérivés de l'Arabe par l'Abbé Henri Lammens.


On estime que la langue française compte quelque trois cents mots provenant de l'arabe, contre une centaine du gaulois ! Ces mots concernent essentiellement l'équitation, l'astronomie, la botanique, les vêtements et la cuisine : du français usuel, donc. Si le fonds lexical du français est issu du latin, nombreux sont les emprunts à des langues étrangères, et à toutes les époques : reflet des échanges entre civilisations, par lesquels chacune s'enrichit au contact de l'autre.


En fait, la langue française s’est enrichie de mots arabes en deux vagues : au Moyen-âge et à l'époque coloniale ; la domination coloniale de la France en Algérie (1830-1962) a sans aucun doute joué aussi un rôle d'amplificateur dans la diffusion de ces termes en français. Cette deuxième source d'inspiration se retrouve, cependant, essentiellement dans la langue populaire et l'argot.


Parmi ces mots, on peut distinguer grossièrement deux grandes catégories : ceux que l'on associe spontanément au monde arabe - ayatollah, couscous, ramadan, vizir - et ceux qui désignent des choses qui ne sont plus ressenties comme étrangères - aubergine, matelas, tasse.


Mais ne croyez pas que cet apport se soit uniquement concentré sur la langue française : la langue arabe a cheminé un peu partout sur les continents africain, asiatique et européen. Elle a donné des mots charmants, des mots vivants, des mots qui permettent le voyage et l'aventure à travers une langue qui évolue dans une interaction constante avec le monde… Bon ! En ce moment, on souhaiterait que certaines interactions soient plus pacifiques, c'est vrai !


Je vous propose aujourd'hui à la vente un ouvrage du 19eme siècle, en édition originale, qui aborde le sujet de façon remarquable. Il est l'œuvre du Père Henri Lammens, S. J. (Société des Jésuites), né en 1862 à Gand et mort en 1937 à Beyrouth. Historien de l'Islam, il passa sa vie au Liban. Comme Fénelon au 17eme siècle, il dira :  " Qu'importe qu'un mot soit né dans notre pays, ou qu'il nous vienne d'un pays étranger ? La jalousie serait puérile, quand il ne s'agit que de la manière de mouvoir ses lèvres, et de frapper l'air. D'ailleurs nous n'avons rien à ménager sur ce faux point d'honneur. Notre langue n'est qu'un mélange de grec, de latin, et de tudesque, avec quelques restes confus de gaulois. Puisque nous ne vivons que sur ces emprunts, qui sont devenus notre fonds propre, pourquoi aurions-nous une mauvaise honte sur la liberté d'emprunter, par laquelle nous pouvons achever de nous enrichir ? Prenons de tous côtés tout ce qu'il nous faut pour rendre notre langue plus claire, plus précise, plus courte, et plus harmonieuse, toute circonlocution affaiblit le discours. "


Cet ouvrage est absolument introuvable chez mes confrères. L'inexorable loi de l'offre et de la demande - je la subis à mon corps défendant - devrait me conduire à en proposer un prix prohibitif susceptible de m'offrir des vacances paradisiaques près d'un lagon du pacifique, bercé par le chant mélodieux de quelques vahinés lascives prenant leur "Tahiti-douche" sous la fraiche cascade d'une eau parfumée pendant que je sirote un cocktail fruité porté par un serveur en livrée d'époque… Mais comme je vais dans le Jura, cette année, le tarif restera raisonnable ! Pierre


LAMMENS (Henri). Remarques sur les mots français dérivés de l'Arabe. Beyrouth, imprimerie catholique, 1890. Un volume in-8. Reliure demi percale bleu roi, dos lisse titre en lettres dorées, tranches mouchetées. LII, 314pp. Quelques rousseurs. Très bon état. 85 € + port

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Petite rectification : s.j. ne signifie pas "Société des jésuites" mais "Société de Jesus", il est vrai cependant qu'on les nomme "jésuites".

Pierre a dit…

C'est bien noté, merci. J'ai, sans doute, été induit en erreur par le fait que l'on écrive souvent " compagnie de Jésus " pour qualifier les jésuites. Pierre